Gouvernement-Magistrats : Un simple combat d’orgueil !

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Le syndicat des magistrats du SAM-SYLIMA a tenu une Conference de presse sur leur réquisition par le gouvernement
Le syndicat des magistrats du SAM-SYLIMA a tenu une Conference de presse sur leur réquisition par le gouvernement Bamako, le 10 octobre 2018 (photo archives)

Hyper indignés contre le décret du gouvernement tendant à réquisitionner les magistrats grévistes, le Syndicat Autonome de la magistrature (SAM) et le syndicat Libre de la Magistrature (SYLIMA) ont tenu conjointement une assemblée générale extraordinaire le mercredi 10 octobre à la Cour d’appel de Bamako. Cette rencontre a été sanctionnée par 7 résolutions, parmi lesquelles le refus des magistrats grévistes de se soumettre à la décision du gouvernement, le maintien du mot d’ordre de grève illimitée et la demande de la démission du Premier ministre ainsi que les ministres de  la Justice Garde des Sceaux et de la Fonction Publique, chargé des Relations avec les Institutions.

Prendre son mal en patience pour l’obtention de certificat de nationalité, de casier judiciaire et de tous les autres documents délivrés par les tribunaux … tel est le sort réservé à tout citoyen demandeur de ces documents. Cela  à cause des désagréments causés par la grève illimitée des magistrats sur mot d’ordre du SAM et du SYLIMA depuis le 25 juillet 2018.

En effet, cette grève qui s’est aggravée suite à des échecs de négociations avec le gouvernement. Sans quoi, elle est motivée par la non satisfaction de deux points seulement du cahier des doléances, à savoir la non sécurisation des juridictions et du personnel judicaire ainsi que la non relecture immédiate du statut de la magistrature avec revalorisation de la grille salariale.

La part de vérité du gouvernement !

Constatant le refus catégorique de ses interlocuteurs dans le cadre des différentes négociations d’adhérer à son point de vue, le gouvernement a décidé de passer à la vitesse supérieure.  Cela à travers une mesure visant à  réquisitionnés les magistrats grévistes.

« De la date du 25 juillet 2018 à nos jours, malgré la poursuite des négociations et les actions de bons offices, les syndicats des magistrats n’ont ni suspendu leur grève ni observé le service minimum. Toute chose préjudiciable à l’intérêt des populations » estime le gouvernement dans un communiqué rendu public le 9 octobre. Dans lequel

, il révèle avoir saisi la Cour Suprême pour avis sur la légalité de cette grève.

« Le caractère illégal de la grève ayant été confirmé par la Cour Suprême et compte tenu de la discontinuité du service public de la justice avec son lot de souffrances causées à la population, le gouvernement a décidé, conformément à la loi n°87-48/AN-RM du 4 juillet 1987, relative aux réquisitions de personnes, de services et de biens, de réquisitionner les magistrats en grève» a-t-on tiré de cette déclaration du gouvernement.

 

La riposte des magistrats grévistes !

 

Aussitôt, qu’ils ont pris connaissance de la position du gouvernement face à leurs requêtes, les magistrats grévistes ont immédiatement riposté. Ainsi, après un communiqué dans la soirée du 9 octobre pour dénoncer la décision du gouvernement, sur invitation du SAM et du SYLIMA, ils ont décidé de tenir une assemblée générale extraordinaire le lendemain pour définir clairement et définitivement leur position.

« Les syndicats de Magistrats expriment leur profonde indignation et leur vive préoccupation face à cette violation grave et intolérable violation de la constitution de la République du Mali en ses principes relatifs à la démocratie (article 25), à la séparation des pouvoirs (article), à l’indépendance du pouvoir judiciaire (article 81 et 82) et au droit de grève (article 21) » a déclaré le secrétaire administratif du SYLIMA, DiakaridiaBagayoko. Et d’affirmer : « Le pouvoir judiciaire réfute cette dérive dictatoriale et invite les magistrats à faire bloc contre cette tentative de caporalisation à son encontre par le pouvoir exécutif ».

A la fin de cette assemblée générale, ils ont adopté une résolution qui repose sur 7 points.

Les magistrats grévistes réclament entre autres, la démission du Premier ministre ainsi que celles des ministres de la Justice Garde des sceaux et de la Fonction Publique, chargé des Relation avec les Institutions.

 

La nécessité de mettre la balle à terre !

 

Ainsi à l’analyse des deux positions (ou ni le gouvernement encore moins les magistrats ne veulent reculer), il apparait clair que cette grève qui est sur le point de prendre une autre tournure, ne peut contribuer davantage qu’au réchauffement du climat social et l’endurcissement de la souffrance des justiciables.

Les magistrats piqués dans leur orgueil en raison des différentes tentatives de coup de force du gouvernement, ne veulent aucunement lâcher prise. D’ailleurs au-delà de la revendication légitime de l’application des deux points non satisfaits de leur cahier des doléances, ils tombent dans l’exagération en demandant la démission du PM et de certains ministres de son Gouvernement.

Quant au Gouvernement, il veut cacher son échec dans les négociations par des mesures fortes, dont la coupe sur le salaire, la réquisition et maintenant les mutations des magistrats frondeurs.

Tout cela démontre que ces deux parties ne mesurent pas à juste titre l’ampleur des conséquences de cette grève. D’où un combat d’orgueil sur fond de jeu de ping-pong.

Pour le plus grand bonheur des populations en souffrance, il sied aux deux parties de songer aux intérêts publics.

Par Moïse Keïta

 

 

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