Audience de confirmation des charges contre le terroriste Ahmed Faqi Al-Mahdi : L’AMDH et les organisations de droit de l’homme demandent l’élargir les charges à d’autres crimes

0

Le Malien Ahmed Al-Faqi Al-Mahdi, ancien membre du groupe Ansar Dine, a comparu, le mardi 1er mars, à l’audience de confirmation de ses charges devant la Cour pénale internationale (CPI) pour la destruction des mausolées de Tombouctou, en 2012. Au cours de cette audience, la Procureure de la CPI, Fatou Benssouda,  a affirmé que les dommages causés à ces mausolées constituent «un crime qui ne peut rester impuni».

  

Fatou Bensouda a estimé qu’Ahmed Al-Faqi Al-Mahdi était un maillon clef de l’administration parallèle mise en place par Ansar Dine et Aqmi à Tombouctou en avril 2012 afin d’«exercer leur emprise sur la population de Tombouctou». Ce dispositif comprenait notamment un tribunal islamique, une police islamique et une brigade des mœurs, une hesbah, en arabe, chargée de faire appliquer la charia.

«Nous devons agir face à la destruction et la mutilation de notre héritage commun», a indiqué Fatou Bensouda, lors de l’ouverture de l’audience dite de confirmation des charges. Pour la Procureure, ces destructions ont constitué «une attaque contre une population entière et contre son identité culturelle. La conscience collective de l’humanité a été choquée par la destruction de ces sites. Un tel crime ne peut rester impuni. C’est la première fois que mon bureau retient un tel chef d’accusation portant sur la destruction de biens et bâtiments religieux et culturels», a affirmé la Procureure Fatou Bensouda, invitant les juges à saisir cette chance de «lutter contre ce fléau qui est souvent le prélude aux pires exactions contre les populations». «Des attaques contre le patrimoine culturel sont constantes. Malheureusement, il n’y a que trop d’exemples récents, comme dans les cités d’Alep et Palmyre, en Syrie», a-t-elle précisé. Avant d’appeler la Cour à «agir face à la destruction et la mutilation de notre héritage commun». Selon les charges qui pèsent contre lui, Al Faqi Al Mahdi s’est rendu responsable de crime de guerre en détruisant neuf mausolées et l’une des plus importantes mosquées de la ville, Sidi Yahia, entre le 30 juin et le 10 juillet 2012.

L’accusation a expliqué que c’est à la tête de cette brigade qu’Ahmed Al-Faqi Al-Mahdi a opéré jusqu’en septembre 2012. L’accusation a soutenu qu’il aurait également été très actif au sein du tribunal islamique, car il faisait figure de spécialiste en religion.

C’est d’ailleurs en vertu de cette réputation que cet ancien fonctionnaire de l’Education nationale a été recruté dès 2011 par Ansar Dine.

«Abou Tourab», comme on le surnommait, était alors en contact régulier avec les chefs d’Ansar Dine et Aqmi. Il est présumé être le cerveau de la mise en œuvre du plan commun de destruction des mausolées. C’est lui qui aurait identifié et surveillé les cimetières les plus visités, défini l’ordre d’attaque des édifices et même écrit en personne le sermon sur la destruction de ces mausolées qui a été lu lors des prêches à Tombouctou le vendredi précédant le déclenchement de l’opération.

La tenue de cette audience est à la fois un motif de satisfaction et de déception. En effet, pour certains, c’est une bonne nouvelle de voir l’auteur du saccage des mausolées de Tombouctou, des biens culturels classés  parmi le patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO. Pour eux, il faut le juger et le punir pour la violence de ces actes barbares. En détruisant ces mausolées, ces terroristes ont emporté dans leur furie une partie de la mémoire des populations de la cité des 333 saints.  C’est pourquoi, pour d’autres, c’est la déception. Car, c’est uniquement pour la destruction des mausolées qu’Ahmed Al-Faqi Al-Mahdi a comparu devant la Cour pénale internationale. Pour les organisations de défense des droits de l’homme, notamment l’AMDH, ce cadre du groupe jihadiste Ansar Dine est soupçonné d’avoir participé à d’autres crimes pendant la période d’occupation du Nord. En effet, selon le premier responsable de l’AMDH, «ce n’est pas suffisant». L’Association malienne des droits humains (AMDH) et la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) demandent à ce que les charges soient élargies aux crimes infligés à la population pendant l’occupation. Ces deux organisations avaient déjà porté plainte devant la justice malienne, en mars 2015, contre Ahmed al-Faqi al-Mahdi et quatorze autres personnes pour des cas de tortures, de détentions arbitraires, de meurtres et de violences sexuelles. Selon Me Moctar Mariko, c’est justement parce qu’il était le chef de la brigade des mœurs qu’Ahmed Al-Faqi Al-Mahdi est responsable des exactions commises à Tombouctou et qu’il faudrait élargir les charges contre lui.

Il ne serait donc pas étonnant que d’autres charges soient retenues à l’encontre du terroriste plus tard. Cela au grand bonheur des populations maliennes et de celle de Tombouctou en particulier.

 

Youssouf Diallo

 

Commentaires via Facebook :