Bakary Togola, ancien président de la Confédération des sociétés coopératives des producteurs de coton du Mali, et ses 10 coaccusés sont à la barre depuis le lundi 19 août 2024 pour répondre des faits d’atteinte aux biens publics, faux et usage de faux. Cette audience s’étendra jusqu’au 30 août 2024. Les trois premières journées ont été marquée par des débats houleux entre la Cour, les accusés, la partie civile et la défense.
Depuis lundi, la salle d’audience refuse du monde. C’est comme si les paysans et partisans de Bakary Togola passent la nuit à la Cour. Dès 7 h du matin, plus de place assise alors que les travaux ne reprennent qu’aux environs de 9 h. Le procès de Bakary Togola, icône de la culture du coton, semble tendu du fait que cette affaire avait été jugée en novembre 2021 et tous les accusés avaient été acquittés. Mais l’actuel ministre Mamoudou Kassogué a fait pourvoi en cassation pour nouvelle composition.
Dès le début des débats, le ministère public signale une exception qui crée une polémique. Il demande le retrait de l’avocat principal de l’accusé dans cette affaire parce que celui-ci assurait le rôle de conseiller juridique auprès de la Confédération en question. Le parquet déclare qu’il y a un conflit d’intérêt.
Pour sa défense, ledit avocat souligne que ces faits remontent à plus de 10 ans, c’est-à-dire en 2013 et qu’au moment de l’éclatement de l’affaire Bakary Togola, il n’était pas au Mali, mais a été sollicité dès son arrivée. “Quoi de plus normal, je ne joue que mon rôle d’avocat”, se défend-il.
La défense tente à son tour d’obtenir une requalification des faits. Selon elle, les accusations d’atteinte aux biens publics devraient être reformulées en atteinte aux biens sociaux, parce que l’argent en question appartient aux membres de la Confédération et non à l’Etat. Le ministère public conteste cette interprétation en rappelant que l’Etat dispose d’un droit de regard sur la gestion des fonds de la Confédération, comme stipulé dans son règlement intérieur.
Toutes ces requêtes sont finalement rejetées par la Cour pour donner la parole à l’accusé principal afin qu’il donne sa version des faits concernant les plus de 9 milliards de F CFA disparus. A l’entame de ses propos, Bakary Togola nie les faits. “Je n’ai jamais détourné un franc de l’Etat. La preuve, lors de mon arrestation, je disposais de 22 milliards de F CFA dans mon propre compte. Je pouvais faire disparaitre cette somme si j’étais réellement impliquée dans cette affaire. L’argent dont on m’accuse ne provient pas de l’Etat, mais de la Confédération fondée par les cotonculteurs et ça n’a pas été détourné. Le problème a été que les enquêteurs ont pris uniquement les pièces justificatives du comptable en refusant de prendre celles du trésorier, alors que dans le monde rural, le comptable est récent.
J’exerce dans ce secteur depuis 1984, on a toujours travaillé avec le trésorier et il n’y a jamais de problème. Les pièces qui justifient le manquant se trouvaient avec le trésorier”, explique-t-il.
Le deuxième jour est marqué par le passage de certains accusés. Tout comme Bakary Togola, ils nient les accusations à leur encontre. Selon Djiguiba dit Ampha Coulibaly, le vice-président de la Confédération, il n’y a pas eu de détournement dans la gestion de sa Fédération. “Aucun franc n’a manqué dans ma gestion, toutes les pièces justificatives ont été produites”, déclare-t-il, sans pour autant pouvoir le prouver à la barre.
À sa suite, Drissa Traoré, président de la Fédération régionale de Sikasso, abonde dans le même sens que son prédécesseur. “Je ne sais rien de l’argent, je ne connais que mon champ. C’est le comptable qui s’occupait de tout”, dit-il Drissa Traoré avec son accent sénoufo qui arrache le rire à l’assistance.
En tant que président du comité de surveillance de la Confédération également, Drissa Traoré assure qu’aucun centime n’a été détourné et que tout avait été mis dans les formations. Selon lui, ce n’est qu’à leur interpellation qu’ils ont su cette histoire de détournement.
Soloba Mady Kéita, président de la Fédération de Kita, de son côté, soutient avoir présenté les pièces justificatives de la somme de plus de 388 millions de F CFA mise à sa disposition par la Confédération. Pour la Cour, les chèques manquaient dans les pièces produites. L’inculpé de répondre qu’ils sont avec l’entrepreneur qui a construit le siège de la Fédération, qui n’est plus de ce monde.
Mercredi a été dédié au passage de Mady Kéita, comptable de la Fédération régionale de Kita, les membres du comité de surveillance de la Confédération, à savoir Alou Dembélé, Mamadou Fomba et Dialla Moussa Dembélé. Ils nient les faits mettant en avant leur illettrisme aussi bien que leur manquement au devoir. Mady Kéita, accusé de faux et usage de faux, déclare que de témoin, il s’est retrouvé en accusé du fait que le juge d’instruction ne faisait pas confiance aux justificatifs qu’il a produits.
A la barre également, Mady Kéita n’a pu prouver la sincérité de ces pièces. Il était complètement perdu dans ses documents tout en tenant des propos contradictoires. Le comptable n’a pu donner d’explications claires aux questions de la Cour avec des propos contradictoires. “Les factures d’eau, d’électricité et des salaires étaient à mon niveau tandis que celles des autres activités de la Fédération se trouvaient avec le trésorier décédé”, avance-t-il. Mady Kéita n’a pu convaincre la Cour du fait qu’il a produit les pièces qui n’étaient pas à niveau selon ses dires.
Il est succédé par Alou Dembélé, Mamadou Fomba et Dialla Moussa Dembélé, des membres du comité de surveillance de la Confédération. Ils affirment ne rien savoir concernant l’argent. Leur rôle était de contrôler les activités menées par la Confédération. A les entendre, ils ne connaissaient même pas cela parce qu’ils ne sont pas instruits. “Je ne connais même pas de vue la lettre i”, souligné Mamadou Fomba. Ces propos font éclater la salle de rires. Pour les jurés, ledit comité n’avait pas sa raison d’être vu qu’ils ignoraient ce à quoi consistaient leurs tâches.
Pour le ministère public, leur illettrisme ne les a pas empêchés d’accepter les postes alors qu’ils pouvaient refuser.
Siwélé Magassouba qui s’était constitué partie civile au nom du syndicat des exploitants agricoles de Kita parle finalement en son nom après quelques irrégularités soulevées par le conseil des accusés. Il déclare que toutes les coopératives n’ont pas bénéficié de la formation alors qu’une somme importante a été déboursée pour cela. Il ajoute qu’il n’y a qu’un seul siège de la Fédération à Kita, contrairement à ce que fait croire le bureau.
Fadiala Coulibaly, le dénonciateur, est tellement clair dans ses déclarations que tout le monde est édifié. Il estime que la gestion de Bakary Togola n’était pas du tout transparente. Son intervention a mis fin à la journée du mercredi.
Les juges ont du pain sur la planche tant cette affaire est complexe.
Marie Dembélé
Bakary Togola, lntouchable.
Ce que je n’ai toujours pas compris c’est que quelques jours après le coup d’Etat de 2020 quelqu’un est allé à la prison centrale de Bamako pour libérer Bakary Togola.
Un voleur des derniers publics et biens personnels.
C’est l’actuel ministre de la justice qui a tout fait pour qu’il ait un 2ème procès.Sinon ce voleur avait été acquitté.Un non lieu pour un voleur de 9 millards.Sans compte les sociétés privées victimes de Togola.
A travers ce procès on voit bien que la justice de notre pays est pourrie.
Togola parvient à ‘acheter’ magistrats et juges.
C’est une occasion de purifier le système judiciaire.