L’affaire Tomi Michel et la justice française : Un non-lieu pour Tomi Michel et IBK lavé de tout soupçon

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Michel Tomi, dans son bureau de Libreville (Gabon), le 23 janvier 2002. AFP PHOTO DESIREY MINKOH

Les accusations ont fait les gros titres et les choux gras des médias. Et pas que. Mais lorsque la vérité fait surface, peu d’entre eux en parlent et ils sont encore plus rares à la mettre à la Une. L’histoire des prétendus liens délictuels entre l’homme d’affaires français, Tomi Michel et le président malien IBK en est un douloureux exemple. Que n’a-t-on pas dit à sa charge? Corruption, attribution de marchés illégaux au Mali et même au-delà, surfacturation … bref, tous les péchés d’Israël.  Après cinq ans d’une enquête minutieuse, la justice française déclare « un non-lieu ».

En fin 2016, IBK fut traîné dans la boue pour la énième fois à la faveur d’une honteuse campagne de dénigrement. Une enquête judiciaire s’ouvrait à Paris, en France, à l’encontre d’un citoyen français, Michel Tomi. L’occasion était bonne pour faire le rapprochement entre l’homme d’affaires corse et le Président de la République du Mali. Oui, les deux eurent des contacts dans le passé – IBK ayant vécu 25 ans en France – Oui, les deux ont gardé de bons rapports, se reconnaissant mutuellement valeureux,  mais jamais cette relation n’a été guidée par le sens des affaires encore moins fondée sur la corruption.

Pour rappel, l’enquête sur Michel Tomi a commencé en juin 2014 avant d’être validée en décembre 2016 par la Cour d’Appel de Paris. Cela, malgré les recours de la défense. Selon certains médias portés sur le sensationnel, l’enquête s’est intéressée à plusieurs dirigeants africains dont le Président malien Ibrahim Boubacar Kéïta. Une partie de la presse malienne a pris le relais et a fait de cette affaire ses choux gras.

Pour faire court, l’homme d’affaire était soupçonné, entre autres, de « corruption d’agents publics étrangers, faux et usage de faux, abus de confiance, complicité d’obtention indue d’un document administratif et de travail dissimulé ». Ceux-ci concerneraient ses activités en Afrique notamment, au profit du Président malien, Ibrahim Boubacar Kéïta qui figurerait parmi ses collaborateurs et, selon les enquêteurs, qui aurait même reçu des cadeaux de la part de Michel Tomi. La fertile imagination des enquêteurs et des fabulistes locaux aidant, IBK est également soupçonné d’avoir joué un rôle prépondérant dans l’acquisition de marchés non seulement au Mali mais aussi au Cameroun, au Tchad, au Sénégal, au Gabon et en RD Congo.

 

De grotesques accusations. Coup de théâtre, la justice française, rendant son jugement, blanchit Michel Tomi à travers « un non-lieu ». Et la vérité éclate au grand jour. En conséquence, IBK est définitivement lavé de tout soupçon. Cette décision intervient après des années d’enquêtes et d’investigations de la police et de la justice françaises qui ont conclu qu’il n’existe pas de charges suffisantes contre Tomi Michel dans le cadre de l’enquête portant sur le blanchissement d’argent et le trafic d’influence exercé auprès des décideurs politiques, agents publics, dans divers pays africains dont le Mali.

Ce n’est pas tout. Il semble être reproché à IBK l’octroi de marchés conclus avec l’Etat malien ou des sociétés maliennes à travers la location et l’achat d’un avion, l’implantation des sociétés chinoises, de concession d’exploitation de mines d’or, achat de matériels et uniformes contractés avec le groupe Marck. Du grotesque !

 

Un homme d’honneur. La justice française reprochait à Michel Tomi d’être proche d’IBK au point de prendre en charge ses frais médicaux à Marseille, régler ses factures d’hôtel à Paris et prêter son avion pour la campagne présidentielle de 2013.

En mai 2014 déjà, le Président Keita déclarait à Jeune Afrique : « Oui. Je le considère comme un frère. J’ai rencontré Michel Tomi par l’intermédiaire du défunt Omar Bongo Ondimba, dont il était très proche. C’était ici, à Bamako, en 1995. Bongo était venu nous rendre visite et Tomi l’accompagnait. J’étais alors Premier ministre. Depuis lors, Michel Tomi est resté mon ami. Mais jamais, au grand jamais, il n’a été question d’argent entre nous. Je ne suis d’ailleurs dans aucune affaire, avec qui que ce soit. La famille Tomi et la mienne se fréquentent, c’est vrai. Il m’a toujours témoigné amitié et fraternité. Tous les chefs d’État qui le connaissent m’en disent du bien et ses activités dans le domaine des jeux n’ont, que je sache, rien d’illégal. Ce qu’il a pu faire auprès de tel ou tel homme politique en France ne me concerne pas, d’autant qu’il a, je crois, payé pour cela. Rien en tout cas ne justifie que je le renie. Je suis un homme d’honneur.

A la question de savoir si Michel Tomi a réglé la note de ses séjours à Paris avant et après l’élection, IBK a été catégorique. « Faux. Je détiens les factures qui le prouvent ». Pour les soins médicaux à Marseille, il répond d’un coup sec : « faux ». Et explique : « Je suis allé à Marseille à mes frais, en avion privé loué. Puis de l’aéroport directement à l’hôpital Clairval, pour une infiltration. C’est la police française qui est venue m’accueillir au pied de l’avion et qui m’a escorté au retour. À moins d’imaginer que les policiers marseillais et le professeur Ange Vincentelli, qui m’a soigné, sont des hommes de Tomi, dire que j’ai été « pris en main » par ce dernier est tout simplement grotesque ».

Les charges contre l’homme d’affaires français tombant, l’honneur du président Keita est lavé. Si au début de son premier quinquennat, cette affaire a durement entaché son image, aujourd’hui, IBK vient d’être blanchi par la justice française. Selon plusieurs observateurs de la scène politique internationale, ce « non-lieu » prononcé en faveur de Michel Tomi qui a eu mailles à partir avec la justice de son pays, doit édifier l’opinion sur les réelles motivations des détracteurs d’un homme d’Etat qui n’a que le seul Mali dans son agenda. Tous savent à présent que ce fut sur la base de simples suppositions savamment inventées qu’on a voulu casser son élan d’unification du peuple du Mali.

Plus regrettable, cette affaire a tous les attributs d’un règlement de comptes entre Michel Tomi et Manuel Valls. « On m’a jeté en pâture ! Je devais gêner quelque part, mais il y a un juste retour des choses. Il y a toujours un bon Dieu (…) Manuel Valls se voyait déjà président de la République et il a pris ombrage de mes liens avec le président du Mali et celui du Gabon », confiait l’homme d’affaires dont la famille a quitté la France pour Dubaï.    Aly Kéita

 

IBK blanchi définitivement 

L’affaire Tomi qui déferla les chroniques à la grande satisfaction de ceux qui étaient à la manœuvre, n’est plus qu’un triste souvenir pour le Chef de l’Etat et sa famille.  C’est ce qui ressort de l’ordonnance rendue le 28 septembre dernier par le juge du pôle financier, Serge Tournaire. Selon le journal français l’OBS qui rapporte l’information, l’enquête aurait été lancée depuis 2013 à la demande de Manuel Valls alors ministre de l’Intérieur contre Tomi, aux fins de prouver qu’il corrompait des agents publics étrangers dont le président malien. Des écoutes téléphoniques opérées avaient amené les enquêteurs à soupçonner un lien entre l’homme d’affaires et le président Keita.

Malgré les multiples déclarations sur fond de dénégation de Michel Tomi lui-même pour démentir cette prétendue relation d’affaires, rien n’y fait : « Il n’a jamais été question de faits de corruption passive ou active entre nous » déclarait-il en janvier dernier dans une interview accordée au Journal Du Dimanche.  Dans la même interview Tomi affirmait : « Si j’ai pu faire un jour un cadeau à M. Keita, c’est à titre de frère et pas pour l’enrichir ». L’enquête qui aura duré 5 ans confirme ses dires car elle n’a pas pu démontrer l’existence de commissions ou d’une quelconque relation basée sur le matériel entre les deux hommes.

Comme l’a révélé « L’Obs », le juge d’instruction du pôle financier Serge Tournaire a rendu, le 28 septembre, une ordonnance, dont « Le Monde » a pris connaissance, au terme de laquelle Michel Tomi voit l’essentiel des charges qui pesaient contre lui s’effondrer. Mis en examen notamment pour « corruption d’agents publics étrangers », « blanchiment de trafic d’influence », « exercice illégal de la profession de banquier » ou encore « abus de confiance », Michel Tomi est désormais poursuivi pour des faits d’une moindre gravité, tels que « recel d’abus de biens sociaux » ou « travail dissimulé ». Le magistrat instructeur indique à plusieurs reprises que « l’information n’a pas caractérisé les éléments constitutifs », selon le journal.

Le non-lieu de Michel Tomi est un blanchiment total d’IBK dont le nom été sali durant ces 5 dernières années. Si cette accusation a eu un retentissant échos, c’est bien parce qu’une partie de la classe politique, battue à plate couture dans les urnes, l’avait utilisée pour ternir l’image de celui qui venait d’être plébiscité avec plus de 77% des suffrages exprimés. Il est écrit dans le Coran depuis VIIe siècle que : « la vérité a paru et le mensonge s’est dissipé comme une vapeur légère ».   Aly Kéita.

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