L’UNESCO a salué l’ouverture de l’audience d’Ahmad Al Faqi Al Mahdi devant la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye, pour crimes de guerre et destruction de monuments et bâtiments d’importance religieuse ou historiques, dont 9 mausolées du patrimoine mondial de l’UNESCO et une mosquée à Tombouctou, au Mali, en 2012.
Ce procès historique, le premier devant un tribunal international pour destruction des monuments et bâtiments culturels, incarne la détermination de la communauté internationale à ce que ce type de crime soit sanctionné avec toute la force de la loi, non seulement au Mali mais partout dans le monde. La décision de l’accusé de plaider coupable, et les excuses adressées au peuple Malien ouvrent également une perspective de réconciliation et de vérité pour le Mali.
Ce procès marque une nouvelle étape dans la pleine reconnaissance de la destruction délibérée du patrimoine comme crime de guerre, après des décennies d’efforts déployés par l’UNESCO et par la communauté internationale, notamment depuis la destruction de la Vieille Ville de Dubrovnik en Croatie, et du Vieux pont de Mostar, en Bosnie-Herzégovine, qui ont renforcé la base juridique et la prise de conscience mondiale que de tels crimes ne peuvent rester impunis.
C’est également une étape décisive dans la prise de conscience que la protection de la culture est une question majeure de paix et de sécurité, inséparable de la protection des vies humaines et sur laquelle l’UNESCO s’engage et travaille avec le Conseil de sécurité des Nations Unies depuis des années. La destruction du patrimoine culturel est en première ligne des conflits modernes, dans une stratégie de nettoyage culturel où les individus sont tués et persécutés pour des motifs religieux et culturels, et les institutions culturelles détruites, y compris les monuments, les écoles, les lieux de la connaissance et les professionnels des médias, en vue d’empêcher la libre pensée et d’affaiblir la cohésion sociale sur le très long terme. Cette tactique de guerre appelle à une réponse juridique et judiciaire à la hauteur, pour que de tels crimes ne restent pas impunis.
L’UNESCO a immédiatement sonné l’alarme après la destruction du premier mausolée en 2012 et porté ce sujet à l’attention de la Cour. L’UNESCO reste pleinement mobilisée dans l’analyse complète et juste de ce cas précis et ne ménagera aucun effort pour soutenir le travail de la CPI et de la procureure Mme Fatou Bensouda, dans le respect de son mandat et de ses compétences.
L’UNESCO renouvelle également son plein appui au peuple et au gouvernement du Mali, et en particulier pour les communautés locales à Tombouctou, qui ont fait preuve de courage et de détermination dans la reconstruction de leur patrimoine, avec le soutien de la communauté internationale. UNESCO reste déterminée à répondre à la destruction délibérée du patrimoine culturel par tous les moyens, dans les prétoires et sur le terrain, pour préserver la diversité culturelle et les droits de l’homme comme fondement durable de la paix.