Grève des magistrats : De la revendication au chantage ?

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Bientôt trois (03) mois, les magistrats maliens ont raccroché leurs robes pour exiger du gouvernement plus de salaire et plus de sécurité. L’exécutif, au lieu de s’exécuter a tout simplement opté pour la retenue des salaires espérant leur faire revenir à de meilleurs sentiments. Mais, hélas, c’était sans compter avec la détermination de nos hommes de droit d’aller jusqu’au bout. C’est ainsi, qu’en réplique à cette décision du gouvernement de faire des  retenues sur leurs salaires, ils sont allés déterrer une affaire de détournement d’environ 3 milliards et menacent le gouvernement de faire d’autres révélations si ce dernier ne les prend pas au sérieux.
Ce chantage, ou du moins cette menace des hommes de droit, fait sortir au grand jour leur complicité coupable de toutes les affaires louches dans lesquelles serait impliqué le gouvernement. En ce sens que, si l’affaire de 3 milliards volatilisés existait, ce sont eux qui étaient au courant et ils n’ont rien dit. Il a fallu que la mesure de retenue de salaire soit prise contre eux pour qu’ils se mettent à parler.

En menaçant de faire d’autres révélations si leur revendication n’est pas prise au sérieux, ceci dénote tout le laxisme de nos hommes de droit vis- à- vis du pouvoir exécutif. Ce qui confirme les propos du général président, Amadou Toumani Touré, quand il disait, lors d’une rentrée judiciaire, que «la justice ne s’attaque qu’aux petits poissons, les gros poissons ne sont jamais inquiétés». Disons-le, elle se rend même complice de ces gros poissons.
Alors, quand certains disent que ce sont les magistrats qui ont pris le pays en otage, n’ont- ils pas raison ?

Quel avenir pour un pays où les juges, chargés de dire le droit, se rendent complices du gouvernement pour défendre leurs propres intérêts ?
Si les juges menacent de parler, le gouvernement aussi n’aura t- il pas quelque chose à dire? Car, comme le disait le vieux dicton, «les mauvais amis finissent toujours par se trahir».

Mais dans cette guéguerre entre le gouvernement et les magistrats que va gagner le peuple ? Affaire à suivre !

Daouda DOUMBIA

 ENCADRE

Le Président Modibo Kéita aux magistrats

«L’indépendance du juge n’est pas dans les textes. Mais dans la valeur morale du magistrat lui-même, dans sa probité, dans sa compétence, dans sa conscience professionnelle (…) il cesse vraiment d’être libre et indépendant, le jour où il prend l’argent de la corruption. Nous avons un peuple admirable, capable d’accepter tous les sacrifices pourvu que ceux-ci soient équitablement répartis. Ce qui peut le décourager, le démobiliser, le révolter, c’est l’injustice. Faites donc en sorte que tous ceux qui sortiront de nos palais de justice, après une sentence, disent: justice a été rendue».

Source: «Le Reporter»

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