Journée Panafricaine des Femmes : Malgré des efforts, la Malienne toujours dans le besoin

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Le Mali, à l’instar de la communauté africaine, a commémoré hier 31 juillet, la 45èm édition de la journée dédiée à la cause des femmes du continent. Une journée de festivités que les femmes du Mali ont mise à profit pour sensibiliser les pouvoirs publics à plus d’engagement dans le respect des droits de la femme, notamment les droits économiques. Tout en reconnaissant les efforts jusque-là consentis en leur faveur, les femmes estiment qu’on est encore loin du bout tunnel.

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C’est dans une salle Bazoumana Sissoko du palais de la culture pleine comme un œuf que les femmes du Mali ont célébré hier les festivités commémoratives de la 45e édition de la journée panafricaine des femmes. Une opportunité pour les nombreuses femmes du continent d’avoir une pensée pieuse envers ces pionnières de la panafricaine, qui, il y a quarante cinq ans en Tanzanie, précisément le 31 juillet 1962, se sont mobilisées pour l’indépendance de nos pays et pour l’émancipation de la femme africaine. Etaient donc présentes à cette grandiose manifestation les femmes des organisations féminines ; leurs sœurs de la communauté africaine vivant à Bamako ; la secrétaire régionale de l’Organisation Panafricaine des Femmes de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, Mme Alwata Ichata Sahi ; la secrétaire générale de l’OPF, Mme Assétou  Koïta en qualité d’invitée d’honneur ; le ministre de la Fonction Publique de la Réforme de l’Etat et des Relations avec les Institutions, Badi Ould Ganfoud ; le Gouverneur du District, Ibrahim Féfé Koné ; et bien sûr la ministre de la Promotion de la Femme de l’Enfant et de la Famille Mme Diallo Bodji Sène.

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Contrairement aux autres éditions, la Première Dame Mme Touré Lobbo Traoré, empêchée, n’était pas cette année de la partie. La journée a débuté par des danses folkloriques et chorégraphiques, des sketches et un défilé des tenues traditionnelles par le Centre Sœur Marguerite, les communautés africaines constituées du  Bénin, du Burkina Faso, de la Centrafrique, du Congo Brazzaville, de la Sierra Léone, du Tchad, de la Côte d’Ivoire, de la Guinée Conakry, du Niger, du Cameroun et du Sénégal, le tout dans une animation douce de l’ensemble Instrumental.

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Ainsi, au-delà de l’aspect  folklorique de l’évènement et du plaidoyer des organisations féminines maliennes pour la mise en application des textes et conventions ratifiés en vue d’une participation plus accrue des femmes, trois discours ont été prononcés : il s’agit de celui de la secrétaire régionale, celui de la représentante de la secrétaire générale de l’OPF, et celui de la ministre de la promotion de la Famille de l’Enfant et de la Famille. Dans son allocution, la secrétaire régionale de l’OPF pour l’Afrique de l’Ouest, Madame Alwata Ichata Sahi, dira que leur organisation a atteint aujourd’hui sa maturité et a acquis beaucoup d’expériences qui seront capitalisées lors de son Congrès qui se tiendra très prochainement en Afrique du Sud. Elle a aussi ajouté que le thème retenu cette année par la Secrétaire Générale à savoir : «  la paupérisation du continent : quel développement économique pour l’Afrique, défis et enjeux » répond parfaitement aux préoccupations des femmes africaines qui sont les plus vulnérables.

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Quant à la représentante de la Secrétaire Générale de l’OPF, Madame Assou Kouyaté, elle a appuyé sa devancière en ajoutant qu’en dépit de la proclamation par les Nations Unies de la Décennie internationale pour l’élimination de la pauvreté 1996-2006, de la souscription de nos pays aux OMD, de l’avènement du NEPAD et nonobstant les résolutions issues des grandes rencontres internationales telles que Mexico 1975, Copenhague 1980, Nairobi 1985, Le Caire 1994, Beijing 1995, Beijing plus dix, malgré l’élaboration de cadre stratégique de lutte contre la pauvreté, nous assistons à une paupérisation des populations sous diverses formes et plus particulièrement de l’Afrique et de ses femmes.

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Elle a aussi appelé les femmes au relèvement de ce défi à travers un changement fondamental de perception sociale, intégrant les besoins  immédiats, les intérêts stratégiques et les préoccupations des femmes et des hommes sans discrimination. La ministre de la promotion de la Femme de l’Enfant et de la Famille, Madame Diallo Bodji Sène, qui a bouclé la série des interventions, a d’abord résumé la situation des femmes en ces termes : « Au Mali, les femmes constituent une importante ressource humaine en matière de développement : 51,2% de la population et 60 à 80% de la main d’œuvre agricole. Elles dominent les activités des secteurs informels et des services et contribuent énormément au développement économique du pays. Pourtant leur travail n’est toujours pas comptabilisé.

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Les femmes sont majoritairement agricultrices en milieu rural, plus particulièrement productrices de vivres. Elles jouent un rôle prépondérant dans le secteur rural et contribuent pour 75% à 80% dans l’agriculture. Elles sont présentes à toutes les étapes de la production alimentaire aussi bien individuellement que dans le cadre des groupements. Leur contribution au produit intérieur brut reste méconnue et leur prise en compte dans les politiques et programmes est timide. Elles ne bénéficient ni de prestations sociales, ni d’aucune forme de protection sociale et sont submergées par les travaux champêtres et ménagers qui leur laissent peu de temps pour le repos, les loisirs et les activités socioculturelles.

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 Même si le gouvernement du Mali a élaboré et a mis en œuvre une stratégie nationale de lutte contre la pauvreté à travers le Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté 2002-2006, puis l’adoption en Décembre 2006 par le conseil des ministres du Cadre Stratégique pour la Croissance et la Réduction de la Pauvreté (CSCRP) pour la période 2007-2011, il faut le dire, ces actions engagées depuis plusieurs années ne semblent pas avoir les effets escomptés permettant de réduire la précarité des conditions de vie des populations en général et des femmes en particulier, surtout dans les villes de l’intérieur et dans certaines zones rurales. Cela, au moment où il est établi par différentes études menées par les institutions des différents secteurs de développement économique et social l’importance du rôle socio-économique et culturel des femmes dans l’économie nationale à laquelle elles contribuent fortement à travers des activités de production, de conservation et de transformation, de promotion, d’échanges et de consommation. Cependant la pauvreté demeure le lot d’une forte majorité de la population et touche principalement les femmes et les jeunes et l’amorce d’un changement fondamental de perception sociale, intégrant les besoins, les intérêts stratégiques et les préoccupations des femmes et des hommes de toutes catégories socioprofessionnelles sans discrimination s’avère nécessaire en vue de lutter efficacement contre la pauvreté.

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Un des principaux problèmes de la féminisation de la pauvreté est aussi la vulnérabilité des femmes africaines face au VIH/SIDA. Autant la pauvreté se féminise, autant le sida prend une envergure considérable. Aux impacts négatifs de ce fléau sur la condition de la femme, s’ajoutent les effets néfastes du paludisme, de l’analphabétisme, des maternités nombreuses. C’est donc pour toutes ces  raisons et en conformité avec le thème continental de cette année, que le Mali a retenu le thème : « Le rôle et la place de la femme dans la lutte contre la pauvreté au Mali ». Il s’agit, par le choix de ce thème, de sensibiliser les différents acteurs sur une meilleure prise en compte du rôle et de » la place de la femme dans la mise en œuvre du cadre stratégique pour la croissance et la réduction de la pauvreté ; d’encourager et soutenir une participation plus accrue des femmes aux instances de prise de décision ; de faire connaître le savoir-faire des femmes en matière de lutte contre la pauvreté ; d’inciter les femmes à mieux s’impliquer dans la mise en œuvre du cadre stratégique pour la croissance et la réduction de la pauvreté ; de sensibiliser les autorités maliennes pour l’application des engagements internationaux pris en faveur de la promotion et de la protection de la femme ; de susciter une plus grande implication des femmes dans la lutte contre l’analphabétisme ; d’informer et de sensibiliser la communauté sur les relations femmes, VIH/SIDA et pauvreté ». Madame la ministre a en outre ajouté que malgré les multiples efforts du gouvernement du Mali depuis des années, les résultats souhaités ne sont toujours pas atteints. Cependant, elle a aussi invité ses sœurs à prendre elles mêmes leur destin en main en martelant qu’une sagesse populaire dit qu’on ne fait pas le bonheur de quelqu’un à sa place.

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Abdoulaye Diakité

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