Tandis que les magistrats maliens reprennent le chemin des tribunaux depuis lundi 13 février, les enseignants du nord du pays ont eux entamé un mouvement de grève le même jour, pour réclamer des primes de risque face au terrorisme islamiste et au banditisme.
Le mouvement de grève des enseignants du nord du Mali concerne les régions de Gao, Tombouctou, Kidal, Ménaka et Taoudeni. Ce n’est pas le premier, puisqu’ils avaient déjà cessé le travail lors de la rentrée scolaire et lors des examens le mois dernier.
Ce nouveau mouvement de grève illimité porte les mêmes revendications : l’intégration d’enseignants contractuels dans la fonction publique, l’indemnisation des enseignants restés dans le Nord pendant l’occupation djihadiste en 2012, et surtout l’augmentation de la prime de zone, spécifique aux régions du Nord, actuellement fixée à 15 000 FCFA.
« Cette année, compte tenu de l’évolution de la situation sécuritaire, on demande 150 000 francs CFA, revendique Mohamed Ag Issa, porte-parole du Collectif des syndicats de l’éducation des régions du Nord. Quand même nous sommes des représentants de l’Etat, … aujourd’hui malheureusement, il y a des services [de l’Etat] qui ne sont pas rentrés, parce qu’il y a de l’insécurité ! En ville, il n’y a de sécurité nulle part, mais nous pensons aussi aux zones de brousse. Nous sommes des laissés pour compte »
De source académique, le mouvement de grève est plutôt bien suivi. Au ministère de l’Education, on rappelle que des discussions ont été engagées et que des concessions ont déjà été faites, notamment en termes d’évolution de carrière. Et qu’il appartient dorénavant aux autorités régionales décentralisées de régler le problème.
Reprise dans les tribunaux
Après un mois de grève qui a totalement paralysé l’appareil judiciaire malien, les magistrats ont obtenu satisfaction et décidé de reprendre le travail lundi 13 février. Mais il n’y a réellement eu début de reprise que le lendemain.
Il y avait foule mardi 14 février dans la salle d’accueil du tribunal de la commune 5 de Bamako, comme cette dame venue chercher un acte de mariage, sourire aux lèvres, contente que la grève soit enfin terminée.
A côté d’elle, une étudiante. Depuis un mois, à cause de la grève, impossible pour elle d’obtenir un document important pour constituer un dossier pour le concours de la fonction publique. Aujourd’hui, elle est satisfaite : « Je suis venue chercher mon certificat de nationalité et j’ai trouvé ce que je voulais ».
A l’étage du bâtiment qui abrite le tribunal, le procureur de la République Souleymane Doumbia explique à RFI comment il envisage la reprise des audiences : « On doit se réunir peut-être d’ici la fin de la journée de [ce mardi] pour voir comment reprendre maintenant le rôle des audiences, surtout le cas de ceux qui sont en détention. Nous comptons organiser des audiences extraordinaires pour statuer rapidement sur ces cas-là ».
Il faut sûrement encore plusieurs jours pour relancer ici véritablement la machine judiciaire, après un mois de grève.
Par RFI Publié le 15-02-2017