Empêtré depuis 2012 dans une crise multidimensionnelle, le Mali s’embourbe davantage, à cause des décisions mal rendues de la justice. Le procureur général près de la Cour d’appel de Bamako, Idrissa Arizo Maiga, au lieu de défendre les intérêts de l’État, en devient, par ses actes, son bourreau. Par ses décisions, il fait courir à l’État le risque d’une crise sociopolitique aux conséquences dramatiques. Le PG Maiga prend le relais de Manassa Dagnoko en mettant en difficulté le pays, à cause de ses décisions impopulaires, voire injustes, dans le seul but de satisfaire ses bienfaiteurs.
A un an de la retraite le PG de Bamako, au lieu de laisser une bonne image pour la République comme le juge Keba Baye, risque de sortir par la petite porte de l’histoire. Il a déjà trébuché, dans les désormais rocambolesques affaires de déstabilisation du gouvernement de six personnalités civiles et l’affaire relative à la crise au Patronat où il bloque l’exécution de la grosse relative à l’annulation de l’ordonnance gracieuse offerte par le président du tribunal de la commune IV du District de Bamako au camp Amadou dit Diadie Sankaré, qui s’est installé illégalement et illégitimement au siège du Patronat. Ces deux affaires et d’autres encore finiront par faire du procureur général Idrissa Arizo Maiga un homme malléable et corvéable à souhait. Mesure-t-il réellement les conséquences à la fois économiques et politico-sociales de ces deux affaires ? Ne pourrait-on pas se ressaisir avant qu’il ne soit trop tard ? Le gouvernement de la transition va-t-il continuer à être complice des mauvaises décisions de justice rendues en sa faveur ?
Alors même que les maliens dans leur écrasante majorité avaient salué la décision de levée des mandats des détenus et leur mise en liberté ordonnée par le juge, le 2 mars dernier, c’est à la surprise générale qu’ils ont appris que le procureur général près la Cour d’appel de Bamako a non seulement refusé de signer les ordres de mise en liberté, mais aussi a fait un pourvoi en cassation, ce qui anéantira la première décision. Sans tomber dans un débat juridique sans fin, en analysant sur un plan purement social, on arrivera à la conclusion que la décision prise par le PG est très lourde de conséquences. Elle peut être facteur de déstabilisation. Le procureur général Idrissa Arizo Maiga, en prenant la décision de maintenir en détention cinq des six personnalités accusées de tentative de déstabilisation, s’est volontairement mis sur le banc des parias de la société. Il a également prouvé qu’il est comme un pantin à la solde de l’exécutif au détriment du droit.
Dans un pays comme le Mali, en proie au djihadisme et à la velléité sécessionniste d’une certaine communauté, seule une justice juste, équitable, pourrait être le palliatif et la thérapie pour soigner le cancer de la corruption et de la mal gouvernance qui gangrènent notre pays. Au lieu de mesurer la profondeur de la crise qui secoue le pays depuis plus de dix ans, Le PG Arizo Maiga ne semble pas s’en émouvoir, il enfonce même le clou, en faisant fi du droit. Le maintien en détention des personnalités incriminées dans l’affaire de déstabilisation, est la preuve de la non-indépendance du pouvoir judiciaire, et du manque d’audace de certains hommes en robe noire.
Chassé le naturel, il revient au galop, dit un adage. Avant la décision de complaisance du PG Maiga, dans la tentative de déstabilisation du gouvernement, c’est dans celle du Conseil National du Patronat du Mali qu’il s’est fait entendre. Il serait à la manœuvre pour empêcher l’exécution de la grosse qui annule, en faveur de Mamadou Sinsy Coulibaly, l’ordonnance gracieuse donnée par le Président du tribunal de première instance de la commune à Amadou dit Diadie Sankare. Alors que le procureur général de la commune IV voulait délivrer la grosse pour l’exécution de la décision de justice, le Procureur général près la cour d’appel de Bamako s’est opposé. C’est par correspondance numéro 1856 du PG de Bamako adressé à celui de la commune IV que le PG Arizi Maiga s’est opposé en disant ne pas voir la nécessité et l’urgence d’appliquer cette grosse. Le PG de Bamako a expliqué en des termes on ne plus explicite que l’ordonnance de référé numéro 799 du 30 octobre 2020 n’appelle à aucune urgence. Comme pour dire que le procureur général de la commune IV pourrait ne pas se précipiter à délivrer un mandat au camp Mamdou Sinsy Coulibaly, pour aller déloger Diadie Sankaré du siège du CNPM. Qu’il occupe illégalement et illégitimement.
Rien que pour ces deux affaires, le Procureur Général près la Cour d’appel de Bamako s’est fait beaucoup d’inimitié et est en train de contribuer, non seulement à l’exacerbation de la crise sociopolitique, mais aussi et surtout, à la mort certaine de notre économie qui traverse déjà une crise sans précédent due à la COVID 19. Le gouvernement de la transition est fortement interpellé pour donner des gages à la République et à sa justice.
En définitive, en plus de ces deux affaires, le PG de Bamako doit également s’expliquer dans l’affaire dite de la SONATAM. Nous reviendrons largement sur cette autre rocambolesque affaire incriminant beaucoup de personnalités.
Youssouf Sissoko