Une session spéciale de la Cour d’Appel de Bamako s’est ouverte le lundi dernier. Les travaux de la Cour d’assises spéciale seront consacrés aux affaires économiques et financières. Cette affaire concerne uniquement des cas d’atteintes aux biens publics et de faux et usage de faux complicités d’abus de confiance, et un cas de blanchiment de capitaux. Parmi lesquels on y trouve celui de l’ancien président de l’APCAM, Bakary Togola qui doit comparaître à la barre ce matin pour répondre des actes de détournements dans le dossier des ristournes des contonculteurs.
Le Procureur général près la Cour d’appel de Bamako, Idrissa Arizo Maïga, dans son réquisitoire lors de la cérémonie d’ouverture, a révélé que cette session d’assises spéciale a à son rôle 18 affaires concernant 54 accusés. Toutes ces affaires sont exclusivement du Pôle Économiques et Financier a t-il expliqué. Le Procureur général près la Cour d’appel de Bamako, Idrissa Arizo Maïga dira aussi que la complexité des dossiers explique la lenteur dans leur traitement, mais pas seulement, car en ce domaine, comme en d’autres, l’engagement personnel du magistrat, sa rigueur intellectuelle et morale, son courage et son professionnalisme sont les seuls moyens de faire manifester la vérité.
Il a rappelé que ces dernières semaines, il ya eu plusieurs rapports de mission de contrôle, notamment du Bureau du Vérificateur général et de l’Office central de lutte contre l’enrichissement illicite. Pour lui, ces rapports présentent beaucoup d’indices en matière de révélation sur les délinquants financiers. Ce qui fait que les prédateurs des deniers publics ne dorment plus que d’un œil, quand ils ne prennent pas purement et simplement la poudre d’escampette. Le spectacle enivrant de la détention ne suffit plus, il faut des résultats, donc des dossiers instruits, et des jugements. C’est à cette seule condition que tous les torts seront réparés, délinquants seront condamnés et les innocents acquittés et une réparation sera faite au Trésor public comme dédommagement “, a estimé Idrissa Arizo Maiga.
Selon le Procureur, il est attendu de la justice, du professionnalisme, de la rigueur dans le traitement des dossiers, du respect et de l’application correcte de la loi, du respect de la présomption d’innocence et des principes légaux de la détention dont l’usage doit être observé dans des conditions peu contestables. Il estime que les juges doivent prendre du courage pour résister à la tentation de la corruption, pour résister aux pesanteurs sociales négatives qui s’appellent favoritisme, népotisme, collusion, suffisance, clientélisme, faveurs indus à la parentèle, et avoir comme unique crédo ou unique repère : le respect de l’éthique et de la déontologie de la profession de magistrat et surtout traiter les dossiers qui les attendent. Ils doivent trancher en permanence et que certaines décisions peuvent être difficiles à prendre et ne vont pas forcément dans le sens attendu. Il faut donc savoir s’inscrire dans la rupture, lorsque le respect de la loi et des principes.
Dans cette session spéciale de la Cour d’assises de Bamako ne figure pas le dossier dit ”Affaire d’avion présidentiel et équipements militaire” dont l’ancien Premier ministre Soumeylou BoubèyeMaiga, Mme Bouaré Fily Sissoko et d’autres font l’objet d’un mandat de dépôt depuis le 26 Août dernier.
Rappelons que Bakary Togola est interpellé avec 6 autres co-accusés, soupçonnés tous dans l’affaire du fonds de soutien au secteur coton estimé à 18 milliards de F CFA en plus de la précédente relative aux ristournes de coton qui s’élèvent à 9,4 milliards de F CFA.
L’ancien président de l’Assemblée Permanente des Chambres d’Agricultures du Mali (APCAM) et de la Confédération des Sociétés Coopératives des Producteurs de Coton (C-SCPC), M. Bakary Togolaavait recouvré la liberté provisoire sous caution le mercredi 07 avril 2021. L’homme aurait été, une fois de plus, interpellé de nouveau par le Procureur du Pôle économique et financier. Sentant sous la menace d’une quelconque poursuite judiciaire, dès sa mise en liberté sous caution, l’homme avait multiplié des visites chez des personnalités politique et religieuse dans le but de pouvoir échapper à la justice malienne pour corruption et détournement de deniers publics. Le fonds de soutien au secteur coton est destiné aux paysans par le biais de leur faîtière, à savoir la Confédération des Sociétés coopératives des producteurs de Coton (C-SCPC). Il est domicilié à la BMS, sous le contrôle du ministère de l’Economie et des Finances, de la CMDT, de l’Agence française de développement (AFD) et de la C-SCPC. Un montant qui évolue selon le cours mondial du coton.
Youssouf SANGARÉ