Ils sont visés par une plainte du PDG de la Compagnie malienne pour le développement des textiles (CMDT) pour avoir exigé le paiement des ristournes de la campagne 2014-2015 et le renouvellement du bureau del’UN-SCPC avant l’évacuation du coton graine dans les unités de transformation de la CMDT. Ce bras de fer CMDT-paysans risque de compromettre la campagne d’égrenage de coton 2015-2016.
Le divorce entre la Compagnie malienne pour le développement des textiles, l’Assemblée permanente de la chambre d’agriculture du Mali (Apcam) et les paysans est presque consommé. Après l’annulation de la marche des producteurs de coton, le PDG de la CMDT a assigné certains responsables du Collectif des producteurs de coton au Tribunal de première instance de Koutiala, notamment Mamadou Coulibaly et Sékou Coulibaly (Ouolobougou), Oumar Sanogo (Sanga), Soumaïla Dembélé (Oundina), Sitan Coulibaly (Sirakélé), Dramane Traoré (Klé), GaoussouSango (Koniko), Drissa Coulibaly (Ngologninesso), Souleymane Koné, Napa Koné et Abou Koné (Konséguéla).
La direction de la CMDT reproche aux paysans d’avoir refusé l’évacuation du coton graine vers les filiales de transformation, les manifestations pour le paiement des ristournes de la campagne passée et le renouvellement du bureau de l’Union nationale des sociétés des coopératives de producteurs de coton (UN-SCPC).
Cette réaction de la CMDT fait grand bruit dans les quatre filiales. Et pour manifester leur solidarité aux camarades convoqués à la justice, les paysans de Koutiala, en collaboration avec les délégués de Fana, Sikasso et Kita, organisent chaque jour des assemblées générales à l’entrée du Tribunal de première instance de Koutiala.
“Alors que nous voulons pacifiquement demander la suspension des activités de l’actuel bureau illégal et illégitime de l’Union nationale des sociétés des coopératives de producteurs de coton (UN-SCPC), l’arrêt des travaux et la dissolution de la commission d’appel d’offres des intrants agricoles de la campagne 2016-2017, le paiement de nos ristournes sur les bénéfices de la vente du coton de la campagne 2014/2015 et le renouvellement des instances de l’UN-SCPC conformément aux textes en vigueur, la CMDT nous a convoqués en justice. Une violation pure et simple des droits et libertés des paysans”, a dénoncé Sitan Coulibaly. Et d’annoncer la mise en œuvre de la lettre d’avertissement des producteurs de Koutiala du 17 octobre 2015, au PDG de la CMDT relative à l’arrêt de toute évacuation du coton graine.
Pour Drissa Coulibaly de Ngologninesso, dans l’histoire de la CMDT, aucun directeur général, aucun PDG n’a convoqué un paysan devant la gendarmerie. Ce mardi, sur instruction des services de la CMDT, la justice de Koutiala a convoqué dans ses locaux les producteurs de coton.
“La justicea notifié aux producteurs que la CMDT a porté plainte contre eux pour refus d’évacuation de coton graine. Par là, elle aposéun acte sans précédent dans l’histoire de la CMDT. Or, la CMDT est responsable de lamauvaise gestion de la crise actuelle, que traverse la faîtière des producteurs de coton”,a-t-il fulminé, ajoutant que les paysans sont écœurés par les propos du DGA de la CMDT, qui les a traités d’animaux, lors de sa tournée sur les ristournes, en ces termes : “Quand tu habitues ton animal au sel, le jour où il te verra avec une calebasse vide, il te suit”.Mais rien n’ébranlera la ferme volonté des producteurs à faire aboutir les revendications pour la bonne gouvernance de l’Union nationale des sociétés des coopératives de producteurs de coton (UN-SCPC), a-t-il précisé.
Une perte énorme pour l’Etat
La réaction des producteurs de coton de Koutiala qui vient de s’étendre aux quatre filiales de la CMDT est un germe de la perturbation de la campagne d’égrenage. La filiale de Koutiala qui constitue la vache laitière de la CMDT fonctionne au ralenti. Sur les quatre unités de transformation, une seule marche. Les responsables du Collectif des différentes localités ont appelé les paysans à l’arrêt de tous les travaux. Des camions de la CMDT ont fait le tour de plusieurs villages dans la zone de Fana sans pouvoir se procurer de coton fibre.
De Sikasso en passant par Kita, la démarche est suivie. Ce qui fait perdre à l’Etat des milliards de F CFA.
Pour un dénouement heureux de la crise, les paysans interpellent le président de la République et son Premier ministre.
BréhimaSogoba, envoyé spécial