Grève des magistrats : Le SAM : un syndicat, deux mots d’ordre

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A peine le président du Syndicat autonome de la magistrature, Cheick Mohamed Chérif Koné, a annoncé, vendredi, la suspension du mot d’ordre de grève illimitée, qu’une bonne frange du SAM, menée par son vice-président, s’est désolidarisée de cette décision,  appelant les militants à  poursuivre la grève jusqu’à satisfaction totale de leurs revendications.

Si certains magistrats s’apprêtent à regagner les bureaux ce lundi 6 février 2017, d’autres ont décidé de poursuivre la grève jusqu’à la satisfaction de leurs doléances. Voilà ce qui crée désormais deux tendances avec deux mots d’ordre différents.  Cette situation est consécutive à une déclaration rendue publique par le président du SAM le vendredi 3 février 2017. Dans ladite déclaration, Cheick Mohamed Chérif Koné annonce la suspension du mot d’ordre de grève illimitée entamée depuis le 18 janvier dernier. Une décision loin d’être partagée par une frange importante des militants du SAM et ceux du Syndicat libre de la magistrature (Sylima), lesquels ne semblent pas près de lâcher prise. Et ils l’ont fait savoir à la faveur d’une conférence de presse le samedi 4 février 2017.

Cheick Mohamed Chérif Koné seul contre tous ?

Au cours de cette sortie médiatique, le vice-président du SAM, Badara Aliou Nanacassé, a affirmé que la décision du premier responsable du SAM n’engage aucunement les militants et du SAM et  ceux du Sylima. En clair, M.  Nanacassé, à travers une déclaration, invite tous les magistrats  à observer le mot d’ordre de grève jusqu’à satisfaction totale de leurs revendications. Que s’est-il réellement passé derrière les rideaux des négociations avec le gouvernement pour que le SAM ainsi divisé ? En attendant d’avoir la réponse à cette question, le président du SAM, Cheick Mohamed Cherif Koné, accompagné par son Secrétaire aux relations extérieures, Dramane Diarra, a annoncé la « suspension du mot d’ordre de grève illimitée» à travers un communiqué ainsi libellé : «La mesure de suspension sollicitée, à ce stade, par le gouvernement en vue de la poursuite des négociations dans un cadre plus fécond, loin de porter préjudice aux intérêts des magistrats, va plutôt dans le sens de l’apaisement souhaité par les membres de la commission des bons offices, les médiateurs, les facilitateurs, le barreau, les défenseurs des droits de l’homme, le groupement des leaders religieux,  les autorités traditionnelles, l’ensemble des composantes de la nation et la société civile. Par conséquent, le Comité directeur du SAM, mis en place par l’Assemblée générale ordinaire du 26 décembre 2015, suspend son mot d’ordre de grève à compter de ce jour vendredi 3 février 2017, pour permettre aux négociations de se poursuivre dans un cadre approprié et plus serein. Le Président du Comité directeur du SAM invite tous les militantes et militants à reprendre le travail le lundi 6 février 2017 sur toute l’étendue du territoire national ».

Désaveu

Cette décision est loin d’être partagée par le vice-président du SAM, Badara Aliou Nanacassé qui pense que cette déclaration n’engage que Cheick Mohamed Cherif Koné et son compagnon Dramane Diarra.  C’est ainsi que ledit communiqué a fait l’objet d’un point de presse organisé le samedi 4 février 2017 au siège du SAM.  Badara Aliou Nanacassé, à travers une déclaration, invite tous les magistrats  à poursuivre le mot d’ordre de grève. Il ressort de ladite déclaration: « le Comité directeur du SAM, à l’issue de sa réunion extraordinaire de ce samedi 4 février 2017, apporte les démentis suivants : l’Assemblée générale de l’ensemble des magistrats, tenue le vendredi 3  février 2017 à la Cour d’appel de Bamako, a décidé à la majorité la poursuite de la grève illimitée jusqu’à satisfaction de ses revendications ; l’Assemblé générale a, en outre, réaffirmé sa disponibilité à poursuivre le dialogue avec le gouvernement sur les points de revendication qu’elle estime légitimes. Par conséquent: les déclarations faites par Cheick Mohamed Cherif Koné en présence de Dramane Diarra n’engagent que leurs personnes et le Comité directeur du SAM s’en désolidarise totalement; par leur comportement déloyal, ces deux personnes ont violé de façon éhontée les statuts et règlement intérieur du SAM qui se réserve le droit de prendre à leur encontre les mesures disciplinaires qui s’imposent; le Comité directeur du SAM informe que  Cheick Mohamed Chérif Koné et Dramane Diarra ne peuvent plus, ni parler ni agir en son nom; demande aux militants de rester sereins, mobilisés et les exhorte à respecter, dans toute sa rigueur, la résolution issue de l’Assemblée générale du 3 février 2017, à savoir le maintien du mot de grève illimitée ».

Suspicion et menace

Les membres du Comité directeur du SAM et celui du bureau exécutif du Sylima disent ne pas comprendre ce ‘’revirement’’ de Cheick Mohamed Cherif Koné. Au cours de ce point de presse, ils diront que le président du SAM et Dramane Diarra sont seuls dans leur position. Pour le vice-président Nanacassé, leur motivation est personnelle et inavouée. En outre, les membres des deux syndicats ont dénoncés le comportement du premier responsable du SAM. Selon eux, Cheick Mohamed Cherif Koné, à travers ce geste, a trahi. La preuve, selon eux, est M. Koné ne s’est plus rendu au siège du SAM il y a plus d’une semaine qu’il trouverait toujours des excuses pour se dérober. Partant, ils ont promis que le comportement de Cheick Mohamed Cherif Koné ne restera pas impuni. A ce titre, Badara Aliou Nanacassé dira qu’une assemblée générale fixera les contours de la mesure disciplinaire qui sera prise contre le président du SAM. A ce jour, tout porte à croire que le vice-président du SAM, Badara Aliou Nanacassé, a le soutien de tous les ténors du SAM et du Sylima. Cela a été suffisamment démontré lors de la conférence de presse du samedi.

Affaire à suivre…                                                   

Ibrahim M.GUEYE

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