Justice transitionnelle au Mali : Les victimes se sentent négligées

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Mardi 13 février, a été rendu public un rapport de consultation sur les perceptions, attentes et besoins exprimés par les victimes du conflit armé au Mali. «Quand ils ont envahi la ville, certains sont entrés chez nous en trouvant ma mère, ma sœur et moi. Ils ont violé et tué ma sœur devant moi. Ils ont ensuite coupé un sein à ma mère. Quand ils sont partis, j’ai tout fait pour quitter la ville et venir à Bamako pour soigner ma mère mais elle a succombé à sa blessure à Kati », témoigne une victime dans le rapport.

Le rapport souligne également des atteintes au droit à la vie. Tous les participants confirment la commission de meurtres au sein de leur communauté, et même de massacres dans certaines localités, par des membres de groupes armés non étatiques. « Les participants au groupe de discussion tenu dans le cercle de Kati mentionnent qu’ils ont été témoins de l’égorgement de militaires maliens », indique le rapport.

Dans la région de Ségou, des personnes consultées ont relaté des violations au droit à la vie de civils commises par des éléments de l’armée malienne. Ces mêmes genres de violences sont les plus fréquents dans la région de Mopti, selon les rapporteurs. Autres crimes rapportés : les atteintes au droit à l’intégrité physique. « Des mains ont été coupées et mises dans de l’huile par les rebelles et ceux qui ont eu un enfant avant de se marier ont été battus pour adultère », témoigne une victime dans le rapport.

En libérant la parole des victimes, le Canada soutient le Mali dans la justice transitionnelle, selon l’ambassadeur du Canada au Mali, Louis Verret. Cette libération de la parole est un pas vers la mise en avant des victimes dans la justice transitionnelle. Dans la même veine, le président de la CVJR, Oumar Ousmane Sidibé, a annoncé que des audiences publiques commenceront en 2018 pur permettre aux victimes de s’exprimer.

Mais ces audiences publiques ne seront pas des processus judiciaires. Pour Pascal Paradis, le directeur général d’Avocat sans frontières, les victimes doivent être entendues. « Elles veulent écrire elles-mêmes l’histoire », a-t-il affirmé. Par ailleurs, il a soutenu qu’il doit aussi y avoir une justice pénale pour l’établissement des responsabilités.

Il s’agit notamment des responsabilités collectives, amener les responsables à faire des excuses publique et à reconnaitre leurs fautes. Tout cela pose la question des coupables, leur identification et éventuellement leur mise à la disposition de la justice. Le ministre de la Justice, garde des sceaux, Younouss Hamidou Maïga, a déclaré qu’il se sent concerné par la question de la justice transitionnelle en tant que ministre.

Mais le garde des sceaux a estimé que l’arsenal juridique malien ne reconnait pas le principe de la responsabilité directe de la hiérarchie ou du chef d’un groupe impliqué dans des violences. Un ancien membre malien de la Cour pénale internationale (CPI) a, au contraire, assuré que le Mali reconnait le principe de la responsabilité de la hiérarchie à partir du moment où le pays a signé le protocole d’adhésion à la CPI.

Soumaila T. Diarra

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