Selon le site «Slate Afrique», «le régime malien est paniqué» et de s’interroger si le pays ne se dirigeait pas vers une «IBKcratie»? Pour «le Pays» (Burkina Faso), «IBK se trompe de combat», et poursuit-il, «il ne devrait pas chercher à cacher le soleil avec son doigt». De l’avis de «Guinée Conakry-info», les derniers événements survenus à Bamako constituent «des signaux d’alerte assez sonores». A ces réactions de la presse étrangère, il faudra ajouter celle des médias français dont RFI et France 24 s’estimant visés par des attaques sur leurs correspondants. Un vrai désastre pour qui veut donner une meilleure image de lui dans la perspective du sommet « Afrique-France » ! Lisez plutôt.
Le Mali se dirige-t-il vers une «IBKcratie»?
Slate Afrique
Après des violences policières, les réseaux sociaux ont été coupés par le régime. Une censure qui passe mal.
Le Mali d’Ibrahim Boubacar Keïta, dit «IBK», est-il en train de prendre un virage autoritaire? La question pourrait sembler saugrenue alors que le Mali est une démocratie relativement solide dans la région, mais le climat politique de ces derniers jours pose question sur les pratiques du régime.
Tout a commencé avec l’arrestation d’un blogueur, aux prises de positions très critiques contre le gouvernement. Mohammed Youssouf Bathily, surnommé Ras Bath, a été arrêté le 15 août. Mercredi 17 août, plus de 1.000 personnes se sont rassemblées devant le tribunal de la commune 4 dans le quartier de Lafiabougou à Bamako pour protester contre cette décision de justice.
«Une foule déchaînée casse alors la porte du tribunal pour y pénétrer afin d’empêcher le procureur de prononcer les charges qui pèsent contre l’animateur, qui est aussi le fils du ministre des Domaines de l’État et des Affaires foncières, Mohamed Ali Bathily. Les policiers présents sur le lieu commencent à envoyer des gaz lacrymogènes avant de tirer avec des armes automatiques», rapporte Jeune Afrique.
Au moins un manifestant est décédé dans ces heurts avec la police, et 17 personnes sont blessées.
Sur son blog, Issa Balla Moussa Sangaré, un Malien expatrié aux Etats-Unis, rappelle dans un billet qu’une répression violente des forces de l’ordre avait déjà eu lieu le 12 juillet 2016 à Gao où trois citoyens avaient péri après des tirs à balles réelles sur une foule dénonçant la création d’autorités intérimaires dans ces régions, une disposition de l’accord censé ramener la paix dans ce pays aussi en proie à des attaques jihadistes récurrentes.
«Cette décision ne vient pas de nous»
Au lieu de faire un geste pour apaiser la tension qui règne dans le pays après ces violences policières, le gouvernement malien a choisi de couper l’accès aux réseaux sociaux à l’échelle nationale.
«Les réseaux sociaux sont coupés partout au Mali, pas chez vous seulement. Cette décision ne vient pas de nous et je ne suis pas autorisé à vous dire d’où ça vient», a confié à Jeune Afrique, un opérateur du service internet Orange Mali. Une manière de dire que c’est en haut de l’Etat qu’a été prise la décision.
Une mesure qui rappelle ce qui se fait de pire dans des dictatures comme en Ouganda où le régime de Yoweri Museveni, installé au pouvoir depuis 1986, a coupé l’accès à Whatsapp, Facebook ou Twitter lors de l’élection présidentielle de février 2016. Au Burundi, le très contesté Pierre Nkurunziza en avait fait de même lors des manifestations contre sa réforme constitutionnelle qui lui a offert un troisième mandat.
Astuces et VPN
Certains internautes maliens ont dénoncé une «IBKcratie», en référence à Ibrahim Boubacar Keïta. Mais surtout, suspendre les réseaux sociaux est une mesure un peu vaine d’un régime paniqué. De nombreux maliens ont contourné la censure en utilisant des «VPN» (réseaux privés virtuels), qui permettent de simuler une connexion depuis l’étranger depuis son propre ordinateur ou smartphone et donc d’éviter la censure locale. Sur Twitter, de nombreux Maliens partagent ainsi des astuces pour se connecter. Et déjouer la censure un peu vaine du gouvernement.
Camille Belsoeur – Journaliste à Slate Afrique
«IBK se trompe de combat»
«Le Pays» (Burkina Faso)
(…) Le président IBK ne devrait pas chercher à cacher le soleil avec son doigt
En tout cas, ce dont le Mali a le moins besoin par ces temps qui courent, c’est d’une crise sociopolitique qui, comme en 2012, pourrait ouvrir grandement la porte aux djihadistes qui n’en demandent pas mieux d’ailleurs. Il faut donc savoir raison garder. Ce d’autant que les critiques formulées à l’encontre du pouvoir malien par le sieur Mohamed Youssouf Bathily, pour son incapacité à réorganiser l’armée malienne, n’ont absolument rien de monstrueux ni d’outrageant. Bien au contraire, elles traduisent une criante réalité. Et Mohamed Youssouf Bathily n’a fait que dire tout haut ce que bien des Maliens pensent tout bas. C’est dire que IBK se trompe de combat. La meilleure façon pour lui de sauver son honneur qu’il estime bafoué, n’était pas de tomber à bras raccourcis sur le pauvre chroniqueur, mais de se remettre en cause en cherchant à requinquer l’armée malienne qui, faut-il le dire, a aujourd’hui le moral au bas des brodequins ; en atteste la récente attaque du camp militaire de Nampala qui avait coûté la vie à 17 soldats. On oublie volontiers la défaite cuisante qu’avait subie l’armée malienne en mai 2014 face aux rebelles du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), lorsque le Premier ministre d’alors, Moussa Mara, envers et contre tous, avait tenté de braver l’interdit en voulant se rendre à Kidal. La suite, on la connaît. Pour toutes ces raisons, le président IBK qui, en deux ans de gouvernance, semble avoir déçu bien des Maliens, ne devrait pas chercher à cacher le soleil avec son doigt.
(Titre original : « Le Président IBK se trompe de combat »
B.O (Le Pays) http://lepays.bf/repression-de-manif-mali-ibk-se-trompe-de-combat/
Des signaux d’alerte assez sonores
(Guinée Conakry info)
Les mouvements de défense des droits de l’homme du Mali (l’Association malienne des droits de l’homme, la Commission Nationale des droits de l’homme et Femmes, Droits, Développement en Afrique), dénoncent la gâchette facile de la police, qui a ouvert le feu sur les manifestants, faisant un mort dans leurs rangs.
Ces trois mouvements flétrissent sans équivoque « l’utilisation excessive des armes létales dans le maintien de l’ordre » et appellent urgemment « les autorités à identifier les responsabilités et à les sanctionner le cas échéant ». L’attitude de ces membres de la société civile malienne vient nettement souligner la volatilité de la situation sociopolitique du pays. Les frustrations et insatisfactions, le laxisme et la gabegie sont constamment dénoncés à Bamako et dans les autres régions, mais rien n’y fait, la crise s’amplifie. Des cas de privation de la liberté d’expression comme celui qui concerne Ras Bath, sont extrêmement conflictogènes, et tout peut déraper…
Les manifestants qui scandaient des slogans contre la gouvernance IBK, se sentent forts du fait qu’ils sont légions actuellement dans le pays. Leur volonté de justice et leurs récriminations contre le pouvoir politique, et particulièrement contre Ibrahim Boubacar Keita, le président en personne, sont des signaux d’alerte assez sonores, pour être effectivement pris en compte, pour que Mohamed Youssouf Bathily alias Ras Bath, ne soit juste l’exutoire de choses encore plus sérieuses
Maria de BABIA pour GC http://www.guineeconakry.info/article/detail/mali-manifestation-mortelle-a-bamako/
Titre original : « MALI : Manifestation mortelle à Bamako