Apres plusieurs mouvements de grève de protestation, ce Syndicat libre de la magistrature (SYLIMA) et le Syndicat autonome de la magistrature (SAM), observent depuis lundi 27 août dernier une grève générale illimitée, sans service minimum. Ils dénoncent « l’immobilisme des autorités » dans la prise en charge de leurs revendications : la sécurisation des juridictions et du personnel judiciaire, ainsi que la relecture de leur statut et de la grille de salaire.
Après celle de 2017, les deux syndicats de la magistrature au Mali ont, de nouveau, décrété une grève illimitée. Contrairement à la première, les revendications de la présente grève portent cette fois-ci sur deux points : la sécurisation des juridictions et du personnel judiciaire et la relecture du statut et de la grille annexée. Le secrétaire général du SAM, Mamoudou Kassogué affirme qu’il ne s’agit pas de nouvelles revendications, mais des revendications de 2014 et 2015. Donc depuis plusieurs semaines, pas de casiers judiciaires, ni de certificats de nationalité, ni de procès-verbaux ou d’autres documents, encore moins d’audiences dans les juridictions maliennes
Sécurisation des juridictions et des personnels judiciaires
À propos du volet sécuritaire ? Mamoudou Kassogué, premier substitut au procureur au pool économique du tribunal de la commune 3 de Bamako, explique cette grève par l’absence de mesures fortes de la part du gouvernement suite a l’enlèvement par des hommes armés du président du tribunal d’instance de Niono, Soungalo Koné, depuis le 16 novembre 2017. « Par rapport au volet sécuritaire, nous avons eu des discussions avec la partie gouvernementale, le premier juin 2018. À l’occasion de ces discussions, la partie gouvernementale nous avait fait des promesses fermes en nous faisant comprendre que le 30 juin au plus tard les mesures de sécurité allaient être renforcées au tour de toutes les juridictions et autour de tous les personnels judiciaires. Malheureusement, par la suite, nous n’avions constaté aucune amélioration du dispositif sécuritaire. Au contraire, le dispositif existant a été allégé, là où il y avait trois agents il y en a plus qu’un ; là où il y en avait un, il y en a plus. L’on ne pouvait pas comprendre cela. Le prétexte avancé est qu’on n’a envoyé les agents en formation, explique le conférencier. Sur le plan sécuritaire, le gouvernement n’a pas tenu ses engagements », a fustigé le secrétaire général du SAM dirigé par Alou Badra Nanakassé.
Relecture du statut et revalorisation de la grille salariale
Concernant la relecture du statut de la magistrature avec la revalorisation de la grille salariale, Mamoudou Kassogué affirme que les magistrats ont demandé l’indice 3500 FCFA qui n’a pas été accepté par le gouvernement.
« Il était prévu que le projet de relecture du statut soit bouclé le 31 mai 2017 par la partie gouvernementale pour être déposé sur la table de l’Assemblée nationale, malheureusement rien n’a été fait. Nous avons écrits le 10 avril 2018 au Premier ministre pour lui dire que l’Assemblée est entrain de tenir sa dernière session et notre projet de statut n’a pas encore été déposé sur la table », a souligné l’orateur. A ses dires, avec cette interpellation du Premier ministre, le processus a été un peu activé et le document avait été déposé pour être traité en conseil des ministres. Malheureusement, dit-il, à trois reprises pour des raisons qu’il ignore, le document est arrivé au conseil des ministres puis retiré en dernière minute.
Selon le leader syndical, aucune concession n’a été faite par le gouvernement. Pour lui, les engagements pris par le gouvernement n’ont pas été tenus. « On a constaté l’échec des négociations et nous sommes allés en grève pour une semaine. Nous avons fait toute la semaine, personne n’a daigné nous appelés. Nous avons été obligés de reconduire pour une autre semaine, personne ne nous a rapprochés encore. Nous avons cette fois-ci reconduit pour 10 jours. Là, il a fallu l’intervention des personnes de bons-offices pour que nous puissions reprendre la négociation avec la partie gouvernementale », a-t-il précisé. La grève est observée à presque 100%. « Nous sommes prêts à tenir même s’il faut aller à trois mois, à six mois. Et les désagréments qui en résulteront sont de la seule responsabilité du gouvernement. Nous ne délivrerons pas de certificat de nationalité ni de casier judiciaire, nous n’orientons pas de PV, nous ne tenons pas d’audience et cela restera jusqu’à ce que nous ayons satisfaction totale. Nous allons nous battre jusqu’au bout », prévient le secrétaire général du SAM. .
Mémé Sanogo
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