“Je n’ai été impliquée qu’au moment du paiement des sommes à verser””
Le procès du dossier dit “achat de l’avion présidentiel et d’équipements militaires” a démarré le mardi 24 septembre à la Cour d’appel. Cinq personnes sont placées sous mandat d’arrêt international faisant l’objet de recherche et 4 sous mandat de dépôt dont Mme Bouaré Fily Sissoko, ancien ministre de l’Economie et des Finances, Mahamadou Camara, ancien directeur de cabinet d’IBK et deux officiers supérieurs militaires. Ils comparaissent pour des faits de faux en écriture, usage de faux, atteinte aux biens publics, corruption, trafic d’influence et favoritisme. Une irrégularité financière de plusieurs milliards F CFA a été décelée. Ce procès s’inscrit dans le cadre des assises spéciales sur les crimes économiques et financiers.
peine démarré, ce procès longtemps attendu est suspendu et remis au lendemain mercredi pour les débats de fond. Des cas d’exception ont été soulevés par les avocats de la défense concernant la non-comparution de certains témoins clés, notamment Sidiki Samaké, actuel secrétaire général du ministère de la Défense, et Coumba Diarra, membre de la commission de réception des équipements au moment des faits.
Pour la manifestation de la vérité, un autre avocat a demandé la comparution de Madani Touré, ministre délégué au Budget, Oumar Tatam Ly et Moussa Mara, tous anciens Premiers ministres et témoins clés de l’affaire. Toutes ces exceptions ont été rejetés et l’audience suspendue.
A la barre de cette affaire qui a trop duré pour les proches et les avocats, comparaissent Bouaré Fily Sissoko, ancien ministre de l’Economie et des Finances, Mahamadou Camara, ancien directeur de cabinet du président de la République, Nouhoum Dabitao qui dirigeait le Commissariat des armées et Moustapha Drabo de la direction du matériel, des hydrocarbures et du transport des armées.
Les magistrats vont sceller les sorts des accusés au cours de ce procès. Il s’agit de Soumaïla Diaby, Sidi Mohamed Kagnassy et les frères Amadou et Nouhoum Kouma n’ont pas comparu. Ils seront jugés par contumace puisqu’ils sont placés sous mandat d’arrêt international. Pour cause de décès, il y a eu l’extinction de l’action publique contre l’ancien ministre de la Défense, Soumeylou Boubèye Maïga. Il est reproché aux accusés le détournement de deniers publics de plusieurs milliards F CFA dans l’achat de l’avion présidentiel et d’équipements militaires courant 2013-2014. C’est à la suite d’une enquête du Bureau du Vérificateur général que des poursuites ont été engagées par le pôle spécialisé avant que le dossier ne soit classé secret-défense.
La journée du mercredi a été marquée par un débat entre Mme Bouaré Fily Sissoko et la Cour sur l’acquisition de l’avion présidentiel. Ensuite, Tiéna Coulibaly a témoigné en sa qualité d’ancien ministre de l’Economie et des Finances.
A l’entame de ses propos, Mme Bouaré Fily Sissoko a rejeté les faits. A ses dires, les contrats d’achat de l’avion présidentiel sont arrivés chez elle déjà signés du ministre de la Défense Soumeylou Boubèye Maïga avec l’engagement d’achat et l’instruction pour décaissement. A l’entendre, les normes du marché public n’ont pas été respectées. “J’ai été mise devant le fait accompli. La lettre d’intention était signée par le ministre de la Défense”, déclarera-t-elle.
Mme le ministre a indiqué que ledit avion a été acheté à près de 19 milliards F CFA. Au président de la Cour de lui rappeler que ce sont 21 420 858 562 FCFA, qui ont été débloqués pour l’achat dudit avion et que Soumeylou Boubèye, en son temps, a déclaré que l’avion n’a coûté que 7,47milliards F CFA.
“J’ai découvert les 7 milliards F CFA de Boubèye dans les rapports, donc je n’ai pas de commentaire à ce niveau. Je n’ai jamais eu connaissance des 21 milliards de F CFA. Je n’ai été impliquée qu’au moment du paiement des sommes à verser au vendeur. J’ai toujours bien servi mon pays et j’ai toujours voulu que ce dossier soit tiré au clair pour mon honneur et ma dignité”, affirmera-t-elle confiante et sereine.
Après 6 heures de débats, Fily Sissoko est restée sur sa position.
A sa suite, Tiéna Coulibaly a signalé n’être pas au courant de l’acquisition d’un avion présidentiel. Cependant, concernant les équipements militaires, il a indiqué avoir rejeté à trois reprises ces contrats pour des irrégularités en raison de la violation de la loi sur les marchés publics. “Toute dépense qui n’est pas prévue par le budget est violation de la Loi des finances. Le ministre de l’Economie et des Finances a l’obligation de rejeter toute dépense non prévue lors de l’élaboration du budget”, a réitéré l’ancien ministre.
Marie Dembélé
Mme Bouare il fallait refuser le fait accompli! Tu es une femme libre qui doit decider de ce qu’elle fait!