Le jeudi 14 Décembre s’est tenue, la 1ère réunion entre le Comité de Pilotage des réparations de l’affaire Al Faqi Al Madhi suite à la destruction des bâtiments protégés de Tombouctou du Fonds au Profit des Victimes de la CPI et le ministère de l’Artisanat, de la Culture, de l’Industrie Hôtelière et du Tourisme. C’était au sein dudit Département. Une rencontre présidée par le représentant du Ministre Andogoly Guindo, Samba Thiam, en présence de la représentante du Fonds au Profit des Victimes de la CPI, Aude Le Goff et celui du Chef de Bureau de l’UNESCO au Mali, Ali Daou.
Pour rappel, suite à la destruction des mausolées et de la porte sacrée de la Mosquée Sidi Yehia de Tombouctou en 2012, la CPI a été saisie par le Gouvernement du Mali pour mener des enquêtes sur les crimes commis contre ces monuments protégés et inscrits sur la liste du Patrimoine Mondial de l’UNESCO. En effet, ces enquêtes ont abouti à un premier procès à l’encontre de Ahmad Al Faqi Al Mahdi. Le 17 août 2017, la Chambre de 1ère instance VIII de la CPI a rendu une Ordonnance de réparation (ICC-01/12-01/15-236-FRA) qui reconnait que le crime commis par M. Ahmad Al Faqi Al Mahdi a causé : un préjudice moral à la population malienne et à la communauté internationale ; un préjudice économique et moral à la communauté de Tombouctou, un préjudice économique et moral aux descendants des Saints enterrés dans les mausolées, aux maçons et aux gardiens. La cour fixe ainsi la responsabilité de M. Ahmad Al Faqi Al Mahdi à 2 .700.000 Euros soit 1.775.000.000 FCFA en faveur des victimes de son crime. Le Fonds au Profit des Victimes a été mis en place par la CPI pour mettre en œuvre le programme de réparation qui intègre des réparations individuelles et collectives allant de l’indemnisation, des mesures symboliques, économiques et psychologiques, à la réhabilitation des bâtiments protégés.
A la cérémonie d’ouverture des travaux de cette réunion, la représentante du Fonds au Profit des Victimes de la CPI, Aude Le Goff a souligné que l’objectif de la réunion est de partager les résultats engrangés au cours des travaux de réparation, de discuter des enjeux de leur mise en œuvre et d’identifier des pistes pour en maximiser les impacts. Qu’il s’agit d’une première. A savoir, le fait qu’il y ait une condamnation pour un crime contre des bâtiments protégés. A ses dires, ce procès est tout simplement historique, car c’est la 1ère fois qu’il y a des réparations pour un crime contre des bâtiments. Donc, qu’il faut une multitude de mesures pour les réparer. Pour cela, Mme Le Goff a fait savoir que les réparations symboliques ont été exécutées en 2021, celles collectives sont presque bouclées à l’issue de consultations communautaires approfondies et qu’il en reste les réparations individuelles qui doivent à présent être finalisées. Ainsi, elle a remercié les Autorités maliennes pour les efforts fournis.
Pour rappel, les bâtiments concernés par le programme de réparation sont : le Mausolée Sidi Mahmoud Ben Omar Mohamed Aquit ; le Mausolée Cheikh Sidi El Mokhtar Ben Sidi Mouhammad Al Kabir Al Kounti ; le Mausolée Alpha Moya ; le Mausolée Cheikh Mouhamad El Mikki ; le Mausolée Cheikh Abdoul Kassim Attouaty ; le Mausolée Cheikh Sidi Ahmed Ben Amar Arragadi ; la Porte de la Mosquée Sidi Yahia ; le Mausolée Ahmed Fulane ; le Mausolée Bahaber Babadié et le Mausolée Cheikh Mohamed Mahmoud Al Arawani.
A cette réunion, le représentant de l’UNESCO, Ali Daou a exprimé la satisfaction de son organisation de poursuivre sa collaboration inédite avec la CPI et son Fonds au Profit des Victimes dans le cadre de ce projet financé par ce Fonds et ses partenaires : l’Allemagne et le Canada. Parlant des difficultés, il soutient que malgré les résultats à mi-parcours encourageants, la mise en œuvre des activités du projet a été émaillée de certains soucis, notamment la crise sécuritaire et l’occupation des abords immédiats des clôtures des cimetières et des nouveaux besoins relevés par les communautés bénéficiaires.
Pour Samba Thiam, le représentant du Ministre Guindo, ce projet a enregistré de remarquables résultats en termes d’études techniques et architecturales. Ne serait-ce qu’au regard de la reconstruction des biens culturels détruits (cimetières et mausolées), le renforcement des capacités des maçons traditionnels de Tombouctou et l’appui institutionnel à la Mission Culturelle de Tombouctou.
Pour lui, cette réunion doit leur permettre de faire le point complet des activités réalisées, d’échanger sur les résultats obtenus, de formuler, au besoin, des recommandations pertinentes et d’échanger sur les activités en cours et programmées. « J’ose espérer que les bénéfices et les impacts attendus du projet permettront de renforcer la promotion de la culture de la paix entre les communautés, la cohésion sociale, le dialogue des cultures, le vivre-ensemble et de recoudre le tissu social, car le patrimoine culturel est sans doute facteur de toutes ces valeurs fondamentales sociales » a-t-il énoncé.
Mariam Sissoko