Mamadou Ismaila Konaté: « Je suis l’avocat des juges, mais pas complaisant avec les juges… »

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La justice malienne est une grande malade. Le juge malien a mal à la peau, au corps et à la tête, selon le ministre de la justice, des droits de l’homme et Garde des Sceaux, Mamadou Ismaël Konaté. Pour diagnostiquer le mal, le nouveau ministre de la justice initie une démarche inclusive : le dialogue national pour une justice de qualité. A travers cette rencontre avec les juges, les syndicats des magistrats et des greffiers, le barreau, les forces de sécurité, les partenaires, les justiciables, et toutes les parties concernées, le département de la justice entend circonscrire et éradiquer les maux dont souffrent la justice malienne, en prescrivant des remèdes efficaces.

Le nouveau ministre en prenant fonction trouve sur son bureau le préavis de grève venant de deux syndicats différents de la magistrature : le syndicat autonome de la magistrature (SAM) et le syndicat libre de la magistrature (Sylima) associés aux greffiers. Prenant connaissance des différentes revendications, le ministre comprend que les défis se situent à la fois au niveau de la justice mais aussi des acteurs de la justice auxquels il associe les justiciables qui ont une part de responsabilité au pourrissement de cette justice.

Tout le monde parle de la mauvaise administration de la justice et des juges corrompus, mais le juge reste au début et à la fin de ce processus, avise le ministre de la justice, des droits de l’homme, Garde des Sceaux, Mamadou Ismaël Konaté. Il y a des juges corrompus certes, mais c’est le fait des justiciables corrupteurs. « Mettons-nous d’abord en cause. Avez-vous jamais vu une justice corrompue sans corrupteur ? », interroge-t-il. Il a indiqué que c’est avec les juges qu’il faut traiter la question, pas sans eux.  « Si les juges sont pourris, je suis obligé d’aller avec eux, je suis l’avocat des juges », poursuit-il, ajoutant qu’on ne peut pas radier les 256 juges du pays. « La situation du juge est dramatique, le juge a mal à sa peau, dans son corps et dans sa tête », consent le ministre. Le cadre, l’environnement du juge doit donc être pris en compte dans la recherche d’une solution aux problèmes que connait la justice.

A travers leurs revendications matérialisées dans leurs préavis de grève, les juges ont demandé à être bien dans leur peau, dans leur corps, et dans leur tête, mais « ils ont extrêmement demandé », selon le ministre. Cependant, le ministre s’indigne devant certaines revendications des syndicats des juges, quand ils demandent un indice de base qui équivaut à celui d’un sous-lieutenant de l’armée. Trouvez-vous cela normal ? s’interroge le ministre. En plus, les juges ont demandé des primes et des indemnités. Tout en soulignant que dans l’exercice de ses fonctions, la sécurité du juge est menacée, le ministre note cependant que le juge est mal loti, mal nourri… « Je suis l’avocat des juges, mais pas complaisant avec les juges », précise le ministre.

« La prison, un mouroir »

A cet effet, le ministre a rencontré lundi dernier, le syndicat autonome de la magistrature, le syndicat libre des magistrats, les greffiers et les surveillants de prison, en prélude au grand dialogue national de la famille judiciaire devant se tenir dans quelques jours. Il a également rencontré le barreau, la direction générale de la police et d’autres acteurs.

Au cours de sa conférence de presse, le ministre n’a pas passé sous silence les conditions carcérales, « la prison n’est pas descriptible, c’est un mouroir », assène-t-il. Un plan de désengorgement des prisons est à l’œuvre. Déjà 111 détenus ont été transférés à l’intérieur. Ce mercredi, 500 détenus le seront également. L’objectif visé est de ramener la population carcérale de Bamako à 800. En plus, l’administration pénitentiaire ne dispose pas de véhicule pour assurer un transport décent, dans le respect de la dignité humaine, des détenus entre les prisons et les tribunaux.

Après avoir fait l’état des lieux, les conditions déplorables des juges et le malaise de la justice malienne, le ministre de la justice, des droits de l’homme et garde des Sceaux, Mamadou Ismaël Konaté s’est engagé à trouver une solution idoine aux maux dont elle souffre. Mais dans un cadre de dialogue national pour une justice de qualité. A partir de cet instant, je n’aurai plus de pitié pour un juge qui encaisse, il sera traduit devant le conseil, assène le ministre.

B. Daou

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18 COMMENTAIRES

  1. La justice malienne est pourrie et je me demande même à quoi elle sert néanmoins je ne suis pas du tout d’accord qu’un état normal puisse consacrer seulement moins 1% de son budget à ce secteur si important voire vital.S’il s’agit d’étoffer les tribunaux en recrutant des jeunes juges ou en investissant davantage dans les locaux les matériels la logistique etc la requête des grévistes peut être recevable.S’il s’agit d’améliorer le traitement des salaires et autres avantages financiers les magistrats font fausse route.Ils sont les mieux payés du Mali pour être les pourris de l’administration publique.La moitié du salaire des magistrats est un peu inférieure au salaire mensuel des médecins,vétérinaires,pharmaciens architectes avec leur DEA.

  2. Les magistrats maliens sont mieux pays que tout autre corps d’agents publics. Je crois que cela doit être une raison pour pousser le syndicat autonome de la magistrature à abandonner cette lutte. Surtout que le pays traverse une crise multidimensionnelle sans précédent qui ne profite à rien de bon. Le développement de notre pays n’est possible qu’après le retour de la paix. La guerre coûte cher à un pays surtout pauvre jusqu’au dernier degré comme le Mali.

  3. Si le budget de notre pays était en mesure d’offrir de telles conditions aux magistrats cela allait être une chose déjà faite. Conscient de ce que ces magistrats peuvent faire pour cette nation et pour la justice qui est le plus grand pouvoir d’un Etat de droit, je crois que nos finances ne sont pas en mesures de prendre de telles charges.

  4. Le SAM est en train de faire des revendications démesurées. Les doléances qu’il demande sont trop pour notre budget. Les magistrats doivent connaître que le Mali n’est pas un pays capable financièrement à offrir de telles sommes d’argents au nom des primes. Le Sénégal est deux fois plus riche que le Mali. Cela à cause de la crise qui secoue cette nation depuis 2012.

  5. Souvent il faut tenir compte de certaines choses pour pouvoir revendiquer certaines choses dans un pays qui est dans une situation de budget déficitaire. Notre pays est pauvre, s’il nous faut accorder tout cela aux magistrats, les autres fonctionnaires ou agents publics auront quoi ? J’invite le syndicat autonome de la magistrature à la modération et à la patience. Une telle lutte n’est pas digne du corps qu’il représente. Un magistrat ne doit pas être un malfrat.

  6. Ce n’est pas du jour au lendemain que les conditions d’un corps de fonctionnaires de l’Etat ou autre peuvent passer d’un niveau bas à un niveau supérieur. Il faut franchir des étapes. Les doléances sont fondées mais elles ne sont pas recevables en cette période de crise dans laquelle se trouve le Mali.

  7. Je n’en veux pas au syndicat autonome de la magistrature pour ces revendications. Je pense que ces gens sont en train de pousser le pays vers sa fin. L’état dans lequel notre pays se trouve avec un budget, au début, déficitaire et actuellement égalitaire, je crois que les revendications des magistrats sont irrecevables. Ils sont invités à la patience. De la manière dont IBK s’est battu aux côtés d’AOK, pour faire de ces gens ce qu’ils sont aujourd’hui, il travaillera pour faire d’eux ce qu’ils être.

  8. C’est grâce à l’implication d’Ibrahim Boubacar Keïta, lors premier ministre sous Alpha Oumar Konaré, que ce dernier a pu faire une augmentation très considérable des salaires et primes des magistrats. IBK n’est pas du genre à ne vouloir rien faire pour changer la vie des magistrats qui doivent être des incorruptibles pour le bon fonctionnement de la justice et pour offrir une vraie justice aux citoyens maliens.

  9. Cette gréve me fait mal au cœur
    Il ya des corporations qui ont fait des études dépassant plus de 4 ans ceux des juges
    et qui à la date d’aujourd’hui ne touchent pas la moitié de ceux que touchent ces juges
    D’ailleurs je ne vois même pas leur importance
    La police ou la gendarmerie peuvent bien trancher

  10. Cher journaliste de vous demande de ne pas comparer le combat et l’intention des magistrats à ceux du bloc d’intervention patriotique pour la réunification entière du Mali. Le Syndicat Autonome de la Magistrature (SAM) est dans son droit de faire de telles doléances. Mais je crois aussi que le moment n’est pas propice pour qui que ce soit dans cette nation de revendiquer quoi que ce soit. On doit se tourner vers la seule résolution de la crise de 2012.

  11. Le syndicat autonome de la magistrature est en train de faire des doléances prématurées. Les syndicalistes de la magistrature savent bien plus que tout autre citoyen que les finances de notre pays sont déficitaires. Les dépenses sont supérieures aux recettes, dans notre pays.

  12. Mr le ministre, je ne vous suis quand vous dites que les juges sont corrompus du fait des corrupteurs que sont les justiciables. Que voulez-vous qu’un pauvre justiciable fasse? A part corrompre un juge pour s’arracher des griffes de ce dernier. Souvent on malmène des gens à cause des dossiers vides et mal fiscélés juste pour les soutirer de l’argent en échange de leur élargissement. Comme vous le savez rien ne vaut sa liberté.

  13. Le ministre Mamadou Ismaila Konaté ne doit pas être complaisant avec ces magistrats corrompus qui veulent qu'on leur accorde des privilèges qui ne pourront être supportés par notre trésorerie.

    Il faut leur dire clairement que l'Etat malien ne peut pas faire face à leur revendications maximalistes et s'ils persistent il faudra prendre des mesures contres ces magistrats égocentriques.

  14. « Si les juges sont pourris, je suis obligé d’aller avec eux, je suis l’avocat des juges »,
    S’il vous plait, M le Ministre: nous ne sommes plus au pretoire: agissez et on n’appreciera. La redevabilite, les juges connaissent: quand on revendique il faut etre ausi exemplaire dans son comportement!!!!

  15. Bonne chance dans cet exercice périlleux……….. En suivant cette démarche, le ministre doit garder à l’esprit que lorsqu’il redeviendra simple avocat, les juges n’auront aucune pitié pour lui…… Espérons qu’il tienne longtemps car avec IBK, les ministres ont une durée de vie de 6 mois.

    • Bien vu Lastus, tous les avocats qui ont passé à la tête de ce département avant petit cousin, ont signé l’arrêt de mort de leur cabinet.
      il a déjà mis de l’eau dans son vin,la violence verbale juste après sa nomination s’estompe petit à petit,il y a intérêt.
      Je suis entrain de faire la statistique de ses procès gagnés avant d’être ministre et on verra après son départ.
      Cousin,je te demande d’aller doucement, pas de violence verbale,pas de règlement de compte, toi aussi reste juste.
      A bientôt.

      • Je suis d’avis avec vous. d’autre part, je trouve le Ministre…trop present sur la toile pour des “activites” qui ne concernent pas sa charge de Ministre!

      • Ces juges auraient-ils la rancune tenace ?
        Pensez-vous que ces juges ”rancuniers” ont les qualités nécessaires pour occuper leur fonction ?
        Les juges doivent s’efforcer de demeurer parfaitement intègres dans leur vie professionnelle et être en mesure de rendre des décisions éclairées .
        Point de chantage svp !

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