Au total, ce sont 24 nouveaux membres de la Cour suprême qui ont prêté serment, vendredi dernier, marquant ainsi leur installation officielle dans leurs fonctions respectives. La cérémonie de prestation de serment, qui s’est déroulée dans les locaux de l’institution, a été rendue par le président de la Transition, le colonel Assimi Goïta. C’était en présence du Premier ministre Choguel Kokalla Maïga, du président du Conseil national de Transition, du colonel Malick Diaw, des membres du gouvernement, des présidents des autres institutions de la République et des représentants du corps diplomatique.
Ces nouveaux membres de la plus haute juridiction de notre pays en matière judiciaire et administrative sont le 1er avocat général, le président de la section judiciaire, le président de la section administrative et le 1er rapporteur public de la même section. À ceux-ci, s’ajoutent trois avocats généraux, neuf conseillers au niveau de la section judiciaire, deux rapporteurs publics (section administrative) et six conseillers (section des comptes).
Cette installation se fait conformément aux dispositions de la loi n°2016-046 du 23 septembre 2016 portant loi organique fixant l’organisation, les règles de fonctionnement de la Cour suprême et la procédure suivie devant elle. Elle stipule que les membres de l’institution prêtent serment en audience publique solennelle, interprétée par le chef de l’État qui est aussi le président du Conseil supérieur de la magistrature. En la matière, le déroulement de la cérémonie suit un ordre protocolaire établi.
C’est ainsi qu’après lecture des décrets de nomination des nouveaux membres par le greffier en chef, le procureur général de la Cour suprême a, dans son réquisitoire, noté qu’aujourd’hui dans notre pays, pour les nominations surtout à des hautes fonctions, il est procédé à une enquête de moralité. Une attention toute particulière est également accordée aux critères de compétence technique, a insisté Mamoudou Timbo.
«Le Malikura exige cela des décideurs», a commenté le magistrat. À ce propos, il a témoigné que ces nouveaux membres ont mérité leurs nominations qui ont été faites sur des objectifs de base. Avant d’affirmer qu’il est convaincu que la Cour suprême, qui a besoin de leurs services respectifs, tirera un grand profit de leurs séjours en son sein.
Mamoudou Timbo en a profité pour saluer les avancées considérables quand à l’égalité des citoyens devant la loi aujourd’hui dans notre pays, « annonciateur d’un Malikura ». Désormais, at-il expliqué, il y a des poursuites pénales et disciplinaires contre les magistrats. « On ne peut plus espérer dans ce pays occuper de hautes fonctions et se dire qu’on n’est pas redevable », a prévenu le procureur général.
À cet attendu, « tout le monde doit faire attention même les procureurs », a renchéri Mamoudou Timbo qui les a aussi exhortés à plus de prudence, de professionnalisme et de discipline pour préserver l’image de la justice. Il insistera ensuite sur le respect du secret professionnel et du serment prêté.
SANCTIONNER LES FAUTIFS – Le respect du serment est un pan de notre patrimoine sociétal et culturel, a rappelé, de son côté, le bâtonnier de l’Ordre des avocats du Mali dans sa plaidoirie. Me Ousmane B. Traoré a invité les récipiendaires à honorer leur parole, qui a une valeur sacrée. Il est également invité aux valeurs d’intégrité, de probité et de loyauté. Me Traoré a, par ailleurs, invité à sanctionner les fautifs et à faire la promotion des honnêtes. Car pour le bâtonnier, le salut de la justice et la confiance en l’institution en dépendance.
Au terme de ces interventions, le président de la Transition a installé les nouveaux membres de l’institution dans leurs fonctions en leur faisant prêter chacun le serment suivant : « Je jure de bien et fidèlement remplir ma mission, de l’exercer en toute impartialité dans le respect de la Constitution, d’observer le respect du secret professionnel, de ne prendre aucune position publique, de ne donner aucune consultation à titre privé sur les questions pertinentes de la compétence de la Cour suprême et de me conduire en tout comme un magistrat digne et loyal ».
Le colonel Assimi Goïta a félicité l’ensemble des récipiendaires pour la confiance placée en eux. Le chef de l’État de rappeler que le peuple résilient du Mali, qui aspire à une justice saine, compte beaucoup sur chacun d’eux. « Je vous invite donc à donner le maximum de vous-mêmes dans l’exercice de votre mission, le tout dans l’intérêt supérieur du Mali », a insisté le président du Conseil supérieur de la magistrature. Pour lui, cela est d’autant plus nécessaire que l’œuvre de refondation ne peut réussir sans le concours de la justice et particulièrement la Cour suprême.
Bembablin DOUMBIA