Liberté provisoire pour Amadou Haya Sanogo et ses co-accusés : Quand les raisons politiques prennent le dessus sur la justice

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C’est sans grande surprise que la Chambre d’accusation de la Cour d’Appel de Bamako a pris la décision d’accorder la liberté provisoire à Amadou Haya Sanogo et ses co-accusés, le mardi 28 janvier 2020. Par cette décision, d’une très grande portée, le régime vient de donner sa caution à l’impunité. Et pour en arriver là, comme le régime sait bien le faire, il a procédé à un sondage d’opinion depuis plus d’un mois, avant de faire un lavage de cerveau aux parents de victimes en leur faisant miroiter l’espoir d’une indemnisation faramineuse. Les experts en droit et en géopolitique, s’accordent à dire que  le grand retard accusé dans la tenue du procès et surtout  la libération du Général et compagnons d’infortunes, sont les preuves de l’immixtion du politique dans  le champ de la justice. Et même si le procès avait eu lieu, le droit allait être malmené. Pourquoi une telle ingérence du politique dans les  affaires intérieures de la justice ? De quoi le régime a-t-il peur si le procès avait eu lieu ? A quand la tenue du procès Amadou  Haya Sanogo et compagnie ? La libération de Sanogo n’est-elle pas un désaveu cinglant pour l’ancien Premier ministre Soumeylou Boubèye Maiga ?

Nombreux étaient les observateurs qui ont affirmé  que le droit a été dit, après avoir accordé la liberté provisoire à Amadou Haya Sanogo, mais tout aussi nombreux étaient  ceux qui  s’indignaient  de n’avoir pas su la vérité sur les gravissimes crimes commis. D’où leur légitime interrogation à quand le procès dans l’affaire dite des bérets rouges ? La réponse est certainement envoyée aux calendes grecques et le gouvernement semble déterminé à vider ce dossier judiciaire  aux ramifications politiques, à l’amiable. Le régime a fait ce choix parce que craignant un déballage sur la place publique de tous les secrets liés à cette rocambolesque affaire. Surtout que les informations en provenance des accusés faisaient état d’un empressement de la part des détenus pour livrer leurs versions des faits qui leur sont reprochés. Pris de panique, le gouvernement a pris le devant en refusant d’accepter la démission du Ministre de la Défense et des anciens combattants, chef d’Etat-major Général des Armées au moment des faits et en outrepassant son pouvoir exécutif en allant s’immiscer dans le domaine de la justice, quand il a pris  la décision de  reporter la tenue dudit procès. Qu’est ce qui pourrait expliquer le retard accusé dans la tenue du procès et  qui a conduit à la libération des accusés ? Trois raisons semblent attirées notre attention

La première raison est d’ordre politique

Si ce procès avait eu lieu, il était à parier que les présumés coupables que sont Amadou Haya Sanogo et ses 12 compagnons d’infortunes, allaient faire des révélations très compromettantes sur certaines hautes autorités de la République. Qui ne savait pas les liens très  étroits  entre la junte militaire de Kati dirigée par le capitaine Haya Sanogo et certains caciques du régime actuel ? A commencer par le Président de la République lui-même, ensuite certains de ses ministres. Le risque était trop grand  comme en témoigne cette affirmation de  Haya, qui aurait laissé entendre qu’il a été trahi par le régime IBK pour l’avènement duquel au pouvoir il a joué le premier rôle, donc le procès était une aubaine pour que l’opinion le sache. Donc, le régime redoute un déballage total au cours de ce procès. Mieux encore, Amadou Haya Sanogo, sachant bien que les faits reprochés sont non seulement irréfutables, mais aussi et surtout,sont passibles de lourdes peines, alors  pour ne pas croupir seul en prison, il était prêt à faire des révélations, allant deses rencontres nocturnes  avec des hommes politiques, en passant par des promesses électoralistes prises par ces derniers  en contre partie de son soutien pour la victoire aux élections, jusqu’à sa protection contre une éventuelle poursuite judiciaire. Amadou Haya Sanogo semble même décidé à pointer un doigt accusateur sur  des complices parmi les tenants actuels du pouvoir et même sur certains acteurs politiques sous la transition.

La deuxième raison de leur  libération, toujours politique, pourrait être une revanche contre l’ex PM SBM

IBK, en froid avec son ex Premier ministre SoumeylouBoubèyeMaiga, et ce dernier étant le principal artisan de l’arrestation du Général Amadou Haya Sanogo,  ainsi pour se venger de SBM  et se faire bonne conscience vis-à-vis de Haya,  a décidé de le libérer. Le Président de la République a certainement dû oublier que le temps n’absoudra jamais un crime et que les faits à eux reprochés sont tellement têtus, qu’ils répondront tôt au tard de leurs crimes.

La troisième raison pourrait être juridique

Tous les adeptes du droit sont unanimes à dire que si Haya et compagnie, ayant illégalement fait plus de six ans en prison, soit le double de leur délai de détention préventive, ne pourraient pas être  jugés, alors qu’on les relaxe, ne serait-ce que provisoirement avant la tenue probable de leur procès.Cette raison tient débout au regard du droit, même si elle n’est que la face visible de l’iceberg.

En définitive, Amadou Haya Sanogo et co-accusés savourent leur liberté depuis le mardi 28 janvier 2020 en attendant leur probable procès.

Youssouf Sissoko

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2 COMMENTAIRES

  1. Mr le journaliste la raison juridique que vous évoquez venant d observateurs à mon avis ne tient pas dans la mesure où même si la détention préventive a dépassé le délai, elle ne saurait être invoquée pour ces crimes graves et atroces dont le peuple malien même a été témoin et pour lesquels leurs auteurs encourent la prison à vie.Et dans ce cas, le Procureur Général peut, en raisons de la gravité des faits, s OPPOSER à la mise en liberté du capitaine SANOGO et ses co accusés c est pourquoi ces observateurs doivent comprendre qu une éventuelle opposition du Parquet Général est aussi prévue par notre code Pénal D ailleurs s agissant du délai de détention ” abusive” décrié par certains observateurs et même les Avocats des deux parties, selon le bon droit , il n est plus envisageable en raison de l extreme gravite des faits et du fait que l affaire a été deja inscrite au rôle Pour moi il y a eu simplement un arrangement dans cette tragique affaire et que le droit n a pas été dit à ce niveau de la procédure

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