Gestion calamiteuse d’une justice à deux vitesses : Acharnement contre un paysan, silence radio sur les milliards évaporés du ministère des finances

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Par sa façon de gérer, Malick compromet la crédibilité de la justice malienne ; l’homme démontre de jour en jour qu’il est le « Ministre de l’injustice et du droit des proches ».

Sur la base d’une simple dénonciation anonyme dont l’auteur serait un proche  du ministre, Bakary Togola, paysan travailleur qui a revalorisé l’agriculture au Mali, vient d’en faire les frais. Tout simplement parce qu’il est paysan.

L’on  ne comprend pas qu’on s’acharne à la légère contre un paysan, et qu’on garde le silence sur le scandale de l’évaporation de milliards dans les locaux du ministère des Finances, dont le procureur détiendrait déjà toutes les preuves.

Le même ministre était avec la junte militaire, et il a été témoin que pendant des mois le siège de cette structure était devenu destinataire des recettes publiques qui n’ont pas été reversées dans les caisses du trésor public.  Si ces actes devraient être perdus de vue pour avoir profité au ministre, c’est dire que la lutte contre les détournements de deniers publics n’a pas encore commencé. Il s’agit de faits non amnistiés et le ministre devait chercher à récupérer ces fonds, s’il était conséquent avec lui-même.

L’on est choqué par cette justice sélective et discriminatoire : d’un côté il faut oublier les dossiers de détournements établis sur des rapports de vérification et de contrôle consistants, lorsqu’il s’agit des proches, et de l’autre démontrer ses prouesses et sa rigueur lorsqu’il s’agit de pauvres opposés à des proches.

Cette justice sélective et discriminatoire risque de compliquer la situation de crise au Mali. Ce n’est pas en jouant au folklore ou au sensationnel que la justice malienne pourra redorer son blason. La justice est une institution sérieuse pour que ses responsables soient des populistes. La justice ne peut pas trembler devant des décideurs convaincus de détournements et se livrer à des campagnes expéditives de dénigrement  contre des braves paysans, sans défense ni protecteur, sur la base de dénonciation anonyme.

Une autre preuve de cette justice à deux vitesses se situe dans le fait pour le procureur d’avoir publiquement soutenu la présomption de culpabilité contre Bakary Togola qui  devrait, à l’instar de tous, être aussi couvert par la présomption d’innocence qui reste le seul principe. Ceux dont les détournements ont été établis par des rapports de vérification, bénéficient de la présomption d’innocence ; quant à Bakary Togola il est présumé coupable sur la base d’une simple dénonciation anonyme.

Manifestement les droits du leader paysan ont été violés, sur fond de règlement de compte, en se servant d’une affaire qui n’a ni tête ni queue, montée de toute pièce par un proche du ministre.

Les coopérateurs qui sont les propriétaires des fonds imaginaires détournés, sont pourtant formels à dire qu’ils  ne reprochent rien à la gestion de leur président qui reste leur leader exemplaire. Dans son intervention sur une radio privée, Mèné Diallo, président de quatre syndicats, responsable syndical depuis une vingtaine d’années, n’est d’ailleurs pas parti avec le dos de la cuillère contre ce faux dossier monté contre Bakary. Et le monde paysan comme sur un pied de guerre est plus que jamais déterminé à réagir contre cette justice à deux vitesses.  D’une seule voix, les paysans dont le poids est aussi considérable dans l’équilibre social, exigent la libération sans condition de Bakary Togola et de ses codétenus, sachant bien que le ministre jure de ne pas les voir en liberté.

La justice malienne aurait du mal à redorer son blason en  prenant comme maillon faible les acteurs du monde rural, tout en tremblant devant des responsables politiques et administratifs convaincus de détournements de sommes aussi colossales.

Par cette démarche le « ministre de l’injustice et des droits des proches » (comme certains le présentent) vient de montrer sa vraie face.

Comme si tout cela ne suffisait pas, des grognes et murmures dans d’autres milieux accentuent de jour en jour le ras le bol général contre le ministre. L’on sait que la tension monte du côté des membres de la junte avec le rejet de leur demande de mise en liberté, en dépit de la loi d’entente nationale et de toutes les promesses. De sources proches de Amadou Haya et autres, ceux-ci ayant tiré la conclusion d’avoir été abandonnés à leur sort, décideraient de parler de leurs alliés de la justice. Cette menace avait déjà été lancée depuis Sikasso qui, d’après des observateurs serait aussi une des causes non dites du renvoi du dossier.

En dépit des assurances d’une parodie de justice avec les récentes mutations de magistrats, ils estiment avoir été  trahis et ils ne croient plus en rien. Très remontés, ils exigeraient la présence à leur côté au banc des accusés, de tous ceux-ci, afin que toute la lumière soit faite sur cette affaire, à commencer par le ministre lui-même.

Pour eux, tenir ce procès sans entendre leurs alliés de la justice qui sont restés leurs conseillers du début à la fin de leur règne, ne procède pas d’un souci de recherche de vérité.

Cette nouvelle donne rend encore délicate la gestion de ce dossier, d’autant plus que la communauté internationale suit de près son évolution, au même titre que toutes les populations maliennes.

Les choses se compliquent et donnent raison à tous ceux qui pensent que les jours de Malick comme ministre de la justice sont comptés.

Le président IBK a intérêt à prendre toutes ses responsabilités pour éviter des troubles encore plus graves au Mali. On ne fait pas marcher la justice avec le folklore. Les fonctions du ministre de la justice sont très importantes pour être confiées à un populiste qui n’a rien prouvé et qui brille par son amateurisme et son arrogance.

IBK n’aurait nommé Malick à ces fonctions s’il s’était renseigné sur les raisons réelles de sa démission de la magistrature. Pour ces nombreux détracteurs, il est un opportuniste qui n’a rien à enseigner dans la lutte contre l’impunité ou la corruption. Aux dires de ses collaborateurs de Kati, le fond de l’affaire était qu’il tenait à libérer des voleurs de bœufs contre la volonté de sa hiérarchie.

Au-delà de tout ce folklore discordant et criard, attentatoire aux droits fondamentaux du citoyen, l’opinion publique n’a plus de doute qu’avec Malick c’est la perte assurée de tout crédit pour la justice malienne.

Mamadou DABO

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