Le juge Amadou Bocar Touré aurait-il abusé de la naïveté de l’honorable Bourama Tidiane Traoré ?

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Honorable Bourama Tidiane Traoré
Honorable Bourama Tidiane Traoré

Le feuilleton juridico-politique, appelé par certains l’affaire de Ouéléssébougou qui a mis aux prises, Amadou Bocar Touré dit Dadié, le juge de paix à compétence étendue de Ouéléssébougou et Bourama Tidiane Traoré dit Bananzolé Boura, député ressortissant de cette localité, est loin  de connaitre son épilogue. Mieux, pour peu qu’on veuille accorder du crédit à la déclaration du député, on est en droit de se demander si le juge n’a pas abusé de la naïveté de l’honorable Bourama Traoré pour se forger une notoriété publique.

Lors d’un point de presse qu’il a animé, samedi dernier, à la Maison de la Presse, le député Bourama Tidiane Traoré accompagné d’un pool d’avocats, s’est prêté à un exercice qui a surpris plus d’un dans l’assistance. C’est un homme doté d’un physique en dessous de la moyenne et visiblement très ému qui, sur le Saint Coran ouvert et levé au ciel, a juré en ces termes (en Bambara): « moi, Bourama Tidjane Traoré, député élu à Kati,  si j’ai levé  la main sur le juge Amadou Bocar Touré, que ce Coran me châtie. De nous deux, que celui qui a menti soit châtié, selon la volonté de Dieu ».

Des faits contradictoires

Selon l’honorable Bourama Tidiane Traoré, son intention n’était nullement de soudoyer le juge mais seulement de discuter avec lui d’un problème concernant certains de leurs administrés. Cela, d’autant plus qu’un premier contact heureux avait eu lieu entre eux, la semaine précédent l’affaire. «En huit mois de fonction, je n’ai rencontré le juge que deux fois: les 19 et 25 novembre », a dit Banazolé Boura, qui ajoute que lors de cette première rencontre, le juge lui avait assuré que ses portes lui étaient « grandement ouvertes» et qu’il pouvait passer le voir quand il voulait. C’est dans ce cadre, dit le député, qu’il est passé voir celui qu’il croyait être un ami.

Au cours des échanges, le juge Touré, selon l’honorable Bourama, s’est emporté et comme si quelque chose l’avait piqué il est entré dans tous ses états. Toujours, a dit le député, il lui a ordonné de quitter son bureau. Mais avant même qu’il ait eu le temps de comprendre ce qui se passait et d’essayer de calmer le juge, que celui-ci avait déjà fait le quart du tour de la table qui les séparait pour le pousser vers la sortie. Ce qu’il réussit à faire en deux temps. « Il s’est mis à me donner des coups de poings. Il a ensuite ordonné à sa garde rapprochée de me neutraliser au motif que je suis venu l’agresser dans son bureau. Ce dernier m’a alors tenu par les mains, par derrière, pendant que Diadié lui-même continuait à me donner des coups et à me lancer des insultes grossières…», a dit Bourama Tidjane Traoré.

« …Après son forfait, le juge a appelé, Dah Diarra, le Commandant de Brigade qui m’a enfermé dans sa voiture, pendant le temps de son entretien avec le juge soit 30 minutes environ. Au retour du Commandant, ce dernier m’a ordonné de rentrer chez moi, ce que j’ai refusé. A ma demande, il m’a amené dans sa brigade et m’a révélé qu’il n’avait pas l’autorité nécessaire pour arrêter un député et que je pouvais rentrer chez moi. Je lui ai dit que j’avais informé mes collègues députés qui sont en route pour Ouéléssébougou et que je ne pouvais rentrer chez moi. Pendant nos échanges, il a reçu un coup de fil de sa hiérarchie lui ordonnant de m’amener à Bamako. La suite, vous la connaissez… », a conclu le député Bourama Traoré. Et d’indiquer : « Je n’ai jamais porté la main sur le juge Diadié. Je le dis et je le maintiens, je n’ai jamais frappé ni insulté le juge Diadié. Mon éducation ne me permet pas de porter la main sur un hôte. Cela n’est pas propre aux gens de notre milieu », a-t-il précisé.

Dans cette affaire de Ouéléssébougou dont le générique de fin n’a pas encore commencé, des zones d’ombre persistent. C’est le moins que l’on puisse dire au regard de multiples interrogations qui assaillent les uns et les autres. Il y a pourtant une question toute simple que Sherlock Holmes n’aurait pas perdu de vue. Des deux personnalités, qui a intérêt à ce que cette affaire soit ébruitée? A qui profite ce boucan? En tout cas, comme l’aurait dit un anglophone, « oath is taken. Wait and see !».

Mamadou TOGOLA

   

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4 COMMENTAIRES

  1. Voilà comment fonctionne la justice au Mali. Les juges, tant que nous continuerons à les appeler “fama”, ils continuerons à nous appeler “fantan” et nous traiterons ainsi.
    Ceux qui ont eu la chance de visiter certaines petites localités du Mali savent bien de quoi je parle.

    Monsieur Touré et Monsieur Traoré s’accusent mutuellement d’être victime l’un de l’autre.
    Qui dit vrai ?
    Jusqu’où le député Traoré est concerné par l’affaire foncière qui aurait tout déclenché ?
    Quand ils se sont rencontrés pour la dernière fois, quel était le motif, la date et l’heure ? Et quelles en été les conclusions ?
    Quels sont leurs antécédents respectifs vis-à-vis du reste de la population locale ?

    Si le juge Touré ment dans ses explications,ce serait la déception totale pour la justice. Par contre, si l’honorable Traoré ment dans ses explications, ce serait un acte très déshonorable pour la démocratie malienne. Dans le cas, le procureur doit démissionner…

  2. UNE SIMPLE QUESTION ! VOUS ALLEZ NOUS SERVIR PENDANT COMBIEN DE TEMPS LA SOUPE CE DÉPUTE RÉCALCITRANT ? vous ne vous rendez même pas compte que ce voyou bénéficie de votre part un traitement particulier ! C’est ce genre de privilège que le malien normal ne veut plus supporter ! (ET SI IL N’ÉTAIT PAS DÉPUTE FERIEZ VOUS ??? )

  3. Certains juges au Mali
    Un magistrat, fonctionnaire de l’Etat malien connu pour les sales besognes, a été recruté pour créer un bureau parallèle du réseau Apem. Il s’appelle Dramane Diarra. Son beau-père en la personne du magistrat Toubaye Koné, Président du tribunal de la commune IV a été mis à contribution pour accélérer la destruction du réseau Apem, à travers trois procédures judiciaires différentes et farfelues.
    Qui ne se souvient du tribunal de la Commune IV qui a abrité un jugement extraordinaire, dans l’affaire de Kalabambougou, orchestré par le ministre de la justice, garde des sceaux. Mieux, qui ne se rappelle la grève avortée des deux syndicats de magistrats : Syndicat Autonome de la Magistrature (SAM) et Syndicat Libre de la Magistrature (SYLIMA), lors de l’arrestation de certains juges par le ministre Bathily.
    A l’époque des faits, Toubaye Koné était le président du SYLIMA. Me Bathily s’est appuyé sur lui pour faire avorter la grève contre le Gouvernement ; au détriment de ses collègues juges qui l’ont déposé par la suite de la tête du SYLIMA.
    A la suite de Toubaye Koné, il y a aussi le juge Issa Traoré, Président du SAM, qui a été recruté. Il avait aidé Toubaye Koné dans l’échec de la grève des magistrats. Il a été mis à contribution pour envoyer deux juges détruire le réseau Apem. Il s’agit de Ibrahima Berthé, magistrat, et de Cheick Mohamed Chérif Koné, magistrat, avocat général près la Cour suprême.
    Voyez-vous, le droit est enterré. On ne se soucie pas de servir. Où est la justice qui doit être dispensée au seul profit des citoyennes et des citoyens du Mali, quand les magistrats eux-mêmes usent de leur pouvoir judiciaire pour opérer des holdup ?
    C’est en partie en direction de ce type de magistrats que s’est adressé le nouveau président du SYLIMA Adama Yoro Sidibé, le 9 novembre 2014, dans son Appel des magistrats contre le ministre de la Justice. Là aussi, le président du SAM s’est précipité sur les antennes de la télévision nationale du Mali, pour désavouer le SYLIMA.
    L’article 29 du Code de procédure civile dit que si un magistrat ou un auxiliaire de justice est impliqué dans une affaire judiciaire, c’est le 1er président de la Cour d’appel qui doit être saisi pour désigner la juridiction qui va statuer sur la dite affaire. Le juge Toubaye Koné a mis cette disposition légale dans sa poche, quand bien même le bureau de Dramane Diarra est truffé de magistrats et d’un avocat. Le juge Toubaye Koné a estimé que cela ne le concerne pas, parce que bénéficiant de la haute protection du numéro 2 du Gouvernement.
    Voyez-vous des fonctionnaires de l’Etat malien, passant tous à la caisse de la République à chaque fin du mois, se transforment en animateurs de la société civile, sous l’œil condescendant du Gouvernement.
    Le Ministre de la Justice, des Droits de l’Homme, Garde des Sceaux, Me Mohamed Ali Bathily a été informé, le 17 février 2014. Rien. Le premier président de la Cour d’appel, Moussa Sara Diallo, qui a résisté aux assauts de la mafia, a été relevé de ses fonctions. Les autres juges, membres de la mafia, ont eu des promotions. Au lieu de les déshabiller tout simplement, comme cela se fait dans tout Etat de droit digne de ce nom !
    Le Premier ministre, chef du gouvernement, Moussa Mara a été, lui aussi, informé le 3 juin 2014. Et puis, rien. Lui, auparavant, si prompt à répondre aux lettres à lui adressées, demeure sourd, aveugle et muet.

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