Justice transitionnelle au Mali : Les victimes et la société civile, deux maillons essentiels de la chaîne

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Jeudi et vendredi derniers, la Division des droits de l’Homme de la Mission intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali a tenu un forum sur la participation des victimes et le rôle des organisations de la société civile dans le processus de la justice transitionnelle au Mali. Ce forum, dont la cérémonie d’ouverture fut présidée par le ministre de la Justice, des Droits de l’homme, Garde des Sceaux, a réuni,  à l’Ecole de maintien de la paix de Bamako, des organisations de défense des droits de l’Homme et des associations des victimes de la crise. La rencontre visait à renforcer les capacités de ces dernières sur leur rôle dans le mécanisme de la justice transitionnelle en général et sur leur participation efficiente en particulier. Si l’on en croit le directeur de la Division des droits de l’Homme de la Minusma, Guillaume N’Gefa, l’objectif poursuivi était de s’assurer que les préoccupations réelles des victimes sont prises en considération et intégrées dans le processus de réconciliation nationale. M. N’Gefa est d’autant plus convaincu que la justice est beaucoup plus l’affaire des victimes qu’il a estimé que la parole doit être donnée à celles-ci pour, dit-il, légitimer le processus de réconciliation nationale et pour s’assurer que leurs droits fondamentaux sont respectés. Il s’agit notamment du droit à la vérité, du droit à la justice et du droit à la réparation.

Au nom du Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU au Mali, Miriam Ghalmi a  salué l’engagement et la détermination de la société civile malienne à accompagner le gouvernement dans ses efforts de reconstruction et de consolidation de la paix et de la réconciliation nationale. Aussi, a-t-elle exprimé ses remerciements au gouvernement malien, à travers le ministre de la Justice, pour son dévouement en faveur de la justice transitionnelle et de la lutte contre l’impunité dans le pays. Selon elle, le contexte particulier que vit le Mali nécessite que les acteurs, qu’ils soient gouvernementaux ou non, se mobilisent pour la mise en œuvre d’une politique orientée vers la promotion et la protection des droits de l’Homme, de l’Etat de droit et la lutte contre l’impunité. «Il est alors impératif que les auteurs des crimes graves du passé puissent rendre compte de leurs actes et que justice soit faite pour les victimes», a espéré la Représentante du Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU. Partant, Miriam Ghalmi a souhaité qu’un processus de justice transitionnelle crédible, adaptée à la réalité et aux sensibilités maliennes puisse être mis en place dans la perspective d’une véritable réconciliation au Mali. «La mobilisation de chaque Malien et de chaque Malienne est cruciale et la société civile représente  un acteur et un partenaire privilégié dans ce processus», a estimé Mme Ghalmi.

Pour sa part, le ministre en charge de la Justice, Mahamadou Diarra, a jugé le forum opportun en ce que le gouvernement du Mali est engagé dans un processus d’établissement de justice transitionnelle, lequel processus ne pourrait être conduit avec efficacité, succès et responsabilité sans l’implication des victimes et de la société civile. A l’évidence, a-t-il expliqué, la justice transitionnelle est un élément indispensable pour la prise en  charge des violations massives des droits de l’Homme perpétrées dans notre pays depuis quelques années. D’où l’inscription de ce mécanisme dans le Programme d’actions gouvernemental. Toutefois, le ministre Diarra a fait savoir que la mise en place d’un mécanisme est une chose, mais son, efficacité et son efficience en sont d’autres. Partant, le Garde des Sceaux a souhaité que le processus soit interactif pour doter notre pays d’un mécanisme de justice transitionnelle digne du nom. «Le gouvernement n’a aucune prétention de vous apporter un système de justice transitionnelle, mais il va créer les conditions pour que l’ensemble des parties prenantes se dotent d’un système de justice transitionnelle qui répondrait à nos aspirations et à nos réalités socioculturelles», a-t-il indiqué. Ainsi, il a souhaité que le mécanisme qui sera mis en place soit apte à apporter des réponses solides, «pour que triomphent la vérité, la justice et la réparation, et pour que jamais ce qui s’est passé dans notre pays ne se reproduise».

Il importe de rappeler que le présent forum faisait suite à une série d’autres, tenus à Tombouctou et Mopti. Un dernier forum devrait se tenir à Kidal dans les jours à venir.

Bakary SOGODOGO

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