A moins d’un nouveau report, l’ex-chef de la junte comparaît avec 16 autres coinculpés pour « enlèvement et assassinat, complicité d’enlèvement de soldats »
A l’audience de demain, le juge devant lequel les parties sont citées à comparaître devra se prononcer sur tous les aspects de droit et de procédure de l’affaire. Les avocats des prévenus sont enclins à brandir une loi prise, au nom de la réconciliation, qui passe l’éponge sur les exactions commises en 2012 et un arrangement à l’amiable- argent et habitations – trouvé avec la partie civile. « Selon cette loi, le tissu social est effrité, il faudrait éviter tout jugement qui pourrait remuer le couteau dans la plaie ; Or, certains estiment que le jugement de Sanogo pourrait élargir le fossé entre bérets verts et bérets rouges. Cette loi pourrait nuire au procès. Si les avocats de Sanogo l’invoquent, ce sera l’arrêt de la procédure. Son ardoise sera effacé » a expliqué Moctar Diallo, un des avocats des victimes.
Des parents de victimes ont hurlé leur mécontentement, invoquant « les conséquences sociales de l’impunité qui sont très néfastes, puisqu’elle enhardi au crime, en conférant aux coupables le sentiment d’être intouchables. En réaction, l’impunité entraîne une chute de la morale populaire, puisque l’honnêteté n’est pas encouragée alors que les exactions restent impunies ».
Pas de réelles avancées
Le général Amadou Haya Sanogo qui a bénéficié de la mise en liberté provisoire le 28 janvier 2020 avait été écroué pour son implication dans l’enlèvement et l’assassinat d’au moins 21 « bérets rouges », une unité d’élite restée fidèle au président Amadou Touré. Les corps de ces soldats ont été retrouvés dans un charnier, près de Kati, fin 2013.
Depuis 2016, le procès n’a pas connu de réelles avancées. Aussitôt ouvert le 26 février dernier, il est à nouveau reporté au 11 mars, sans explication. Mais les observateurs ont trouvé le fil caché des choses : les récentes mutations des personnels de la justice. Aussi, l’on est venu à redouter plus que jamais une résurgence des tensions entre ces deux corps d’armée engagés dans la lutte contre les djihadistes.
Encore très populaire au sein de l’armée, le général Sanogo a fait sa première apparition publique depuis sa mise en liberté provisoire lors du soixantième anniversaire de l’accession du pays à l’indépendance, flottant dans sa tenue d’apparat.
Georges François Traoré