« Hommage aux femmes humanitaires ». Tel est le thème retenu par les Nations Unies pour la célébration de l’édition 2019 de la journée mondiale de l’aide humanitaire, hier mardi 20 août 2019. Le ministre de la solidarité et de la lutte contre la pauvreté, Dr Hamadoun Konaté et les représentants du Haut commissariat des Nations Unies pour les refugiés et du bureau de l’OCHA ont fait le déplacement dans la cité des Balanzans pour soutenir la cause des femmes qui dédient leur vie à l’humanitaire.
– Maliweb.net – La cérémonie a été essentiellement marquée par les témoignages de femmes qui travaillent dans l’aide humanitaire, la présentation d’un sketch par une troupe théâtrale locale sur les conflits et les catastrophes naturelles à l’origine du déplacement des personnes. Une présentation qui a tenue en haleine le public pendant un moment. Lors de cette cérémonie le maire de la commune urbaine de Ségou a informé de présence de 22 milles déplacés internes dans sa commune. Lesquels déplacés victimes des conflits actuels viennent essentiellement dans la région de Mopti et certains cercles de la région de Ségou.
Pour la coordonnatrice Humanitaire Journée Mondiale de l’Aide Humanitaire, Mme Mbaranga Gasarabwe, ces conflits ont entraîné des violences sans précédent affectant les civils dans la région de Mopti et limité l’accès aux services sociaux de base et aux moyens de subsistance. Et la coordinatrice de poursuivre en rappelant les données de la Commission Mouvement de Population, qui indiquent que 47% des personnes déplacées internes vivent dans les régions de Ségou et Mopti. Ce chiffre a présentement atteint 79 900 déplacés comparativement à environ 19 850 l’année dernière à la même période.
La célébration de la septième édition de la Journée Mondiale de l’Aide Humanitaire au Mali, 10ème au plan mondial, se tient dans un contexte où environ 3 millions de personnes ont besoin d’une assistance humanitaire dans les secteurs de la Protection, de la Sécurité Alimentaire, de la Nutrition, de la Santé, l’Education, de l’Eau, des Abris a indiqué Mme Mbaranga Gasarabwe.
En rendant hommages aux travailleurs humanitaires, le Ministre Hamadoun Konaté a rappelé qu’en 2018, ‘’ il y a eu 369 attaques contre des travailleurs humanitaires, dont la plupart ont été perpétrées à travers des enlèvements, des détentions et des agressions, qui ont entraîné la mort de 120 travailleurs’’. Avant de poursuivre que ce moment important doit être saisi pour avoir une pensée envers ces personnes et célébrer les efforts et actions des travailleurs humanitaires fournissent pour sauver des vies parfois au péril des leurs. « Les femmes constituent un grand nombre de tous ceux qui risquent leur vie pour sauver les autres. Elles sont souvent les premières à réagir et les dernières à partir. Leur présence est plus que jamais nécessaire pour renforcer la réponse humanitaire mondiale », a-t-il insisté.
Evoquant la situation et les défis humanitaires du Mali, le Ministre a indiqué qu’aujourd’hui, plus de 285 000 maliens sont considérés comme des déplacés à l’interne et externe. Parmi eux, il a cité un chiffre de plus de 147 000 personnes déplacées internes et plus de 138 000 réfugiés maliens au Burkina Faso, en Mauritanie et au Niger. Par contre, dit-il, le Mali accueille aussi quelque 2000 personnes venues chercher refuge. Le déplacement de cette communauté importante est lié à l’insécurité, selon le Ministre de la Solidarité et de la lutte contre la Pauvreté.
A l’en croire, dans le nord et le centre du pays, l’insécurité a complètement limité l’accès aux services sociaux de base tels que la santé, l’eau et l’éducation et même aux foires hebdomadaires.
A cette occasion, le ministre Konaté a rappelé également que l’insécurité alimentaire et la malnutrition restent des gageures dans notre pays comme dans d’autres parties du Sahel. D’après lui, elles sont aggravées chez les populations affectées par les conflits qui ont perdu leurs moyens de subsistance, notamment les femmes et les enfants. Ces nécessiteux, selon lui, comptent sur l’assistance humanitaire en attendant que les conditions sécuritaires et sociales leur permettent de reprendre leurs activités économiques.
Pour juguler cette catastrophe humanitaire, une requête du Plan de Réponse Humanitaire pour 2019 de 296 millions de dollars est adoptée. Et elle est financée, selon la représentante des Nations Unies, à seulement 30 % (92 millions de dollars sont mobilisés) grâce aux contributions des donateurs.
Siaka DIAMOUTENE/Maliweb.net
Monnaie unique de la CEDEAO, l’eco contre le franc CFA, le spectre lumineux du sous développement en Afrique occidentale
La monnaie se définit comme étant un moyen de paiement immédiat. Elle a 3 trois fonctions essentielles: elle sert à faire des transactions commerciales ou financières, elle sert de valeur refuge c’est à dire qu’elle permet d’épargner une fortune et enfin elle sert à fixer des prix.
La monnaie se présente sous plusieurs formes, métalliques, papiers et sous forme écriture sur les comptes en banque. Si la monnaie papier et métallique sont mises en circulation par les banques centrales, la monnaie écriture c’est à dire la monnaie scripturale est généralement créée par les banques secondaires c’est à dire les banques de dépôts et de crédits quand elles font crédit aux agents économiques (ménages, entreprises, associations, institutions et administrations).
C’est l’ensemble de toutes ces formes de monnaie qui constitue la masse monétaire en circulation dans un pays où dans un espace économique donné. Et celle-ci doit être en adéquation avec les activités économiques de l’espace économique en question.
Les contreparties de la monétaire sont l’or ou les devises étrangères appelées réserves de change, l’or étant considéré par tous les pays comme une valeur refuge par excellence et les devises étrangères étant un gage de détention de droits sur les banques centrales émettrices de ces devises par le contrat de confiance qui est à la base de la monnaie et lui confère un cours légal et un cours forcé dans un pays.
Ce qu’il faut savoir avec l’émission monétaire c’est qu’elle est le fait exclusif d’une banque centrale qui en contrôle le cours par sa politique monétaire, elle même instrument de politique économique d’un pays où d’un regroupement de pays.
Et la monnaie est le reflet de l’économie de sa zone d’émission et la résultante de la politique monétaire conduite par son institut d’émission.
Ce qu’il faut savoir avec le franc CFA en Afrique ce que c’est une monnaie utilisée par 14 pays africains dont 8 en Afrique occidentale (le Sénégal, le cap vert, le Mali, la Côte d’ivoire, le Togo, le Bénin et le Niger et le Burkina Faso).
La politique monétaire dans ces pays est conduite par la BCEAO (banque centrale des états de l’Afrique de l’Ouest) qui en est l’institut d’émission dans lequel siège la France car il y a un accord monétaire entre la France et les états de la zone franc dont fait partie les 8 pays de l’UEMOA (union monétaire ouest africaine) qui ont en partage l’usage du FCFA CFA en Afrique occidentale tout comme 6 autres pays en Afrique centrale.
Au travers de ces accords monétaires la France devrait garantir la stabilité des cours du FCFA qui est actuellement à un taux fixe de 655,957 FCFA pour 1 l’euro qu’elle que soit la situation économique dans les pays de l’UEMOA ou de la CEMAC ( communauté économique et monétaire d’Afrique centrale).
En échange de cette stabilité monétaire, les pays qui utilisent le franc CFA doivent déposer auprès du trésor français dans un compte d’opération ouvert en leur nom 50% de leurs recettes d’exportation.
Par cette pratique c’est une part importante des réserves de devises donc de change, des 14 pays africains du franc cfa qui se retrouve mobilisée en France.
Les détracteurs du franc CFA butent sur ce point crucial de la gestion monétaire, pour dire que cela nuit au développement de l’Afrique qui ne pourrait pas développement ses infrastructures économiques de base en ayant une partie de ses réserves de change bloquée à l’extérieur.
Même s’il n’y avait pas la France, ce sont les banques centrales africaines qui devraient veiller sur ces réserves de change car elles sont le garant de la valeur des monnaies qu’elles émettraient.
Ce qu’il faut savoir à ce niveau, ce ne sont pas les réserves de change qui financent les investissements dans un pays mais les crédits bancaires à l’économie et les financements issus des marchés financiers (émissions d’emprunts obligataires notamment) et l’aide publique au développement accordée par les bailleurs de fonds (institutions multinationales comme la banque mondiale, le fmi, la BAD, la BEI, etc. les aides bilatérales des états partenaires, etc).
Une réserve de change sert d’abord à garantir la valeur d’une monnaie dont elle reste la principale contrepartie de sa masse monétaire en circulation dans le monde.
Transiter des recettes d’exportation de 8 pays africains sur des comptes d’opération à Paris qui restent disponibles à ces pays, ne bloquent en aucun cas la construction d’infrastructures dans ces pays car les infrastructures sont des investissements qui doivent être financés soient à travers des budgets des états soient à travers les plans d’investissements des entreprises publiques ou privées nationales ou étrangères sur le sol africain.
Tant que les budgets d’état ne sont pas aussi ambitieux pour intégrer un paquet complet de projets d’investissement structurant, le niveau des investissements économiques en Afrique restera très faible.
A moins que les modèles de développement et les politiques économiques adoptées par les états africains ne soient assez incitatifs pour attirer beaucoup d’investisseurs privés (nationaux et étrangers) pour faire des routes, des chemins de fer, des barrages, des ponts, des centrales électriques, des systèmes d’adduction d’eau potable, des aménagements agricoles, des systèmes modernes de télécommunications, des entreprises créatrices d’emplois, des écoles, des hôpitaux, des centres de recherches, des infrastructures de transport public, des logements, etc.
En aucun cas l’investissement privé ni public n’est lié directement à des recettes d’exportation d’un pays.
Ils sont avant tout liés à la capacité des banques à identifier et à financer des projets d’investissement rentables des états, des entreprises et des ménages dans le pays.
Ce qui manque à l’Afrique ce n’est pas une monnaie unique qui permettra à ces gouvernements d’avoir une main totalement libre sur ces réserves de change et sur sa politique monétaire. Pour cela il faut d’abord des gouvernements intègres, sérieux et travailleurs et des institutions monétaires adoptant une gestion saine de la monnaie ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui en Afrique occidentale.
Le risque de donner la main libre de l’émission monétaire à des gouvernements corrompus c’est d’ouvrir la voie à la planche à billets c’est à dire l’émission désordonnée de la monnaie sans aucun lien avec les besoins de financement des pays concernés et cela conduirait inéluctablement à une inflation galopante c’est à dire une baise brute de la valeur de la monnaie et une une instabilité monétaire.
L’Afrique occidentale est déjà en proie à beaucoup d’autre instabilités (économiques, sociales et politiques) s’il faut y ajouter une instabilité monétaire cela coûterait cher d’abord aux populations africaines déjà éprouvées par une grande pauvreté et une précarité aiguë.
Pour illustration,dans les 5 dernières années la monnaie du Nigeria, Nairia, a fluctué par rapport à l’euro de 204,93 Nairas à 452,35 nairas soit une variation de 87%.
C’est une très grande instabilité de cours du Naira. Et l’économie du Nigeria représente les 2 tiers des économies des 15 pays de la CEDEAO (communautés économiques des états de l’Afrique de l’Ouest) qui envisagent d’adopter la monnaie unique, l’ECO en 2020.
Et le Nigeria est un géant économique africain avec d’énormes ressources pétrolières donc il peut faire face à une instabilité monétaire mais les petits pays d’Afrique occidentale auront du mal à grever une instabilité monétaire sur leur instabilité économique, politique et sociale.
Pour cela il faut développer tout une filière de banque d’investissement et de financement ainsi que des banques d’affaires pour développer des contrats dérivés sur les devises (les contrats à terme fermes ou conditionnels sur les cours des devises sur marchés organisés ou de gré à gré) pour permettre aux entreprises et aux états africains de se protéger contre l’instabilité monétaire.
Pour l’instant il y a très peu d’activité de banques d’investissement et de financement ainsi que de banques d’affaires en Afrique occidentale.
Le grand défi du changement monétaire passera par une restructuration complète du secteur bancaire africain et de l’assainissement complète des finances publiques et des pratiques budgétaires en Afrique.
Faute de quoi le fiasco de l’ECO fera voir au grand jour aux africains de l’Ouest tous le spectre lumineux du sous développement qui les hante depuis plus de 60 ans après les indépendances africaines.
Salute.
Je
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