Grève illimitée des magistrats : La justice malienne « sinistrée » ?

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La justice malienne est-elle sinistrée ? La réponse pour de nombre de personnes maitrisant le secteur est oui.

Primo, la justice malienne n’est pas un véritable pouvoir c’est-à-dire qu’elle ne dispose pas, de par son organisation et son fonctionnement, de moyens autonomes lui permettant d’améliorer considérablement son état.

Secundo, ses représentants ne sont pas toujours intéressés à l’amélioration de ses conditions de fonctionnement, notamment en faveur des citoyens. Vis-à-vis du citoyen, le juge jouit d’un tel manque de système de contrôle que de nombreux juges se complaisent non pas seulement à en profiter, mais également à l’entretenir.

Un des éléments clés à ce niveau est que le juge n’est pas clairement astreint par un délai de traitement d’un dossier (sauf par l’Exécutif qui peut demander une procédure accélérée). On explique cela par le fait que les juges ne sont pas en nombre suffisant et ne sont pas dans les conditions adéquates de travail. La conséquence est que le juge peut profiter pour faire traîner un dossier sinon l’enterrer, parce que le citoyen moyen ne sait presque jamais si l’instruction du dossier traîne parce que le juge a trop de dossiers, s’il est paresseux, s’il est soumis à une pression quelconque ou s’il attend du justiciable un « pot de vin ».

Tertio, les professionnels (avocats, huissiers) échappent bien souvent au contrôle des citoyens. Et pour peu qu’un citoyen soit en conflit avec l’État (exemple de l’accusation de détournement de dossiers publics pour masquer un règlement de compte politique), on assiste à des retournements incroyables : la collision entre l’avocat de la défense et la partie civile. Le citoyen inculpé, s’il se rend compte de cette forfaiture ne peut que changer d’avocat, le premier étant presque, à tous les coups, assuré de l’impunité. Dans un autre domaine, moins fréquent il est vrai, on a vu des huissiers ne pas reverser à leurs clients les sommes saisies au profit de ces clients et s’en tirer à bon compte. Ces exemples et tant d’autres font que le scepticisme des citoyens concernant la justice continue d’être très élevé.

Sambou Sissoko

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