La Justice malienne : ce Cancer !

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Pour mémoire, l’Union européenne est la forme la plus achevée, la plus parfaite de regroupement de pays. Elle est fondée sur le droit, la justice. La justice est l’un des maillons les plus importants dans un pays. Sa bonne et compréhensive distribution sont synonymes de paix sociale. C’est la confiance en l’Institution juridictionnelle qui est à la base de tout développement. Qui de sérieux et/ou de respectable viendrait investir dans un pays à la justice corrompue ? Personne, évidemment. Personne.

 

Depuis des décennies, la justice malienne est l’une des plus corrompues au monde. On nous parle sans cesse du Cameroun. Piètre comparaison. Car au Cameroun, il y a aujourd’hui 17 anciens hauts cadres en prison. Trois sont morts en détention courant 2014. Au Mali, seuls les petits larcins croupissent en détention. Chaque fois que quelqu’un reste en prison, quoiqu’il ait fait, c’est qu’il est pauvre. Soit la liberté provisoire est accordée en attendant de faire disparaître les dossiers. Soit la fuite est organisée.

 

Pour rappels, évoquons les affaires des hydrocarbures, des exonérations douanières, des détournements à la CMDT, de l’affaire du thé du sacré Ahmed Diane Séméga, dans toutes ces affaires, presque zéro condamnation.

Dans certaines de ces affaires, c’est l’État qui  par finir a été condamné. Oui, au Mali, l’État perd presque tous ses procès.

Il suffit aussi de se rappeler les arrêts de réintégration des 263 radiés pour savoir que nos décisions de justices sont iniques. Le fait de voir tous les jours dans nos villes le lynchage de présumés voleurs ne s’explique que par rapport au manque de confiance en la justice. Si la justice ne joue pas son rôle, c’est la porte ouverte à tous les amalgames, à tous les dérapages. Quand des juges disent aux justiciables : «au lieu de donner votre argent à un avocat donnez-le moi directement, car c’est moi qui décide». C’est le début de la fin.

 

Les affaires récentes du juge de Fana, de Kangaba, de Ouéléssebougou ne sont que des débuts. À vouloir trop oppresser le peuple, il finit par se révolter. Ce n’est pas pour rien que maître Fanta Sylla a dit : «La justice malienne est indépendante de tout sauf de l’argent sale». Nos juges sont forts vis-à-vis des petits et faibles vis-à-vis à des «grands» voleurs.

 

Alors que faire ?

 

La nécessaire réforme du recrutement des magistrats. La magistrature malienne est devenue aujourd’hui un machin, une corporation, un héritage  où des magistrats placent leurs rejetons comme magistrats. Donc, l’idéal serait de supprimer l’oral dans le concours de la magistrature et de faire organiser l’écrit par le ministère de la Fonction publique afin de faire échapper le recrutement au monde de la magistrature. Le ministre Bathily ferait mieux de faire adopter cette réforme au lieu de nous jouer tous les jours la justice spectacle.

 

Bathily sait mieux que quiconque qu’un mal se soigne à la racine. Il paraît qu’il a été brillant étudiant. Il faut ôter les magistrats dans le mode de recrutements des magistrats, encore une fois. Il est de même pour notre émotif et émotionnel Procureur général Tessougué. À qui, il faut rappeler que le peuple veut la justice et non la compassion. Toute personne devenant juge par pistons vivra du piston toute sa vie. Sans cette réforme, il y aura reproduction des espèces car un mauvais arbre produira toujours un mauvais fruit. Le monde est ainsi depuis la nuit des temps.

 

La presse se doit de plus en plus fréquenter les prétoires pour rendre compte des arrêts et jugements. Il est à craindre avec la façon dont vont les choses qu’un jour au Mali, que la raison ne soit du côté du plus cruel. Que Dieu nous en protège.

IBK fut élu pour nous assainir la justice, hélas, sa gestion opaque et sécrète est la plus décriée des 46 ans dernières années. Triste constat. Amère réalité.

 

Boubacar SOW

                                                                                                             [email protected]

 

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5 COMMENTAIRES

  1. @SOW.Sais-tu que plus de la moitié des juges maliens actuellement en service sont rentrés à la fonction publique par la petite porte ?Tout le monde sait qu’il fallait juste à un sortant de l’ex-ENA d’être politiquement engagé du côté des partis au pouvoir ou bien payer 2 millions de CFA à qui de droit pour être recruté à l’école de la magistrature.Cette pratique née sous AOK a longtemps continué sous ATT.Alors demander à un magistrat recruté dans ces conditions de rendre une Justice parfaite serait de trop!Puisque le monsieur doit d’abord amortir son investissement en prenant de l’argent avec les justiciables…Telle est la réalité aujourd’hui au Mali. 😉

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