Cité dans l’enquête dite de « la disparition du journaliste Birama Touré » depuis 2016, Interpol Mali a émit le lundi dernier, un mandat d’arrêt international à l’encontre de Karim Keita, un des fils de l’ancien-Président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta.
Selon un responsable du bureau de représentation d’Interpol au Mali qui a requit l’anonymat, la « notice rouge » d’Interpol a été diffusée à la demande d’un juge d’instruction du tribunal de grande instance de la commune IV de Bamako. L’information a été confirmée à l’AFP par un responsable du bureau de représentation d’Interpol au Mali ayant également requis l’anonymat.
Un dossier compromettant
Journaliste malien âgé d’une cinquantaine d’années, Birama Touré, qui travaillait pour l’hebdomadaire malien ‘’Le Sphinx’’ jusqu’à quelques mois avant sa disparition, n’a plus été vu depuis le 29 janvier 2016, selon sa famille et le directeur de publication dudit journal, Adama Dramé. Ces derniers disent craindre qu’il ait été enlevé, torturé et tué après plusieurs mois de détention. Le directeur du Sphinx avait affirmé en 2018 que son ex-reporter avait auparavant approché Karim Keïta à propos d’un dossier qu’il présentait comme compromettant pour le fils du président.
Estimant avoir été diffamé par le Sphinx, Karim Keïta, qui a toujours fermement démenti toute implication dans la disparition de Birima, avait porté plainte en 2019 pour diffamation contre le Directeur de publication du Sphinx et contre un journaliste d’une radio privée de Bamako qui lui avait ouvert son antenne. Toutefois, cette plainte avait été jugée irrecevable pour des questions de forme par la justice malienne. Du coup, le directeur du Sphinx, craignant pour sa sécurité, a pour sa part trouvé refuge en France. Et jusque-là, il y réside.
Considéré par de nombreux Maliens comme personnifiant la corruption du régime d’Ibrahim Boubacar Keïta, Karim Keïta avait échappé à l’arrestation après la prise de pouvoir par les officiers dirigés par le colonel Assimi Goïta, le 18 août 2020. Il était réapparu quelques jours plus tard en Côte d’Ivoire. Mais depuis l’émission le lundi dernier, d’un mandat d’arrêt international à son encontre par Interpol Mali, dans l’enquête de disparition du journaliste Birama Touré, Karim Keita, le fils de l’ancien Président du Mali est désormais sur des braises. Mais il appartient à la justice malienne de dire dans cette affaire de disparition, la vérité rien que la vérité. « Selon que vous soyez puissant ou misérable, les jugements des cours vous rendront blanc ou noir », a dit Jean de la Fontaine.
Youssouf Konaré
