Un arrêt de la Cour suprême de la République tchadienne met fin à toutes les poursuites concernant le Malien Mamadou Bass dans l’affaire de détournement de plusieurs milliards de F CFA au détriment de la Société des hydrocarbures du Tchad (SHT).
L’honneur de notre compatriote Mamadou Bass, précédemment directeur général d’Orabank-Tchad, qui était soupçonné de détournement de fonds des Services d’hydrocarbures du Tchad (SHT), vient d’être lavé par la justice tchadienne, à travers un non-lieu prononcé en sa faveur par la Cour suprême de ce pays. C’était le 11 novembre 2022 aux termes de plusieurs péripéties. Dans une procédure pénale, un non-lieu, ou plus précisément non-lieu à suivre ou non-lieu à poursuivre est l’abandon d’une action judiciaire en cours de procédure, par un juge. Il est prononcé lorsque les éléments rassemblés par l’enquête ne justifient pas la poursuite d’une action pénale. Le non-lieu se distingue ainsi de l’opportunité des poursuites où c’est le parquet qui décide d’abandonner les poursuites avant le procès.
C’est donc dire que Mamadou Bass, un banquier qui a blanchi sous le harnais, décrit par ses proches comme un “humaniste hors-pair” et un “acharné du travail bien fait”, est désormais totalement hors de cause dans ce scandale qui continue de défrayer la chronique n’djamenoise.
L’affaire porte sur des dizaines de milliards de F CFA détournés ou dilapidés au détriment de la SHT et tient en haleine les populations. Elle implique plusieurs personnalités civiles et militaires tchadiennes, y compris jusque dans l’entourage du chef de l’Etat. Le Tchad est entré dans le club très sélect des pays africains producteurs de pétrole, il y a une décennie. Cela lui vaut une manne tombée du ciel, mais aussi des scandales à répétition.
“Y a fohi”
Pour en revenir au cas Mamadou Bass, il convient de noter qu’il avait été incarcéré le vendredi 24 juin 2022 dans les locaux de l’Agence nationale de renseignements (ANR, services secrets tchadiens).
Grâce à l’implication du président de la Transition, le colonel Assimi Goïta, du Premier ministre Choguel Kokalla Maïga, des ministres des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, des Maliens établis à l’étranger et de l’Intégration africaine (Abdoulaye Diop et Alhamdou Ag Ilyène), mais aussi et surtout de l’ambassadeur du Mali à Ndjamena, le général de division Sadio Gassama, M. Bass avait d’abord bénéficié d’une mise en liberté provisoire en octobre, finalement conclue sur un non-lieu.
Cet heureux dénouement est également la résultante des démarches et efforts fournis par la famille, les amis, les collaborateurs et les proches de Mamadou Bass qui n’ont jamais douté de sa droiture et de sa grande passion pour le travail bien fait.
En tout état de cause, l’homme fait honneur à sa famille, à son entourage mais aussi et surtout au Mali à la croisée des chemins, mais engagé à rétablir le bon ordre des choses à travers un engagement faille pour le Mali Kura et le Malien nouveau capable de se sacrifier pour l’honneur et le bonheur du peuple tout entier.
Désormais, les Maliens travaillant dans la fonction publique internationale peuvent relever la tête et bomber le torse. “Y a fohi”, pour en emprunter à la star du reggae africain Alpha Blondi.
Notons enfin que M. Bass est issu de la promotion 1983-1987 de l’Institut polytechnique rural (IPR) de Katibougou. Ingénieur de formation, c’est un autodidacte de la banque qui a fait ses preuves à DZ Bank AG d’Allemagne, à Ecobank-Côte d’Ivoire, à Orabank-Togo, à Diamond Bank au Nigeria, à Capital Financial Holding à Douala (Cameroun). C’est en mars 2018 qu’il avait été porté à la tête d’Orabank-Tchad. Somme toute, la bave du crapaud ne saurait atteindre la blanche colombe.
El hadj A. B. HAIDARA