Trente ans après l’avènement de la démocratie, à la suite d’une révolution sanglante, le Mali reste toujours à la traîne des bons élèves en matière de respect des droits humains et de la promotion de la justice. En d’autres termes, la justice reste le maillon faible de la démocratie au Mali et pourtant ce n’est pas faute d’avoir des ressources humaines compétentes, mais par la corruption, le népotisme des agents chargés de rendre les décisions de justice.
Pilier central de toute société qui veut aller de l’avant, la justice doit être la dernière digue protectrice des faibles et des blasés de la République, mais c’est le contraire au Mali. La justice malienne s’arrange toujours du côté du plus fort pour anéantir le plus faible. Elle s’acoquine avec les plus riches ou les plus forts pour martyriser les plus faibles, vidant ainsi la démocratie, pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple, de sa substance. Deux exemples viennent étayer cette affirmation, le premier est l’arrestation de 5 agents pour complot contre le gouvernement de la transition, offense au chef de l’État. Cette affaire qui n’est qu’un montage grotesque pour faire taire certains cadres de l’État, a fini par convaincre plus d’un citoyen que la justice malienne est aux ordres de l’exécutif. Le deuxième exemple est relatif à l’affaire CNPM. Jamais on n’aurait imaginé qu’une affaire aussi banale comme celle du Patronat, où toutes les preuves sont établies, que l’on ne puisse pas permettre à la tendance majoritaire de jouir de son droit. Ces deux affaires ont tellement discrédité la justice que le Mali n’est plus à l’abri d’une autre révolution. Un peuple déterminé, digne et debout, prenant en main son destin est capable de soulever des montagnes. Et face à l’injustice, à la corruption, à l’impunité, la désobéissance devient un devoir pour chaque citoyen.
Malgré la déliquescence de la justice, il reste encore quelques ressorts solides capables de résister à cette tentative de ternir à jamais l’image de la justice. Que ces quelques bons juges prennent leur destin en main pour mettre à l’écart toutes les brebis galeuses.
Youssouf Sissoko