La justice malienne a placé en détention à Bamako un chef de parti, un journaliste et un activiste pour “injures”, “diffusion d’injures” et “menaces” à l’encontre du Premier ministre de transition Choguel Kokalla Maïga, a-t-on appris mardi de source judiciaire et auprès de leurs avocats.
Oumar Mariko, président du parti Solidarité africaine pour la démocratie et l’indépendance (Sadi), Bakary Camara, journaliste-animateur à la radio Kayira (privée) et Boubacar Soumaoro, un jeune activiste, étaient en garde à vue depuis “48 heures” dans une gendarmerie de Bamako, ont indiqué leurs avocats mardi dans un communiqué.
Ils sont poursuivis pour “injures commises par le biais d’un système d’information et de communication, violation du secret de la communication et diffusion d’injures et menaces”, selon ce communiqué.
Ils ont “fait l’objet d’un mandat de dépôt” et doivent être jugés le 15 février. Il est reproché à M. Mariko d’avoir, lors d’une conversation avec le journaliste-animateur Camara sur la messagerie Whatsapp, proféré des “injures” contre le Premier ministre Maïga.
“Cet enregistrement a été ensuite diffusé sur les réseaux sociaux par MM. Camara et Soumaoro”, a affirmé mardi à l’AFP une source au parquet de la commune IV de Bamako. Leurs avocats “contestent le bien fondé et la légalité” de leur placement en détention. Ils entendent protester “contre l’ensemble de la procédure qui viole les règles de droit, les libertés et le caractère privé et confidentiel des échanges mis en cause”, selon leur communiqué.
M. Mariko, une figure de la vie politique malienne, dirige le Sadi, une petite formation, non représentée au gouvernement et au Conseil national de transition (CNT), l’organe législatif de la junte au pouvoir au Mali.
Le Sadi a annoncé sa participation aux assises nationales prévues du 27 au 30 décembre par la junte qui a décidé de les organiser comme préalable avant de fixer la date des élections.
Bamako a récemment notifié à la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) que le Mali serait dans l’incapacité d’organiser ces élections d’ici février 2022, évoquant notamment l’insécurité criante dans les régions.
Le Mali est le théâtre depuis 2012 d’un conflit lancinant avec des attaques répétées de groupes jihadistes affiliés à Al-Qaïda et à l’organisation Etat islamique, doublées de violences contre les civils perpétrées par des groupes armés, certains autoproclamés d’autodéfense. Les forces régulières sont également fréquemment accusées d’exactions