Le mardi 21 avril 2020, la chambre d’accusation de la Cour d’appel de Bamako a annulé les poursuites contre les présumés coupables dans l’affaire dite de l’achat de l’avion présidentiel et des équipements militaires pour les Forces Armées du Mali, FAMa. Cette annulation a eu comme conséquences la libération de Mahamadou Camara, arrêté pour favoritisme dans ladite affaire, et surtout le classement sans suite, comme en 2018, de cette rocambolesque affaire. Par cette décision de la chambre d’accusation de la Cour d’Appel de Bamako, l’espoir de tout un peuple qui rêvait de voir s’éclater au grand jour la vérité sur cette affaire vient de s’effondrer. Le Ministre de la justice va-t-il rendre le tablier après cette déculottée ? IBK mesure-t-il les conséquences du départ de Me Malick Coulibaly ? A quand la levée des boucliers des associations pour dire non à cette décision controversée de la justice ?
La décision d’annuler toutes poursuites contre Mahamadou Camara par la chambre d’Accusation de la Cour d’appel de Bamako a fait l’effet d’une bombe car pour beaucoup, elle était inattendue, inappropriée et inopportune au regard de la gravité des faits qui sont reprochés à M. Camara et compagnie. Elle a également fini par convaincre le commun des mortels que le mal de la justice malienne est si profond que Malick seul ne pourrait le soigner. Donc, la véritable catharsis de la justice ne pourrait venir que du peuple à travers une insurrection populaire non violente, mais exigeante pour des changements qualitatifs.
Sinon, comment comprendre qu’une affaire qui a défrayé la chronique en 2014 et qui a même valu une suspension de la coopération entre le Mali et les institutions de Breton Woods, puisse être classée sans suite par la justice. Aucun argument ne saurait étayer cette décision de la justice malienne, car les faits reprochés aux présumés coupables que sont Mahamadou Camara, chef de cabinet du Président de la République au moment des faits, Mme BouaréFily Sissoko, ministre de l’économie et des Finances, SoumeylouBoubèyeMaiga, ministre de la Défense, M. Kagnassy et M. Kouma les deux opérateurs bénéficiaires du marché sont tellement clairs, que pour la crédibilité de la justice, les dossiers devraient au moins connaitre leur épilogue, quitte à les blanchir après. Mais, elle en a décidé autrement. Si réellement l’adage selon lequel nul n’est au dessus de la loi est une réalité, alors pourquoi annuler les poursuites contre Mahamadou Camara et compagnie ? Par cet acte, la justice malienne a encore renoué avec ses anciennes pratiques, celles qui ont terni son image et qui ont fait d’elle un instrument au service du prince du jour. Le hic est que c’est au moment où elle avait commencé à redorer son blason et à se réconcilier avec le peuple, grâce au leadership de Me Malick Coulibaly Ministre de la justice, garde des sceaux, qu’elle tombe encore à bras raccourci.
Par cette décision que nul ne saurait justifier, le pouvoir judiciaire semble faire définitivement le choix de rester inféoder à l’exécutif en jetant en pâture l’écrasante majorité du peuple. Face à une telle situation, Me Malick Coulibaly qui a fait le serment d’être du côté du droit, a-t-il encore sa place dans le gouvernement ?
Pour certains oui, car pour combattre un système on ne s’écarte pas de lui. Donc, en restant, il pourrait continuer à empêcher les délinquants financiers de tourner en rond, tandis qu’en démissionnant, il aurait facilité la tâche des prédateurs de la République. Sa présence gênerait jusqu’au sommet de l’Etat.
Pour d’autres non, car en restant, il va perdre toute crédibilité et courir le risque d’être humilié et poussé vers la sortie . Pour les opposants à son maintien au gouvernement, la décision relative à l’annulation de toutes poursuites contre Mahamadou Camara et compagnie est prise à dessein pour mettre du bâton dans la roue du Ministre de la Justice et toute sa dynamique équipe.
Tout porte à croire que c’est le premier épisode d’une longue série dont la finalité est d’humilier Malick Coulibaly avant de le mettre à la porte du gouvernement. Bref, la dernière décision lui revient. Dans tous les cas, le plutôt serait le mieux.
Youssouf Sissoko