Le foncier, crime et délit, la famille, l’argent, les voisins et l’emploi, sont des problèmes les plus fréquents devant les tribunaux selon une enquête réalisée sur les besoins et satisfaction de la justice dans notre pays.
La présentation officielle du deuxième Rapport des enquêtes sur les besoins et la satisfaction de la justice au Mali a eu lieu, le lundi 8 avril dernier, à l’hôtel Amitié de Bamako. Cette cérémonie de présentation était présidée par M. Bakary Soriba Coulibaly, Conseiller technique, représentant le Ministre de la justice qui avait à ses côtés l’ambassadeur du Pays-Bas au Mali, Son Excellence Jolke Oppewal et l’ancien Ministre Malick Coulibaly. C’était en présence des Représentants des organisations nationales et des Responsables de Hiil, l’ONG qui a réalisé cette deuxième enquête à travers ses partenaires DEMESO et le Ministère de la Justice.
Prononçant son discours, l’Ambassadeur des Pays-Bas au Mali s’est penché sur le bien-fondé de cette enquête sur les besoins et la satisfaction de la justice, faisant un diagnostic de l’appareil judiciaire et les justiciables. «Le Mali fait face à un besoin crucial de la justice pour rassembler les citoyens. Cette enquête permettra de renforcer le contrat social au Mali et rapprocher le gouvernement à ses populations », indique le Diplomate néerlandais au Mali.
Dans sa présentation, Mme Kavita Heijstek Ziemann, Conseillère à Hiil, a expliqué l’enquête en question et les personnes touchées. Selon elle, 8307 personnes ont été interviewées dans les dix Régions et le District de Bamako. Suivant son argumentaire, 37% des personnes interrogées affirment avoir eu un problème de justice en 2018. Ce qui démontre qu’il y a eu une augmentation de 5% par rapport à la première enquête réalisée en 2014. 88% des Personnes ont cherché des informations et de conseil, cette proportion est à peu près la même qu’en 2014. 87% prennent des mesures pour résoudre leur problème de justice, une amélioration par rapport en 2014. 47% sont capables de résoudre, totalement ou partiellement, leur problème et 53% sont incapables de résoudre leur problème. Autrement dit, soit ils ont abandonné, soit leur problème est toujours en cours.
Selon l’enquête, le foncier, la famille et les crimes/délits sont les catégories qui touchent le plus grand nombre de personnes dans toutes les Régions, avec quelques distinctions : Dans cinq Régions (Mopti, Ségou, Kayes, Koulikoro et Sikasso), les problèmes fonciers constituent le type de problème de justice le plus courant. A Bamako, Kidal et Ménaka, la catégorie crimes/délits est la plus répandue. Enfin, à Tombouctou, Gao et Taoudéni, la catégorie la plus courante concerne les problèmes familiaux.
Problèmes de famille et d’emploi diminués
Toutefois, le pourcentage de Maliens confrontés à un ou plusieurs problèmes a augmenté de 5% depuis 2014. Cela signifie que près de 100 000 personnes supplémentaires ont besoin de la protection de la loi pour résoudre leurs problèmes. Le nombre de problèmes par personne a diminué. Plus de personnes ont un problème juridique, mais moins de personnes ont de multiples problèmes. Ce sont en particulier les problèmes de famille et d’emploi qui ont diminué.
Rappelons qu’en 2014 Hiil a mené au Mali la première enquête sur les besoins et la satisfaction en matière de justice afin de mieux comprendre les besoins des citoyens ordinaires ainsi que leur chemin vers la justice. Au cours de cette deuxième enquête, appuyée par l’Ambassade des Pays-Bas à Bamako, il ressort également une nécessité de développer des stratégies d’innovation afin de trouver des solutions aux problèmes de justice.
Après avoir suivi avec attention la présentation de l’enquête, l’ancien Malick Coulibaly a exprimé sa préoccupation quant aux conditions de travail des acteurs de la justice. « Les acteurs de la justice n’ont que la lumière du jour au travail. Quelle justice voulez-vous qu’ils rendent ?, interroge-t-il, avant d’ajouter que la justice n’a pas vocation à se débrouiller ».
Pour sa part le Représentant du Ministre a invité à faire une meilleure exploitation des données collectées en vue de leur traduction en des outils pertinents permettant d’améliorer la gouvernance du système judiciaire au Mali.
En somme, signalons que deux séquences de sketches de sensibilisation sur un problème foncier et son règlement devant la justice ont été fait par le groupe ‘‘agoratoire’’. Malgré les documents délivrés par le Chef de village ou la mairie, il ressort que, seul le titre foncier est propriétaire de parcelle.
Ousmane MORBA