Assises de Sikasso : Renvoyées à la première session ordinaire de la Cour d’Assises de Bamako de 2017

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La nouvelle est tombée comme un couperet. Le report tant murmuré du procès de l’affaire des 21 bérets rouges, a été confirmé. Hier jeudi, dans la salle Lamissa Bengaly  de Sikasso, réquisitionnée pour la circonstance, le président de la Cour, Mahamadou Berthé a ordonné le renvoi du procès à la première session ordinaire de la Cour  d’Assises de Bamako de 2017.

Les exceptions ont finalement eu raison du cours normal des débats. Les Maliens restés sur leur faim devraient attendre encore et encore  pour connaitre toute la vérité dans cette affaire, dont l’aboutissement semble ne pas arranger des hommes politiques et des hauts gradés de l’  armée. Pendant ce temps, pour la manifestation de la vérité, l’expertise médicale sera confiée au centre Mérieux de Bamako. Allons-nous vers une affaire judicaire inédite ? Qui veut instrumentaliser ce procès ? s’interroge-t-on.

Pourtant, au début de la session supplémentaire de la Cour d’assises en transport à Sikasso, toutes les deux parties  avaient exprimé leur volonté à ce que le droit soit dit et que la vérité soit sue. Aujourd’hui, force est de reconnaître  que ce renvoi n’est guère à l’avantage  des inculpés qui continueront à méditer sur leur sort jusqu’aux prochaines assises. En tout cas, on a l’impression qu’il y a une  certaine instrumentalisation autour de cette affaire qui n’a que trop duré. Tout au long du procès, les avocats de la défense ont utilisé tous les moyens pour  obtenir ce renvoi. Est-ce une manière de dévoiler au public qu’ils manquent d’arguments pour défendre leurs clients qui sont pressés de redevenir des citoyens libres. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la montagne a accouché d’une grosse souris à Sikasso. Quel gâchis pour notre budget, eu égard les fonds mobilisés pour l’organisation du procès. Au triste constat  des parents des victimes, il revient à l’appareil judiciaire de prendre toute sa responsabilité pour garantir le droit de chaque partie au procès. Egalement de mieux préparer cette prochaine session sur le plan de la couverture médiatique. Grand merci au ministre de la Justice Me Mamadou Ismaël Konaté pour son engagement personnel pour la tenue de ces assises et pour que le droit soit dit. Nous y reviendrons.

Jean Goïta

 

 

 

Après le renvoi , ils ont dit :

Me Moctar Mariko, avocat de la partie civile

« Le triomphe du droit et de la justice ».

 

« Nous pensons que le droit a été dit. La cour a accordé une attention particulière sur  tout ce que la défense a dit et dans toute la sérénité, la cour a répondu point par point, c’est-à-dire  la cour a répondu à toutes les exceptions qui ont été soulevées par la défense. Avec un point de vue logique et du droit la cour les a  rejeté sauf en ce qui concerne l’expertise. La cour a estimé que les accusés n’ont pas reçu  copie du rapport d’expertise et elle a estimé de reprendre cette expertise en la confiant au laboratoire « Charles Mérieux »  qui se trouve à Bamako ? Il a désigné un conseiller, Mr Taïcha Maiga pour se faire et que ce rapport va être déposé dans les 45 jours et a renvoyé le procès à la première session de 2017. Je pense que c’est une victoire de la justice, des parties civiles . Tout ce qui a été demandé de l’autre côté a été rejeté. Les parties civiles sont  rassurées qu’elles pourront effectivement, à la suite du rapport qui va être déposé aller tout droit vers un procès.  Les  familles des victimes sont prêtes à cela. Elles veulent que toute la vérité soit dite dans cette affaire. Un rapport d’expertise peut nous permettre de savoir comment, ils ont été assassinés, avec quelles balles, est ce que ce sont les balles de l’armée malienne ? Le rapport peut déterminer tout ça. Tout ça participe à la manifestation de la vérité.  Tous ceux qui seront reconnus coupables vont être condamnés et ceux qui n’auront pas une implication active dans ce procès, ceux-ci seront acquittés.  Ce renvoi ne ralenti pas notre élan. Vous voyez, le procès Simone Gbagbo a commencé au mois de Mai en Côte d’Ivoire on est là-dessus, le procès d’Hissène Habré a duré 25 ans et une décision a été rendue. Donc nous sommes pour ça. »

Procureur général, Mohamed Lamine Coulibaly

« Le triomphe du droit et de la justice ».

 « Le parquet  à  intérêt à la manifestation de la vérité. Parce que c’est la partie  principale au procès pénal. Si la cour dans le cadre de la manifestation de la vérité, ordonne qu’il y ait une autre expertise c’est tout à fait normal. C’est pourquoi je disais que les décisions de justice ne se commentent pas, elles s’imposent et le parquet est chargé de les exécuter.  C’est une satisfaction parce que c’est le droit et nous sommes là pour que le droit triomphe. Toute notre action s’inscrit dans ce sens. Vous avez  remarqué que la cour a refusé la demande de liberté a laquelle nous nous étions opposés. Pratiquement toutes les exceptions soulevées nous nous étions opposés, nous avons requis un rejet de ces exception et la cour nous a suivi. La cour estime que pour que chacun soit au même niveau,  pour un équilibre et pour qu’on ne dise pas que les expertises ont été faites par des étrangers qui n’ont pas prêté serment et qui ne sont pas connus, la cour par sagesse, a dit je désigne un laboratoire malien. Et ce laboratoire va faire le travail. Donc je suis satisfait car c’est le triomphe du droit et de la justice ».

Me Alimam B Abdoulaye, avocat de la défense

« La cour a fait droit à la demande d’expertise »

« Le procès a été reporté parce qu’il  y a un certain nombre d’irrégularités qui ont été soulevées par les conseils de la défense . La cour a rejeté les exceptions relatives à la nullité de la citation et autres, mais par contre à fait droit à la demande d’expertise parce qu’elle a estimé que l’expertise qui a été ordonnée par la justice d’instruction et le rapport qui été fourni à l’issu des opérations étaient entachés d’irrégularités. Il a donc ordonné une nouvelle expertise. Tous les autres points ont été rejetés y compris la demande de mise en liberté provisoire »

La rédaction

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2 COMMENTAIRES

  1. Je me demande quelle guerre il y t-il entre Sanogo et l’ambassade américaine. Pourquoi il n’y a pas cette guerre entre Sanogo et l’ambassade de France ?

  2. Il est bien que cette fois-ci l’expertise soit faite de façon impartiale et professionnelle. Mais dans le cas présent je ne pense pas que Mérieux répond à ces critères. Ce procès se fait sous la pression de la France qui veut régler son compte avec Sanogo par ce que le coup d’état a foiré le plan machiavélique et infâme qu’elle avait savamment ourdi contre le Mali. Cela se lit sur les lèvres de Serge Daniel, son représentant de presse. La haine de ce journaliste à l’égard du “capitaine bombardé général” est énorme au point de la déverser via les antennes d’Africable sous l’oeil complice d’Alpha Omar Konaré.
    Les observateurs sont divisés en deux camps: les pro et les anti-Sanogo. Un affrontement entre ces deux camps pourrait déboucher sur une pagaille sociale. La France, pêcheur en eau trouble demeure toujours en embuscade. Vous conviendrez avec moi qu’elle est à la base de la rébellion au Mali. Nos soldats ont été tués de la pire des manière à Kidal ,Taoudéni etc…Pourquoi la Cour Pénale Internationale, saisie régulièrement par les autorités malienne a mis dans les calandres grecques ce dossier? C’est encore la France qui obstrue et instruit à la CPI ce qu’elle doit faire. Les dés sont pipés depuis longtemps.
    Et si les maliens ne prennent garde un procès instrumentalisés risque de gravement nous diviser encore. Les vrais gagnants seront cette partie de la société civile ( AMDH, Amnesty International, Ligue Malienne des Droits de l’Homme…) financée directement ou indirectement, totalement ou partiellement par l’Europe et les Etats-Unis dont le chef de file est encore la France.
    Cette analyse pourrait déplaire à certains, mais je pense qu’il faut accepter de voir souvent les choses autrement.

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