Affaire Fenalait-Cofenalait & ONG CAB Dèmèso portée devant le juge : Le président de l’Apcam, Sanoussy Bouya Sylla, sur une chaise éjectable

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Depuis le 10 décembre 2020, la Fédération nationale de producteurs de lait du Mali, Fenalait, est plongée dans une crise comateuse du fait de la volonté de certains acteurs de la filière et des partenaires sensés accompagner la faîtière.

Nos sources, des documents à l’appui, rapportent qu’il a été constaté des défauts en écriture comptable dans la gestion des fonds que l’ONG CAB Dèmèso, qui est un partenaire stratégique de la Fenalait depuis sa création en 2006 et mobilisait des financements pour soutenir des actions en faveur des producteurs laitiers. Mais courant 2020, l’idée d’aller vers l’autonomisation de la Fenalait a été suffisamment partagée et soutenue au sein de l’organisation dont les membres n’ont pas hésité à défendre cela devant les autorités en charge de la filière et le Bureau de la Coopération suisse. Qui a profité de l’occasion pour commanditer une étude diagnostique, confiée au Bureau d’étude G- FORCE. Lequel a préconisé dans son rapport un plan d’action. Qui a certainement bouleversé le plan de Cab Dèmèso qui, voyant donc la fin de sa mainmise sur les financements de la Fenalait, a, semble-t-il, troqué sa posture d’accompagnateur en acteur concurrent. Pour y parvenir, il lui aurait fallu changer d’attelage en passant de la de la Fenalait à la Cofenalait qui était prévu dans le projet de mutation institution de la faîtière par la mise en place de coopératives de base et des tentatives de mise en place des bureaux fédéraux au niveau des régions de Mopti et de Koulikoro. D’où des soupçons de manipulation contre elle. Le hic qui fait tilt, ce sont les coordonnées de certains employés de CAB Dèmèso  sur le Procès-verbal (PV) de passation de service entre le président de la nouvelle faîtière, Cofenalait, Sanoussy Bouya Sylla, et le président de l’ancien président de la Fenalait, Abou Niangadou. Lequel avait déjà indexé le vice de forme qui entourait la convocation de l’assemblée générale constitutive de la nouvelle faîtière, qui a eu lieu le 10 décembre 2020. Il ressort d’une correspondance adressée à la Coopération suisse à cet effet que celle-ci n’avait été ni en amont préparé sous l’égide du Bureau de la Fenalait, qu’il dirigeait, encore moins convoquée conformément aux dispositions de l’article 18 des statuts (en vigueur) de l’organisation qui stipulent : « L’Assemblée est convoquée par le Président du bureau fédéral ou à la demande des 2/3 de ses membres sur un ordre de jour déterminé ; la convocation de l’assemblée générale est effectuée un mois avant la date de ladite assemblée ». Par voie de conséquence, l’issue de la dite assemblée ne saurait engager son organisation. Mais hélas, le même Abou Niangadou a été dénoncé par ses camarades de la Fenalait pour double jeu entre les deux tendances. Dès lors, les légalistes se sont séparés de lui et ont porté l’affaire devant les tribunaux.

Au menu de cette affaire judiciaire, l’annulation du nouveau récépissé qui fonde la Cofenalait que dirige actuellement Sanoussy Bouya Sylla. Selon nos sources, le verdict est attendu avant la fin du mois de septembre. Aux dires de nos interlocuteurs, s’il advenait que le juge suivait le contenu de la requête des requérants, il va sans dire que le récépissé que détient Sanoussy Bouya Sylla et ses soutiens de la Cofenalait sera annulé et consécutivement, la faîtière elle-même. Et par effet d’entraînement, la nullité de son élection à la tête du bureau de l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture du Mali (Apcam) devra être prononcée. Car, le socle de sa rampe de lancement étant annulé, forcément le conseil juridique de l’Apcam devra saisir la Justice pour faire constater le fait et en tirer toutes les conséquences. Dans les conditions normales, le ministère du Développement rural et le ministère délégué à l’Elevage et à la Pêche devraient suivre l’évolution de ce dossier afin de prendre les dispositions pour la mise en place d’une administration provisoire pour gérer les affaires courantes à l’Apcam, en entendant la tenue de nouvelles élections consulaires.

Il faut rappeler que partout où l’argent coule à flot au Mali, les appétits s’aiguillent, au point de noyer les vrais acteurs dans le florilège d’intérêts des profiteurs. Qui ne laissent que la portion congrue aux vrais bénéficiaires, sinon vident le récipient. N’est-ce pas le cas à la Fédération nationale des producteurs de lait (Fenalait) ? Possible. Car, le sous-secteur, au confluent des intérêts, est écartelé entre les intérêts des vrais acteurs (éleveurs, producteurs de lait et viande, etc.) et ceux des sangsues qui se font appeler des partenaires, sensés accompagner la filière vers son autonomisation. Selon certains responsables de la Fenalait que nous avions rencontrés, certains organismes d’appui profitent de l’analphabétisme et de l’ignorance des textes par la masse paysanne pour mobiliser des ressources en leur nom, mais sans qu’ils ne voient la couleur de ces fonds pour en jouir.

La Fenalait est une grande structure faîtière regroupant des éleveurs producteurs autour des coopératives dans des zones de production définies appelées bassins laitiers. Ce sont les différentes coopératives et unions locales de producteurs de lait qui se trouvent dans une circonscription administrative régionale qui se regroupent pour former l’Union régionale des producteurs de lait de la région (Urpl). L’ensemble de ces unions régionales forment la Fédération nationale des sociétés coopératives de lait. Qui est un organe de représentation des sociétés coopératives régionales du secteur de l’élevage du Mali.

La Fenalait a vu ainsi le jour, un 04 décembre 2006 sous le récépissé N° 0212/Matcl-DNI du 04 décembre 2006. Elle fait partie de la Fédération des associations des producteurs de lait du Djitoumou et environs. Ainsi, avec l’union régionale des producteurs de lait de la région de Sikasso créée le 14/06/2006 et l’union régionale des producteurs de lait de la région de Koulikoro créée le 05/05/2007 elles se sont mises ensemble pour constituer la Fenalait. La structure est donc composée de cinq (5) membres, notamment l’union régionale des producteurs de lait de Kayes, Koulikoro, Sikasso, Ségou, Mopti et Bamako District. Elle comprend cinquante-trois (53) coopératives regroupant 4420 individus membres. Les sociétés coopératives membres dans les régions de Kayes sont au nombre de 6 installées à Kayes, Yélimané, Kita et Diéma ; 16 à Koulikoro, réparties entre Koulikoro, Kati, Dioïla et Kolokani ; 14 à Sikasso, notamment à Sikasso, Bougouni, Kadiolo, Yanfolila et Yorosso; 6 à Ségou, précisément à Ségou, Baraouéli, San et Niono ; 11 à Mopti, en particulier à Mopti, Bankass, Djenné, Koro, Youwarou, Bandiagara. Soit au total 23 cercles couverts par ses activités.

La Fenalait a le statut d’association avec récépissé dont les références sont les suivantes n°0212/Matcl-DNI du 04 décembre 2006 suivant les dispositions de la loi n°04-038/du 05 août 2004 relative aux associations. C’est une association déclarée, mais n’a pas le statut d’association reconnue d’utilité publique et n’est pas signataire d’accord-cadre avec le gouvernement du Mali. Les promoteurs de la Fenalait envisageaient de faire évoluer l’organisation vers une confédération de sociétés coopératives. Elle devrait donc se transformer en une société coopérative sous forme de Fédération ou de Confédération conformément aux dispositions de l’Acte uniforme relatif au droit des sociétés coopératives de l’Ohada (Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires) du 15 décembre 2010 à Lomé. C’est pour cette raison que l’ONG CAB Dèmèso, vu ses intérêts menacés, a semblé anticiper en emmenant la partie de la Fenalait qui lui est favorable à créer cette Confédération en foulant aux pieds les principes devant conduire cette procédure à terme, en restant conforme aux statuts et règlement de la faîtière. Mais, c’était sans compter sur la détermination des autres à empêcher ce qu’il qualifie de forfaiture.

Affaire à suivre.

M.A. Diakité

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