Tribunes, chroniques, éditoriaux, déclarations et communiqués ne cessent d’être publiés, ces dernières semaines, sur le fonctionnement de l’appareil judiciaire malien. Preuve d’une vitalité ou d’un besoin d’ajustements ?
Jamais, dans l’histoire du Mali moderne, le monde de la justice n’aura fait couler autant d’encre et de salive. Une preuve que le peuple a plus que soif d’un renouveau de la machine judicaire ? Certainement !
En effet, en dehors des grèves qu’a enregistrées ce secteur stratégique et régalien de l’Etat qu’est la justice, ce sont les acteurs de la machine judiciaire qui ne cessent de dégainer, ces derniers mois entre eux. Pourtant, « le linge sale se lave en famille », non ? C’est à croire que la situation ne nécessite plus un simple lavage, mais une baignade dans les eaux claires et limpides de la transparence et de l’égalité des citoyens devant la loi. La loi, c’est justement la compréhension et l’interprétation de celle-ci qui posent problème. Si pour certains cadres, l’inspection des services judiciaires peut convoquer des magistrats pour les tancer, d’autres s’inscrivent en faux contre cette possibilité. Et, pourtant, nul n’est censé ignorer la loi, surtout son esprit et sa lettre.
C’est tout l’enjeu des sorties plutôt musclées et viriles, des fois empreintes de menaces entre certains acteurs et non des moindres de la machine judiciaire.
C’est ainsi que certains acteurs de l’appareil judiciaire, comme certains anciens Procureurs estiment que l’indépendance de la justice est désormais un leurre. De même que l’impartialité de la justice. Ce sont là des prises de position qui dérangent visiblement les responsables de l’institution judiciaire au point des associations de la corporation déplorent ces sortes d’autoflagellation. Alors qu’il n’est pas établi que l’appareil judiciaire soit devenu rassurant pour les justiciables. La preuve, c’est que nombre de tribunaux et juridictions apparaissent surchargés par des affaires empreintes de polémiques et soupçons de partialité. Comment d’affaires non jugées ou non inscrites au rôle pour des motifs purement subjectifs ? Combien de dossiers faisant l’objet d’arrangements, de classements sans suite ou de non-lieu que d’autres magistrats viendraient à rouvrir au gré des circonstances ou des contingences politiques ? C’est tout ce contexte de questionnements et de suspicions qui a retenu l’attention lors de la récente rencontre entre le chef de l’Etat et des magistrats.
En effet, à l’invitation du chef de l’État, les nouveaux membres du Conseil supérieur de la magistrature ont été reçus, la semaine dernière, au palais de Koulouba. « Nous avons été élus membres du Conseil supérieur de la magistrature et depuis nous n’avions pas pris contact avec le président de la Transition. Ce matin, nous avons été invités à cet effet », a confié à la presse, à sa sortie d’audience, le porte-parole des membres élus du Conseil supérieur de la magistrature, Aboubacar Guissé. Cette prise de contact a été l’occasion pour les magistrats d’exposer certaines préoccupations, notamment des problèmes de discipline, de formation, de règlement intérieur ainsi que de la nécessité de procéder à des mutations. Aussi, d’exprimer leur soutien au projet de Constitution. « Le président de la Transition nous a rassurés de son accompagnement, de son soutien à la magistrature. Il a indiqué qu’au Mali, il y a deux problèmes majeurs : le système et l’homme. Le système est déjà mis en place pour conduire le bateau Mali à bon port, il faut donc maintenant des hommes qu’il faut à la place qu’il faut », a rapporté Aboubacar Guissé.
Et ce qui demeure préoccupant est de savoir si les magistrats doivent affirmer leur allégeance à un projet référendaire, qui est par essence, une initiative hautement politique. Quid de la problématique des ressources humaines animant l’appareil judiciaire ? Il sied donc de se demander si le Mali ne doit songer à tenir ses états généraux de la justice, dans le contexte actuel de la refondation. Histoire d’assurer plus de calme au sein d’une famille judiciaire devenue trop….bruyante.
Boubou SIDIBE/maliweb.net