Achat de l’avion présidentiel et marche d’équipements militaires attribué à Kagnassy Dossiers classés sans suite par la justice

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Le Bloc d’intervention populaire et pacifique pour la réunification entière du Mali (Biprem-Fasoko) veut que «justice soit faite sur la disparition de 153 milliards Fcfa et la dilapidation de plus de 28 milliards Fcfa, selon le Rapport  “aéronef et équipements militaires” du Bureau du Vérificateur Général 2013-2014». C’est en ce sens que le Biprem a  déposé une plainte, avec constitution de partie civile, le jeudi 3 octobre dernier, auprès du Procureur de la République en charge du Pôle économique et financier. Alors, la justice va-t-elle se dédire en rouvrant le dossier de l’achat de l’avion présidentiel et celui du marché d’équipements militaires attribué en gré à gré à Sidi Kagnassy ? Rien n’est moins sûr si l’on sait que, sans que les Maliens n’en soient amplement informés, cette même justice avait déjà pris la décision formelle de  classer sans suite lesdits dossiers.

Ce que beaucoup de Maliens ne savaient pas, les dossiers concernant respectivement l’achat de l’avion présidentiel et l’acquisition d’équipements militaires à travers un marché par entente directe attribué à Sidi Kagnassy, sont bien verrouillés au niveau de la justice où ils sont classés sans suite. C’est pourquoi tous les regards sont actuellement braqués sur le parquet du Pôle économique et financier où le Biprem-Fasoko vient de déposer une plainte. Laquelle, si elle est recevable, devra consacrer la réouverture de ces deux dossiers préalablement classés sans suite avec notification formelle au Contentieux de l’Etat.

Les personnalités visées par la plainte du Biprem-Fasoko sont : l’ex-Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga cité dans les deux affaires où il est intervenu en tant que ministre de la Défense d’alors ; l’ex-ministre de la Communication, Mahamdou Camara cité dans l’une de ces affaires en tant qu’ex directeur de Cabinet du président IBK ;  Mme Boiré Fily Sissoko, dont le nom est dans les deux dossiers en tant que ministre de l’Economie et des finances ayant géré donc l’aspect financier des deux affaires ; le secrétaire général de la Présidence de la République, Moustapha Ben Barka, cité par le rapport du Bureau du Vérificateur général dans l’audit de l’achat de l’avion présidentiel et naturellement, Sidi Kagnassy, conseiller spécial du président IBK au moment des faits et en même temps opérateur économique ayant bénéficié d’un marché de gré à gré de fourniture d’équipements militaires d’une valeur de près de 70 milliards de francs Cfa ( valeur du marché au départ qui atteindra finalement le double).

Il faut rappeler que pour ces deux dossiers scandaleux qui ont secoué le premier mandat du président IBK, la section des Comptes de la Cour suprême et le Bureau du vérificateur général ont procédé séparément à l’audit de ces deux affaires qui incriminent les personnalités citées ci-haut.

C’est ainsi que le Procureur de la République chargé du Pôle économique et financier de Bamako a reçu du Bureau du Vérificateur Général, le 27 octobre 2014, le rapport afférent à ces deux affaires, notamment l’acquisition de l’avion de commandement pour le président de la République et la fourniture aux forces armées maliennes de matériels d’habillement, de couchage, de campement et d’alimentation, en plus de véhicules et de pièces de rechange. Marché attribué en gré à gré par le ministre de la Défense de l’époque, un certain Soumeylou Boubèye Maïga, en s’appuyant sur une lettre signée par un certain Mahamadou Camara, le directeur de Cabinet du président de la République en son temps, donnant l’exclusivité à Sidi Kagnassy au nom du président de la République.

Dans sa lettre de transmission du dossier, le Vérificateur Général demandait à la justice de vérifier les faisceaux de présomptions de détournements de fonds publics. Il s’agissait donc de déterminer les auteurs et les complices dans cette entreprise d’engagement irrégulier des finances publiques et de surfacturation. Le Bureau du vérificateur général évaluait à près de 25 milliards de Fcfa, les sommes présumées détournées. En plus, le Bureau du vérificateur évoquait d’autres griefs dont l’examen par les limiers du Pôle économique et financier devait produire un défilé de personnalités importantes de la République – et pas des moindres- pour les besoins de l’enquête.

Une directive de l’Uemoa appelée au secours !

Finalement, c’est l’ex-procureur général, Daniel Tessogué, qui aura des regrets de ne pouvoir faire la lumière sur les nombreux dossiers qu’il voulait ouvrir dont ces deux affaires, en plus de l’engrais frelaté.

N’empêche, les dossiers relatifs à l’acquisition de l’aéronef et à l’achat d’équipements militaires seront traités par la justice, mais certainement pas dans le sens voulu par les Maliens, puisqu’ils ont été classés sans suite, le “secret défense” étant passé par-là.

Le Procureur Mahamadou Bandjougou Diawara, qui était en ce temps-là le patron du Pôle économique et financier, a motivé sa décision par une directive de l’Uemoa, notamment celle n°04/2005/CM/Uemoa du 9 décembre 2005 portant procédures de passation d’exécution et de règlements des marchés publics. Et c’est l’article 9 de ladite directive qui a été citée dans l’ordonnance de classement sans suite des deux dossiers : “La présente réglementation ne s’applique pas aux marchés de travaux, de fournitures et services, lorsqu’ils concernent  des besoins de défense et de sécurité nationales exigeant le secret ou pour lesquels la protection des intérêts essentiels de l’Etat est incompatible avec des mesures de publicité”.

Mais nous avons appris que depuis quelque temps, suite à la demande insistante de la population d’être éclairée sur les responsabilités des uns et des autres dans ces scandales, ces deux dossiers, cités sans cesse par-ci par-là, sont à l’étude à un certain niveau où, selon les informations qui nous sont parvenues, on estime que les arguments soulevés pour les classer sans suite ne résistent pas à l’analyse et à l’exigence de transparence dans la gestion des fonds publics. Alors, la plainte du Biprem sortira-t-elle ces deux affaires de leur caveau ? Là, gît tout l’intérêt que les citoyens accordent à la suite réservée à cette plainte.                     A.B.N.

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