Cheick Mohamed Chérif Koné donne des précisions à propos de la décision du Tribunal Arbitral du Sport. Nous lui avons posé cette question : en réaction à votre interview, il y a quelques jours, la partie supposée perdante devant le Tribunal Arbitral du Sport, parle d’ingérence. Avez-vous d’autres précisions à donner ? Voici sa réponse.
«L’implication des organisations de magistrats est aujourd’hui une exigence internationale pour la bonne gouvernance et dans la lutte contre la corruption. Ni la FIFA, ni même le Gouvernement du Mali et, encore moins la Fémafoot, ne saurait empêcher la justice malienne d’ouvrir des procédures pour instruire des faits de malversations financières portés à sa connaissance. L’Etat est tenu de mettre à la disposition de la justice les moyens suffisants nécessaires aux investigations. Il s’agit des fonds publics qui sont concernés ici, l’argent du contribuable malien.
Quant aux deux autres, elles ont l’obligation de coopérer ou de collaborer avec la justice dans la recherche de la vérité. Il appartient aux responsables de la Fémafoot incriminés ou mis en cause de se défendre eux-mêmes. Le fait pour lesdits responsables de brandir le spectre du principe de la non-ingérence dans les affaires internes de la Fémafoot, n’a aucune portée dans la situation en présence. Si la gestion du football est l’affaire de la seule Fémafoot, la bonne gouvernance à tous les niveaux est une affaire de tous. Si nous sommes au Mali, nous sommes tenus de nous harmoniser avec les grandes tendances internationales. C’est à travers les organes de presse que nous avons tous été informés de la sentence arbitrale intervenue pour mettre fin à un litige qui opposait des responsables de notre football qui, depuis des années, ne parlent plus le même langage.
J’ai été régulièrement saisi en son temps, en ma qualité de représentant d’une structure de la société civile, d’une organisation professionnelle de juristes pouvant donner des avis sur des questions juridiques relatives à une sentence arbitrale, afin d’en déterminer la portée. Vu que le dispositif se suffisait à lui-même et ne souffrait d’aucune ambigüité, lequel ordonnait le respect des délais, j’ai fait remarquer d’une part que du fait même du caractère définitif et exécutoire de la sentence, son respect s’imposait à tous ; d’autre part qu’il s’agissait d’une exécution intégrale et non partielle. Ma position n’avait pas varié lors d’un échange avec l’émissaire du Ministre en charge des Sports.
À ce stade, je voudrais préciser que mes présents propos ne sauraient engager le Syndicat Autonome de la magistrature, encore moins le corps des magistrats. Si au Mali, la gestion du football est la chose de la Fémafoot, ce sport est une affaire de tous ; aucun citoyen ou groupe de citoyens ne saurait être exclu des débats le concernant. Dans un premier entretien, j’avais soutenu le laxisme, voire la complaisance à quelques niveaux au plan national, comme faisant partie des causes qui avaient conduit des responsables de notre football à Lausanne en Suisse devant le Tribunal Arbitral du Sport. Aussi, ayons le courage de le dire : cette affaire n’aurait pas connu toute cette péripétie si la FIFA avait été efficace ou si elle en avait même fait une question de préoccupation. Elle ne devrait pas manquer de ressources pour concilier les parties membres de son organisation. La sentence arbitrale qui est définitive et exécutoire s’impose à tous, à commencer par la FIFA elle-même, en tant qu’organe d’exécution et sujet de droit.
Aujourd’hui, je suis heureux de savoir par le canal de la Secrétaire Générale de la FIFA, qu’elle suit de près l’évolution de la situation en rapport avec la Fémafoot, pour le bonheur de notre peuple. Je resterai imperturbable tant dans mes propos que dans mes écrits, face à toutes délations ou tentatives de divertissement. La bonne gouvernance et la lutte contre la corruption et les malversations financières s’appliquent dans tous les domaines, y compris celui du sport. À moins d’en rapporter la thèse contraire.
Les scandales récents auxquels nous avons assisté, lesquels ont profondément secoué des premiers responsables de la FIFA, ont démontré que cette prestigieuse institution, n’était pas un milieu exempt de corruption. Aucune de ses dispositions ne fait de place aux malversations sous quelques formes qu’elles soient. C’est suite aux désaccords intervenus entre dirigeants de la FIFA, qu’il a été donné, de démasquer et démanteler, les grands réseaux mafieux. C’est la justice qui est au-devant de la scène, dans l’affaire FIFA/GATE.
En examinant des faits de malversation portés à sa connaissance sur la base d’une plainte régulière, la justice malienne ne fait pas une ingérence dans les affaires de la Fémafoot. En faisant autrement, l’on se trouverait en face d’un déni de justice. Donner un avis sur une sentence arbitrale définitive et exécutoire en vue de sa bonne exécution, à la demande des parties concernées, n’est pas une ingérence. Reconnaître après échanges, de la bonne disposition des autorités pour le respect de la dite sentence qui s’impose à tous, ne saurait non plus être une ingérence dans les affaires de la Fémafoot».
Propos recueillis par S. Keïta
La FIFA ne saurait être une couverture pour faire n’importe quoi, Blatter et Platini en ont fait les frais et beaucoup de dirigeants de cette FIFA sont aujourd’hui en prison.
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