Journée nationale de la souveraineté retrouvée : Un symbole forcé, un engouement en demi-teinte

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Les Maliens ont célébré samedi dernier, le premier anniversaire du 14 janvier en tant que «Journée nationale de la souveraineté». Marquée désormais au rouge sur les calendriers, cette date est en même temps chômée et payée sur toute l’étendue du territoire national. Selon les motivations déclarées des hautes autorités de Transition, la démarche s’inscrit dans le cadre du renforcement du sentiment patriotique et vise à magnifier la souveraineté retrouvée du Mali à travers la grande manifestation populaire de dénonciation des sanctions infligées par la CEDEAO et l’UEMOA, il y a une année.

Pour graver l’épisode dans les annales de l’histoire et l’élever au rang des étapes historiques de la nation malienne, les hautes autorités de la Transition avaient opté en un premier temps pour une commémoration à la hauteur de la grande mobilisation qui leur inspiré la désignation. Du 14 janvier comme journée d’affirmation nationale. Elles se sont contentées finalement d’une célébration beaucoup plus modeste, déclinée dans un communiqué officiel porté par le ministre d’Etat doublé de la casquette de porte-parole du gouvernement. Ledit communiqué instruit, entre autres, de se limiter à une simple montée des couleurs et de dispenser des leçons modèles dans les établissements scolaires aux fins d’inculquer les notions de patriotisme et de souveraineté aux générations. Cette volte-face à 180 degrés, à défaut d’une banalisation totale de la grande mobilisation du 14 Janvier, impose manifestement plus d’humilité aux tenants d’une sacralisation de cette date. En cause, une baisse d’engouement mesurable à la perte progressive de popularité par les autorités de Transition ainsi qu’à leur incapacité évidente à susciter la même euphorie qu’il y a une année. Il va de soi que les tentatives de compenser l’illégitimité élective par une mobilisation, fut-elle populaire, brassent du vent et soient accueillies dans la perception populaire comme une laboureuse acrobatie pour forcer le cours de l’histoire à coups de slogans et de dénis de la réalité : le déclenche d’un élan souverainiste d’envergure au nom d’une résistance de six mois aux sanctions de la CEDEAO alors que le renoncement de l’Etat à sa souveraineté territoriale est symbolisé par un embargo de fait imposé depuis plus d’une décennie aux concitoyens beaucoup plus résiliants du septentrion malien. Lesquels concitoyens ne paient pas le même prix que d’autres à l’affirmation de souveraineté au moyen de ruptures audacieuses de certains partenariats et au nom de principes de conduite constamment rabâchés que sont «le respect des options stratégiques du Mali et la prise en compte des intérêts vitaux du peuple», etc.

Avec un décalage aussi criant entre les slogans et la réalité, il n’est pas étonnant que d’aucuns accueillent avec circonspection, d’autres avec ironie, la surenchère symbolique que les hautes autorités ont voulu imprimer à la porte de la date du 14 janvier. Interrogés sur la démarche, beaucoup de citoyens lambda estiment excessif le fait d’ajouter une nouvelle date aux nombreuses journées déjà chômées, tendis que d’autres évoquent le contraste entre le slogan de «souveraineté retrouvée» et l’occupation de nombreuses contrées du pays par les vagues djihadistes. Les observateurs les plus nantis, pour la plupart, ne tarissent de propos sarcastiques pour caricaturer la démarche des autorités.

 

Aly Poudiougou

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