Affaire Ahmad Al Faqi Al Mahdi à la CPI : La mesure des réparations collectives exécutée à 70%

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A la suite d’une mission conjointe avec des représentants du gouvernement malien à Tombouctou, les responsables du Fonds au Profit des Victimes de la CPI ont tenu une conférence de presse le mercredi 9 octobre dernier.  Devant la presse, ils ont fait le point sur l’état de la mise en œuvre du programme des réparations de l’affaire dite Ahmad Al Faqi Al Mahdi.  Selon Aude Le Goff, la représentante du Fonds, après la mesure de réparation symbolique qui a constitué à remettre un Euro à l’Etat malien, celle des réparations individuelles a été mise en œuvre à 100% et celle des réparations collectives est exécutée à 70% et sera totalement accomplie avant décembre 2025, date de la fin du processus.    

La rencontre a servi d’occasion pour les responsables du Fonds d’éclairer la lanterne sur l’état d’exécution des réparations et les perspectives à venir avant la fin du programme. Au présidium autour de Aude Le Goff, en plus de ses collègues, y étaient présents à cette conférence, Modibo Bagayoko, représentant de l’UNESCO et Chrifi Moulaye Haïdara, représentant de la Communauté Tombouctienne.

Dans son intervention, Mme Le Goff a été on ne peut plus clair. Selon elle, durant cette mission, le Fonds au profit des victimes de la Cour pénale internationale (CPI)  et ses partenaires ont remis aux autorités de la ville et à l’ensemble de sa communauté une part importante des mesures de réparations collectives décidées par les juges dans l’affaire Ahmad Al Faqi Al Mahdi. Puis, ils ont initié la dernière phase de ce processus de réparation qui doit prendre fin en décembre 2025. Ces mesures comportent notamment la construction d’un mémorial, la reconstruction d’un mausolée, l’extension du musée municipal et plusieurs éléments de protection du patrimoine.

Un monument à la mémoire des victimes à Tombouctou

Dans cette dynamique, le 3 Octobre dernier, le Gouverneur de Tombouctou, Bakoun Kanté, dit-elle, a inauguré un monument à la mémoire des victimes des crimes commis par Ahmad Al Faqi Al Mahdi.

« Cette œuvre mémorielle intitulée Louha, qui désigne en arabe la tablette coranique, a été érigée sur la place publique Diamane Hana. Elle symbolise la résilience de la communauté de Tombouctou face aux crimes dont elle a été victime en 2012 » a expliqué Mme Le Goff. Avant d’ajouter que l’érection de ce monument est le résultat d’importantes consultations, menées auprès de l’ensemble des huit quartiers de la ville et de la diaspora à Bamako depuis août 2021 par CFOGRAD, partenaire du Fonds au profit des victimes à Tombouctou, en réponse à la décision des juges de la CPI du 17 août 2017. Dans cette ordonnance, dira-t-elle, en considération du fait que le crime commis par M. Al Faqi Al Mahdi avait causé un préjudice moral à la communauté de Tombouctou, les juges avaient ordonné qu’une mesure de commémoration soit réalisée si tel était le souhait de la communauté.

Par la suite, la responsable du Fonds a souligné qu’en mars 2023, le comité communal de commémoration mis en place en ce sens avait décidé, outre la création de ce monument, que soit ajoutée une salle au musée municipal de Tombouctou et qu’elle soit dédiée aux mausolées. « Cette salle aussi a été officiellement livrée le 4 octobre, et accueillera prochainement son exposition qui devra contribuer à une transmission pédagogique du patrimoine culturel et religieux de la ville » a-t-elle précisé.

Les autres réparations exécutées à hauteur de souhait

Concernant les réparations collectives décidées par les juges qui sont faites à 70%, y figuraient également la restauration du patrimoine détruit en 2012. A ce sujet, elle a fait savoir qu’une part importante avait déjà été reconstruite depuis 2012. « Dans le cadre des mesures de réparation, le Fonds a donc pris en charge la reconstruction du mausolée du Cadi Cheick Mohamed Mahamoud Ben Cheick Al Arawani, qui avait été entièrement détruit et qui a été remis à ses descendants le 3 octobre. Le même jour, des mesures de protection du patrimoine ont été réalisées par l’UNESCO, partenaire du Fonds au profit des victimes, parmi lesquelles la réhabilitation et la reconstruction des murs de clôture des cimetières Sidi Mahamoud Ben Omar Mohamed Aquit et Cheick Sidi El Mokhtar Ben Sidi Mouhammad Al Kabir Al Kounti, qui abritent plusieurs mausolées, ainsi que la plantation d’arbres au cimetière des trois Saints et à celui d’Alpha Moya, ont pu être livrées aux autorités de la ville et doivent permettre de protéger les mausolées à l’avenir et à la communauté de jouir de son patrimoine » a-t-elle spécifié.

Pour la mesure des réparations individuelles, elle a indiqué que cela a été totalement exécuté et clos depuis juin 2024. Elle concernait les descendants des Saints, les maçons et les gardiens des mausolées au nombre 1680 personnes qui ont eu une compensation monétaire pour le préjudice moral et économique subis.

Pour ce qui est de répondre au préjudice économique résultant indirectement du crime de M. Al Faqi Al Mahdi, la responsable du Fons fera savoir que les juges de la Cour ont également ordonné que des mesures socio-économiques soient prises pour en atténuer l’impact sur la population de la ville. C’est dans ce cadre que la fondation CIDEAL, également partenaire du Fonds accompagne 42 projets, sélectionnés parmi près de 150 à l’issue d’un processus participatif, pour un appui d’un montant global de 273.000.000 de FCFA (env. 417.000 euros). Que 11 projets visent le renforcement de la cohésion sociale, 4 pour la protection de l’environnement, 1 pour la valorisation du patrimoine culturel, et 23 consacrés à l’appui aux secteurs productifs. Ces projets ont été lancés officiellement au cours de cette mission, et dureront jusqu’en décembre 2025.

Mariam Sissoko      

 

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