Justice : Le défi de la neutralité

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Perçue comme le mouton noir, la justice malienne s’évertue à gagner la confiance des citoyens. A la fois par ses décisions justes que l’approche des responsables de ses différents services.

De nos jours, la justice malienne n’a pas bonne presse. Une méfiance qui s’expliquerait par un manque de communication appropriée. Les autorités semblent être décidées à prendre le taureau par les cornes afin de pouvoir restaurer la confiance entre les citoyens et les services de la justice. L’initiative, dit-on, consiste à établir une interconnexion entre les services judiciaires et pénitentiaires en vue d’assurer la gestion en temps réel du secteur de la justice.

« La modernisation et le relèvement du niveau de performance des services judiciaires et pénitentiaires figure en effet parmi les axes prioritaires de la loi d’orientation et de programmation 2020-2024 (LOPSJ) pour le secteur de la justice adoptée en 2019 dont la finalité est de bâtir aux termes des 5 prochaines années, un service public de justice accessible, efficace et performant de nature à restaurer la confiance des citoyens et des justiciables », a expliqué le ministère dont les responsables s’emploient à faire comprendre que la mise en place d’un système de communication plus ouvert et accessible, permettant la traçabilité, le suivi des procédures et l’accessibilité à tous les intervenants de la justice est d’ailleurs l’une des 12 réformes considérées comme des conditionnalités pour la mobilisation d’une partie de l’allocation budgétaire additionnelle au secteur prévu par la LOPSJ 2020-2024.

En effet, cette loi, adoptée en décembre 2019, comporte 5 axes stratégiques que sont : l’adaptation du cadre juridique et réglementaire aux nouvelles orientations assignées à la justice, la modernisation et le relèvement du niveau de performance des services judiciaires, la consolidation de l’État de Droit et le renforcement des droits de l’Homme, le renforcement de la lutte contre la corruption, la délinquance financière, le terrorisme, la drogue et la criminalité transfrontalière, la modernisation et le renforcement du système de communication de la justice.

S’agissant du système de communication, le département indique avoir mis en place une cellule de communication pour définir la politique de communication interne et externe du ministère dont les points focaux communication bénéficient également d’une série de formations pour renforcer leurs capacités.

Concernant le volet lutte contre la corruption et la délinquance financière, des efforts louables, accompagnés d’une stratégie de communication révisée, sont désormais à signaler. C’est d’ailleurs dans ce cadre que le ministre de la Justice a fait, récemment, une sortie médiatique sur l’ORTM pour faire le point sur la lutte contre les délinquants financiers. Aux dires de Mamoudou Kassogué, sur la période 2018-2021, le nombre total de dossiers de corruption ouverts est de 1462. Sur ces 1462 dossiers, il y a 690 qui sont clôturés et transmis, 275 ont été totalement jugés. Sur les montants en cause s’élevant à 126 119 983 938 F CFA, le ministre affirme que la somme de 4 241 661 863 F CFA a été versée au Trésor public, au titre des remboursements. Quant aux cautions versées pour la remise en liberté et autres, elles sont de l’ordre de 15 372 827 410 F CFA et les remboursements qui sont effectués, rien que pour la session d’assises de décembre 2021, est de 1 577 154 907 F CFA, ajoute l’ancien patron du Pôle économique et financier. Aussi, a-t-il fait savoir, des amendes ont été prononcées au cours de cette session pour 639 000 040 F CFA, des dommages et intérêts pour 250 000 100 F CFA, et les condamnations effectuées dont les montants n’ont pas encore été recouvrés sont de l’ordre de 86 873 496 505 F CFA.

Même si le montant recouvré s’apparente à l’effet d’un coup de l’épée dans l’eau (4 milliards sur plus de 120 milliards), la prouesse a le mérite d’être saluée encouragée dans la mesure où elle est rare à réaliser d’autant plus que le premier responsable promet une justice malienne répondant aux aspirations et respectueuse des droits. « … Nous aurons surtout une justice proche du justiciable, une justice adaptée au contexte malien, une justice accessible, une justice où le faible n’aura plus peur du fort, une justice où les sanctions, les décisions seront rendues de façon équitable, de façon correcte, le tout adossé à la loi, c’est ce que nous souhaitons ». Bref, une justice claironnée de tous les vœux !

 

Alassane Cissouma

 

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