Idrissa Arizo Maïga, Procureur général: ‘‘aucune attitude ou comportement de nature rebelle contre le ministre Tapo n’a été exprimé par un seul Procureur de mon ressort’’

1

La Déclaration de l’Association Malienne des Procureurs et Poursuivants a été reçue par un cinglant désaveu par le Parquet général qui rappelle que le principe hiérarchique est l’un des caractères principaux du Parquet. Le Procureur Général près la Cour d’Appel de Bamako nous apporte les éclairages nécessaires.

Dans une Déclaration datée du lundi 10 août 2020 sous la signature de son Président, Cheick Mohamed Cherif KONÉ, l’Association malienne des Procureurs et Poursuivants (AMPP) ‘’(en réaction aux propos du ministre entrant de la Justice sur le Parquet)’’, ‘’juge comme contraire, tant au Statut de la Magistrature, qu’aux lignes directrices (…) l’imposition d’un magistrat non méritant, voire un néophyte du ministère public, à la tête du parquet de la Cour Suprême, au mépris des observations pertinentes du Conseil Supérieur de la Magistrature, aux seules fins abjectes d’organiser l’impunité des prédateurs de l’économie, convaincus de malversations financières et de détournement de deniers publics’’. ‘’Au vu de ce cafouillage heurtant l’éthique et la morale, et n’ayant autre but que d’organiser le dysfonctionnement de la Justice, pour les besoins d’une cause manifestement illicite et d’une entreprise profondément immorale, suspend toute collaboration avec le ministre de la Justice entrant et de son Cabinet jusqu’à nouvel ordre’’.

Suite à la publication de cette déclaration, y compris dans nos colonnes, sous le titre ‘’les Procureurs entrent en rébellion contre TAPO’’, notre rédaction a été assaillie par des appels de protestation de Procureurs de la République qui disent ne pas s’y reconnaitre pour n’avoir été associés ni de près ni de loin à sa rédaction.

Face à cette vague de protestations inattendues, nous avons joint le Procureur Général près la Cour d’Appel de Bamako, Idrissa Arizo MAIGA, qui a exprimé son étonnement par rapport à cette déclaration de l’Association Malienne des Procureurs et Poursuivants parue dans le Journal Info-Matin du mardi 11 août 2020.

Sur le fond, le Procureur Général près la Cour d’Appel de Bamako conteste la légitimité de cette Association dont il n’a pas connaissance de la convocation d’une assemblée générale constitutive, conformément aux dispositions règlementaires en vigueur en République du Mali. Les modalités de mise en place du bureau dirigé par M. KONE sont sujettes à caution.

Sur la forme, le Procureur Général près la Cour d’Appel de Bamako assure qu’aucun Procureur de son ressort n’a été convié à une quelconque réunion pour donner son avis sur le sujet objet de la Déclaration de l’Association Malienne des Procureurs et Poursuivants, sous la signature de Cheick Mohamed Cherif KONÉ. Ce qui lui fait dire que la Déclaration n’engage que son auteur qui agit en solitaire. Dans la même veine, le Procureur Général près la Cour d’Appel de Bamako exprime clairement qu’aucune attitude ou comportement de nature rebelle contre le ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Kassoum TAPO n’a été exprimé à aucun moment par un seul des Procureurs de son ressort. Idrissa Arizo MAIGA a saisi l’occasion pour marteler que le principe hiérarchique qui est l’un des caractères principaux du Parquet ne saurait autoriser une telle attitude de la part de l’Association Malienne des Procureurs et Poursuivants. Pour lui, autant le Procureur est indépendant ; autant il doit s’inscrire dans le principe hiérarchique, sinon il va là où il veut.

Par ailleurs, selon d’autres Procureurs qui ont exprimé leur réprobation formelle de la Déclaration de l’AMPP, le Président Cheick Mohamed Cherif KONÉ mène un combat purement personnel qui prend racine dans sa frustration de n’avoir pas été nommé à la tête du Parquet de la Cour Suprême comme il s’y attendait, se fondant en cela sur son ancienneté. Or, poursuit-il, l’autorité est libre de nommer qui il veut pourvu qu’il réponde aux critères de compétence et d’intégrité. Et de marteler que le combat qui vaille réellement est celui de l’intérêt général qui seul peut susciter l’adhésion de l’ensemble des Procureurs. Ceci expliquant cela, il se désolidarise de cette Déclaration qui discrédite l’Association qui est plutôt attendue sur d’autres chantiers.

 

PAR BERTIN DAKOUO

Commentaires via Facebook :

1 commentaire

  1. Les loups ne se mangent pas entre eux. Il est fort probable que ce Procureur général Idrissa Arizo Maïga soit lui-même nommé dans les mêmes conditions de copinage et népotisme que Monsieur Boya Dembelé. Pour preuve, ce vieux Maïga semble ignorer l’importance du conflit d’intérêt dans les processus de nominations. Le ministre de la Justice nomme son beau-fils à la tête de la Cour Suprême, et le Procureur Général près la Cour d’Appel de Bamako ne se sent aucunement gêné par cette décision. Au contraire, ce vieux minable tente de discréditer ceux s’y opposent. Pourquoi l’Association Malienne des Procureurs et Poursuivants doit consulter un tel collègue aussi médiocre ?
    Il y’a tellement de Manassa dans le système judiciaire Malien!

Comments are closed.