« Mon mari a perdu plus de vingt-trois kilos et il est extrêmement affaibli et malade »
Au Mali, la famille de Soumeylou Boubeye Maïga demande son évacuation médicale et le respect de ses droits. L’ancien ministre et Premier ministre malien a été placé sous mandat de dépôt à la fin du mois d’août dernier. Mais à la mi-décembre, la dégradation de son état de santé a conduit à son hospitalisation dans une clinique de la capitale malienne. Plusieurs expertises médicales ont recommandé son évacuation sanitaire mais cette recommandation n’a pas été suivie d’effet.
L’ancien ministre et Premier ministre malien a été arrêté car soupçonné, notamment, de corruption et de favoritisme dans le cadre de deux affaires remontant à 2014 : celle de l’achat de l’avion présidentiel et celle des contrats d’équipements militaires.
Mais la dégradation de son état de santé inquiète sa famille. Mme Maïga Binta Yatassaye, épouse de Soumeylou Boubeye Maïga, interpelle aujourd’hui les autorités.
Jointe par David Baché, de la rédaction Afrique, elle explique que son mari est prêt à répondre à la Justice, mais qu’il doit pour cela être évacué d’urgence. « Son état de santé s’est fortement dégradé en prison, en raison de conditions de détention épouvantables, notamment l’enfermement avec quatre-vingt-dix personnes, dans une cellule sans fenêtres… Il a perdu plus de vingt-trois kilos et il est extrêmement affaibli et malade. Il a été transporté d’urgence, à la mi-décembre, dans une clinique de Bamako, et l’équipe pluridisciplinaire qui l’a pris en charge a conclu à la nécessité d’une évacuation. Les autorités ont demandé une contre-expertise. Le 13 janvier, le Conseil Supérieur de la Santé a également conclu à l’impérieuse nécessité d’une évacuation. Malgré cela, depuis maintenant près de trois semaines, nous n’avons aucune réponse sur l’autorisation d’évacuation et nous sommes très inquiets ».
Elle explique aussi que son mari est prêt à répondre à la Justice, et exige le respect de ses droits. « Déjà, ses conditions de détention sont tout à fait inacceptables et même, selon nous, assimilables à de la torture. Ce n’est pas normal qu’une personne qui est même présumée innocente, puisqu’elle n’a pas encore été jugée, en est à vivre dans des conditions aussi abominables et à perdre autant de poids, à mettre sa santé en jeu… Une deuxième chose, c’est que la Constitution du Mali dispose que tout individu a droit à la vie, à la sécurité, à l’intégrité de sa personne.
On ne comprend pas pourquoi, aujourd’hui, sa vie est mise en jeu, alors qu’il devrait avoir tous les moyens de pouvoir répondre à la justice. Il est lui-même extrêmement déterminé à pouvoir répondre à la justice. Ce que nous demandons, c’est qu’il puisse recouvrer la santé, précisément pour pouvoir répondre aux questions que la justice voudra bien lui poser.
Même avec un permis délivré par la Cour suprême, aujourd’hui il n’est pas possible d’accéder à lui. Il est gardé au niveau de la clinique où il est hospitalisé et les permis sont refusés. Il est à l’isolement total, la famille n’a pas accès à lui, ce qui nous paraît inadmissible et pas conforme à l’État de droit ».
Source RFI
xxxx
Privé de tout contact extérieur étant admis dans une clinique de la place
La famille de SBM rappelle au président de la transition sa responsabilité
Le jeudi 03 février 2022, la famille de Soumeylou Boubèye Maiga a été stupéfaite d’apprendre que l’ancien Premier ministre qui séjourne dans une clinique est interdit de toute visite. Personne n’a accès à lui. Ni son épouse, ni ses enfants, ni ses parents, ni son attaché, etc. n’ont plus le droit de lui rendre visite. Sans aucune explication. Nous estimons que c’est une séquestration qui ne dit pas son nom dès lors que la Justice n’a semble-t-il plus son mot à dire. En effet, dans la clinique, Soumeylou Boubèye Maiga est sous la garde des agents de la sécurité d’Etat qui n’acceptent pas les permis de communiquer délivrés par la Cour suprême.
Nous rappelons que le jeudi 13 janvier 2022, le conseil de santé, commis par l’Etat pour une contre-expertise médicale, s’est réuni sur la nécessité de l’évacuation de l’ancien Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga. Les conclusions rendues sont identiques à celles de l’équipe pluridisciplinaire qui a pris en charge l’ancien qui avait conclu à l’impérieuse nécessité de son évacuation il y a de cela un mois.
De son côté, la famille de Soumeylou Boubèye Maiga avait multiplié les contacts et entrepris des démarches auprès de certaines entités administratives et socio-religieuses.
La famille de Soumeylou Boubèye Maïga rappelle au président de la Transition sa responsabilité, en tant que garant de toutes les institutions et des droits fondamentaux de tous les citoyens et des droits de l’homme.
La famille de Soumeylou Boubèye Maiga saisit cette occasion pour exprimer sa profonde gratitude à tous ceux qui lui manifestent leur solidarité et assure les uns et les autres qu’elle fait face à la situation avec beaucoup de courage.
Bamako, le 7 Février 2022