« A la Maison Centrale d’Arrêt de Bamako, on dénombre 3 590 pensionnaires dans une prison conçue pour 400 personnes et, sur les 3.590 pensionnaires, environ 2.910 sont en situation de détention provisoire, soit 80% de l’effectif ». C’est le constat alarmant fait par la Commission Nationale des Droits de l’Homme au Mali (CNDH).
Comme tous les ans depuis le 23 octobre 2015, le continent africain en général et le Mali en particulier, à l’initiative du Réseau des Institutions Nationales Africaines des Droits de l’Homme (RINADH), a commémoré le 25 avril 2023 la Journée africaine de la détention provisoire. L’institutionnalisation de cette journée vise à engager les Institutions Nationales des Droits de l’Homme (INDH) à davantage œuvrer en vue d’une réduction de l’usage excessif de la détention provisoire à travers surtout la promotion des réformes juridiques et des politiques pénales sur les alternatives à l’incarcération. A l’occasion, le président de la Commission Nationale des Droit de l’Homme au Mali (CNDH), Aguibou Bouaré, a fait une déclaration sur la situation du milieu carcéral au Mali. Dans cette déclaration, il a rappelé que cette sixième commémoration s’inscrit en droite ligne de la Déclaration de Yaoundé adoptée le 23 octobre 2015 lors de la dixième conférence biannuelle du RINADH. Et de préciser que la CNDH du Mali est à sa quatrième édition, dont la première qui a eu lieu en 2019 a été marquée par une conférence-débat à la Faculté des droits et par une visite dans les Maisons d’arrêt de Kati et de Koulikoro. La deuxième édition en 2021 a eu lieu à la Maison centrale d’arrêt de Bamako. Elle a été marquée par une visite et un entretien avec l’administration de la Maison d’arrêt et le recueil des statistiques sur la détention provisoire. Quant à l’édition de 2022, elle a été marquée par l’organisation d’une rencontre de sensibilisation sur la détention provisoire et une remise de kits symboliques de nourritures aux pensionnaires du Centre de Détention, de Rééducation et de Réinsertion pour femmes de Bollé. Selon lui, l’édition de cette année 2023 a été marquée par le monitoring des lieux de privation de liberté dans le district de Bamako, notamment la Maison Centrale d’Arrêt de Bamako et certaines unités d’enquête. Agibou Bouaré, tout en saluant les efforts du gouvernement en la matière, déplore qu’à la date d’aujourd’hui, la Maison Centrale d’Arrêt de Bamako compte 3.590 pensionnaires dont 2.910 en détention provisoire, soit plus de 81% des pensionnaires en détention provisoire. C’est pourquoi, précise-il : « investie du Mécanisme National de Prévention de la torture, la CNDH entend œuvrer à la réduction des chiffres de la détention provisoire au Mali. Pour ce faire, elle s’attèlera à établir un dialogue constructif et permanent avec tous les acteurs concernés par la problématique dans le but de parvenir à un changement de paradigme sur la question ». « Les instruments de protection des droits de l’Homme consacrent le droit d’être jugé dans un délai raisonnable conformément aux dispositions des articles 9 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques et 7 de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples. Ces instruments prescrivent le caractère exceptionnel de la détention avant jugement, étant entendu que la liberté est le principe. Les États sont encouragés à apporter un encadrement législatif à la détention provisoire », a-t-il déclaré.
Fabrice Abdoul
Source : Plume Libre