Après que l’artiste musicienne Rokia Traoré ait observé une grève de la faim pour qu’elle soit mise dans ses droits, au Mali, son avocat Me Kenneth Meheli fustige la partialité de la justice belge dans une affaire de garde d’enfant. Le gouvernement du Mali dit mobiliser les services consulaires et diplomatiques pour un heureux dénouement de la question.
L’artiste musicienne et ambassadrice du UNHCR, Rokia Traoré, à sa descente d’avion en France, le vendredi 12 mars 2020, a été arrêtée par des agents d’Interpol. L’enfant du Béledougou a été arrêté après l’émission d’un mandat d’arrêt européen par la justice belge pour « séquestration et enlèvement et prise d’otage dans le cadre d’un litige avec son ex compagnon au sujet de la garde de leur fille ».
Le lendemain de son arrestation, Rokia a entamé une grève de la faim. Sur son compte facebook, elle justifie son action « afin que me soit accordé un procès équitable en Belgique et pour que le mandat d’arrêt européen ne soit pas injustistement appliqué ».
Notre compatriote continue a dénoncé la décision du tribunal de Belgique qui a accordé à son ex compagnon la garde exclusive de leur enfant.
Pendant que la justice belge confiait à son ex compagnon la garde de l’enfant, une plainte pour « attouchement sexuel à l’enfant a été déposée à Bruxelles et à Bamako ». Et la justice belge l’a classée sans suite.
Samedi 14 mars 2020 à la Maison de la presse, devant les journalistes, un des avocats de Rokia, Me Feliho, est revenu sur l’affaire dite « de la garde de l’enfant » et le refus de l’ex compagnon de Rokia à comparaitre devant le Tribunal de la Commune VI de Bamako, saisit pour « attouchement sexuel sur l’enfant ».
A Bamako, dira le conférencier, une plainte a été déposée au Tribunal de la Commune VI contre l’ex compagnon de Rokia pour « attouchement », mais le monsieur n’a jamais répondu à la convocation. « Toutes les précautions ont été prises pour que l’ex compagnon de Rokia vienne comparaitre devant la justice malienne, il a refusé. Il se cache et vilipende la justice malienne ». Et à l’avocat de s’interroger : en quoi, la justice belge va être compétente dans cette affaire ? « L’ex compagnon de Rokia contrairement à ce qu’il avance, ne vit pas à Bruxelles, ne travaille pas en Belgique et il est directeur d’un festival à Marseille. Il a tout fait pour amener cette affaire sur un territoire (Belgique) à lui où il est d’une famille très puissante ».
Me Kenneth s’est fustigé sur l’attitude de la justice belge sur le traitement enduré par sa cliente. Pour lui, c’est en partance en Belgique pour comparaitre à son procès en Appel, qu’on l’arrête en France. « A-t-on besoin d’arrêter une personnalité comme Rokia dans un autre pays alors qu’elle se rendait en Belgique pour son procès ? On aurait dû attendre son arrivée en Belgique pour l’arrêter ».
Mobilisation à Bamako et dans la diaspora
Il a dénoncé les conditions dans lesquelles, l’ambassadrice du HCR a été convoquée. « Elle n’a pas été citée dans les conditions idoines, elle a été citée par mail », s’est offusqué l’avocat.
Sur les soutiens au Mali et à l’étranger, l’avocat dit être informé de la mobilisation d’une association féminine belge « Femme veilleuse », qui, à ses dires, est en train de tout faire pour que Rokia soit mise dans ses droits. Citant l’association, Me Feliho révèle que le cas de Rokia n’est pas un cas unique en Belgique « Cette association pense que les droits des femmes célibataires ou mono parentales sont bafoués à longueur de journée par la justice belge ».
A la question de savoir si les autorités maliennes sont en train de poser des actes, le conférencier, dit n’avoir pas eu écho jusqu’au moment de la conférence de presse. Toutefois, il dira que l’Etat du Mali s’est manifesté de par le passé dans cette même affaire. Il dit espérer que les autorités vont agir à temps.
Quelques temps après la conférence de presse, le gouvernement du Mali, dans un communiqué en date du 14 mars et signé par le ministre de la Communication, Porte parole du gouvernement, Yaya Sangaré dit exprimer « sa solidarité à notre compatriote ». Le communiqué précise Rokia Traoré est détentrice d’un passeport diplomatique malien et bénéficie de l’assistance des autorités maliennes depuis plusieurs mois. Et de rassurer « l’opinion nationale et internationale que les services consulaires et diplomatiques sont mobilisés pour un heureux dénouement de la question ».
Les maliens de la diaspora ne sont pas en reste dans cette affaire. Beaucoup d’entre eux demandent l’implication du ministre des Affaires étrangères, de celui du département des Maliens de l’extérieur afin que l’ambassadrice de la musique malienne puisse être dans ses droits.
Au Mali, le directeur de la Fondation du festival sur le Niger, Mamou Daffé est sorti de sa réserve. M. Daffé a considéré l’arrestation de Rokia de « barbare et d’inhumaine ». Le directeur du festival a exprimé « l’indignation de l’ensemble des artistes et acteurs culturels du continent africain et d’ailleurs épris de valeurs humaines, de valeurs de justices, de respect des libertés fondamentales… ».
« C’est pour dénoncer l’attitude partiale de la justice belge et revendiquer ses droits que l’artiste s’est mise en grève de la faim », a souligné le conférencier.
Et de conclure que sa cliente va comparaitre le 18 mars prochain devant une juridiction qui va statuer sur son extradition ou pas vers la Belgique.
Mamadou Sidibé