Courant mars 2003, à l’occasion de la foire, Kalifa Sissao, reconnu comme malade mental, aurait porté la main sur l’épouse d’Abou Dembélé, lui donnant un coup au dos et une gifle. La victime informa son époux, qui fit aussitôt appel à ses amis, Dramane et Naya, pour faire payer au malade mental son insolence.
Suite à une chasse à l’homme, Kalifa Sissao fut repéré sous un arbre et roué de coups de chicottes par ces trois personnes. Pour échapper à ses agresseurs, il se réfugia dans une maison en ruine, d’où sera délogé à coups de fouet.
La victime, sérieusement battue, parviendra à s’échapper de nouveau, mais sera poursuivie en brousse à moto par Naya Konaté. Kalifa sera retrouvé six jours après, mort, le corps en état de décomposition. Les villageois auraient voulu étouffer l’affaire, mais, face à l’obstination des parents de la victime, la nouvelle se répandit.
Les trois accusés reconnurent les faits à l’enquête préliminaire et chez le juge d’instruction à Yorosso. Abou et Dramane, ayant bénéficié de la liberté provisoire, s’étant évaporés, seul Naya Konaté était présent à la barre.
Naya Konaté est né en 1975 à Kifosso, commune de Yorosso, où il est domicilié. Abou Dembelé et Dramane Fané sont nés respectivement en 1978 à Yorosso et en 1977 à Ségou, et sont domiciliés eux aussi à Kifosso.
A la barre, Naya Konaté déclara qu’il était muni d’un fouet pour frapper la victime, mais que celle-ci s’était échappée. Il affirma aussi n’avoir pas pris sa moto pour aller à la recherche de Kalifa en brousse. Au moment de la découverte du corps, il n’était pas présent non plus.
Un témoin du nom d’Amadou Keita, qui a un lien de parenté avec le défunt, dira que le corps de Kalifa a été decouvert entre le village et les champs et qu’ils avaient eu l’autorisation des autorités pour l’enterrer. Mais, bien avant cela, il avait été informé par une dame, que Naya, Abou et Dramane le poursuivaient pour le frapper.
Le minisrère public, représenté par le Substitut du Procureur près la Cour d’Appel de Bamako, Aboubacar Dienta, a demandé à la Cour de déclarer coupable de coups mortels avec intention Naya Konaté. Il affirmera que le coup avait été bien préparé par les trois individus et que Naya avait poursuivi la victime en brousse, comme du gibier, pour lui porter le dernier coup.
L’avocat de la Défense, Abdrahamane Sanogo, expliquera être déçu par la version du procureur, car il n’y a aucune preuve établie permettant de retenir Naya dans les liens de l’accusation. Selon la loi, conclura-t-il, sans preuve, pas de condamnation, car le doute doit profiter à l’accusé.
Après avoir examiné la situation au fond, la Cour, présidée par Amadou Bah, a reconnu Naya coupable de coups mortels avec préméditation, tout en lui accordant des circonstances atténuantes ;
Naya a été condamné à 2 ans de prison ferme et Abou Dembelé et Dramane Fané, absents au procès, à la réclusion à perpétuité.
Adama Bamba