Affaire BOA – Mali/ AGRIIS/BATICO : Le braqueur ivoirien, Maxime N’Guetta, dans le viseur d’une justice transnationale

0
0

Sous le parapluie d’un protecteur affirmé et assumé, un virtuose invétéré des montages bancaires crapuleux se la coulait jusque-là à la bohémienne à Abidjan, défiant et manipulant les tribunaux ainsi que le système pénal ivoirien. Avant d’avoir carotté près de 6 milliards de francs CFA via la BOA – Mali, Maxime Serge N’Guetta avait d’abord laissé des traces peu enviables en France, en Suisse, au Niger, entre autres.

L’homme d’affaire de nationalité ivoirienne, Maxime Louis Serge N’Guetta, est finalement dans le viseur de la justice malienne. En vertu d’un mandat d’arrêt international, en effet, tout officier ou tout agent de la force publique est autorisé à le mettre aux arrêts et le livrer aux autorités judiciaires compétentes pour qu’il réponde des faits d’abus de confiance. L’intéressé est ainsi en passe d’être rattrapé par une bruyante forfaiture vieille de près d’une décennie, qu’il a perpétrée aux dépens de la BOA-Mali ainsi que d’un opérateur immobilier malien. Il y a presque de 10 ans, en effet, «l’investisseur» ivoirien faisait parler son talent d’imposteur de grand chemin par le monnayage d’une fiction à Bamako. Sa plus grande victime s’appelle Mahamane B. Maïga alias «Baba», promoteur de la société BATICO dont un patrimoine foncier a pu rendre bancable un fumeux projet agraire importé des lagunes. L’histoire remonte à 2017 précisément, lorsque les relations entre la Côte d’Ivoire d’ADO et le Mali d’IBK étaient relativement au beau-fixe ou du moins n’étaient pas encore affectées par les démêlées et amabilités diplomatiques actuelles. En tout cas, les affaires délicieuses coulaient à plein débit à l’époque, au point d’inspirer au promoteur de l’entreprise «AGRIIS» une alléchante affaire  d’intrants agricoles. Sauf qu’un projet n’a jamais été aussi factice  et les produits agricoles annoncés sur le marché malien ne verront jamais le jour, une fois le financement obtenu.

Pour accéder au prêt en question, Maxime N’Guetta aura recours aux précieux titres fonciers de son partenaire malien et arrive à décrocher la bagatelle d’environ 6 milliards à la Banque Of Africa. Il s’agit du même partenaire local avec qui l’homme d’affaires acquérait auparavant plus d’une dizaine de pick-up destinée à appuyer la campagne présidentielle de Feu Bédié contre les Ouattara.

Somme toute, la proximité entre les deux hommes étaient d’une étroitesse telle que leur cheminement allait inspirer en son temps un sulfureux article à un journal malien de la place, lequel en avait même écopé d’une condamnation en diffamation pour avoir assimilé les garanties foncières de «Baba Maïga» à de «faux titres» et qualifié leur propriétaire de fossoyeur d’une banque à laquelle il n’était lié par aucun engagement personnel.

Mais, à défaut d’être codébiteur, Baba Maiga est en revanche le propriétaire authentique du patrimoine foncier hypothéqué par l’entrepreneur ivoirien pour se rendre éligible au prêt bancaire. Laquelle hypothèque s’est malheureusement conclue par la saisie et la vente forcée au profit de BOA – Mali, pour cause d’insolvabilité de Monsieur N’Guetta. À l’échéance de remboursement de sa dette, en effet, ce dernier était toujours redevable pour plus de 2,4 milliards et n’a daigné se présenter à la vente aux enchères publiques pour tenter de sauver les gages immobiliers de son bienfaiteur malien. Ceux-ci ne seraient toutefois pas passer par pertes et profits, si l’intention licencieuse ne s’y était invitée en se mêlant à  l’habileté dolosive. Et pour cause : deux immeubles de l’entreprise AGRIIS avaient été mis dans la balance par le «prédateur des lagunes» avec la promesse de revenir à son partenaire malien, en cas d’insolvabilité préjudiciable aux propriétés foncières de ce dernier. La permutation repose notamment sur une promesse de vente encadrée par un acte notarié en bonne et due forme, avec le sceau d’un notaire emblématique d’un pouvoir. Il en fallait sans doute plus pour que Maxime Louis Serge N’Guetta, un inconditionnel du camp Henri K. Bedié avant la victoire d’ADO, ne se rende méconnaissable en déclarant indisponibles, pour cause de surcharge hypothécaire, les mêmes immeubles précédemment annoncés comme libres de tout engagement juridique lors de leur admission à ladite promesse de vente. De quoi déclencher une saga judiciaire en cours depuis 2017, à l’effet d’obtenir réparation de sa victime, faute de pouvoir exécuter la vente devant compenser la trentaine de ses titres fonciers expropriés par la banque.

C’était sans compter avec l’aptitude de Monsieur N’Guetta à déjouer ou noyauter des pans entiers de la chaîne judiciaire de la capitale ivoirienne devenue son repaire infranchissable après ses innombrables passifs à travers la planète. Avant son forfait Bamakois, le promoteur d’AGRIIS avait notamment laissé des traces peu enviables en France, en Suisse ou encore au Niger. Il n’en a résulté, en tout cas, qu’une foultitude de procédures sans issues (ou presque) au nombre desquelles une magnanime décision de justice où la responsabilité du sieur Maxime Serge N’Guetta est étrangement diluée dans celle de sa société. Le représentant et premier responsable de «AGRIIS» est en effet soigneusement épargné quoiqu’étant le seul et unique signataire de la promesse de vente qu’il avait concédée en compensation des titres fonciers dont il a personnellement disposé. Une habileté alchimiste dont le secret réside vraisemblablement dans les solides assises d’un parrain tapi dans les dédales du pouvoir d’ADO. Et dont l’influence tentaculaire aura permis d’user de manœuvres dilatoires, à la fois pour se soustraire aux procédures de justice mais aussi pour mettre les immeubles promis à la vente hors d’atteinte. En plus de les avoir déclarés indisponibles pour cause d’autres engagements bancaires  – alors qu’ils étaient initialement libres de toute charge – , l’entreprise AGRIIS disparaîtra elle-même au moyen d’une liquidation spectaculaire sans qu’une seule procédure à l’encontre de son promoteur ne puisse aboutir. Au demeurant, le dossier, selon des sources concordantes, passerait même pour intouchable aux yeux des nombreux magistrats victimes de mutations arbitraires pour avoir osé en connaître ou l’inscrire au rôle. Ça n’est pas tout. Par une certaine justice pour justiciables allogènes, le plaignant est spectaculairement passé de la position de victime à celle de bourreau, à coups de contre-offensives judiciaires destinées visiblement à l’intimider pour mieux entretenir le dilatoire et le divertissement. Mais avec la dimension transnationale qu’a pris le dossier, il n’est point évident que Maxime Serge N’Guetta continue de jouir des mêmes faveurs et protections lui ayant permis de soustraire à une procédure plus équitable.

A KEITA

Commentaires via Facebook :

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here

Leave the field below empty!