Le Mali a célébré, le 6 février dernier, la journée internationale ‘’Tolérance zéro aux mutilations génitales féminines-MGF/Excision’’. Il ressort des chiffres du Programme National de Lutte contre l’Excision (PNLE) que 1211 villages ont abandonné cette pratique néfaste à la santé de la femme et de la jeune fille.
Pour respecter l’esprit de l’état d’urgence, la journée internationale ‘’Tolérance zéro aux mutilations génitales féminines-MGF/Excision’’ a été célébré ce 6 février à travers une conférence de presse. C’était à l’hôtel Salam de Bamako en présence de Mme Sangaré Oumou Ba, Ministre de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, de Mme Marie Madeleine Togo, Ministre de la Santé et de l’Hygiène Publique, de Mme Sanogo Aminata Mallé, Ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, de Fran Equiza, Représentant Résident de l’UNICEF au Mali. On notait également la présence de la Directrice de Plan Mali, de la Directrice sortante du PNLE, Mme Kéïta Joséphine Traoré et de la Directrice nouvellement nommée à ce poste, Mme Guindo Yachine Gakou. Le thème retenu cette année était « Ensemble, mobilisons-nous pour contribuer à la réalisation de l’ODD 5, à travers l’élimination des mutilations génitales féminines (MGF/E) ».
Cette journée, a déclaré Mme Guindo Yachine Gakou, est l’occasion de rappeler les souffrances des jeunes filles et des femmes victimes des complications liées à la pratique de l’excision. « Ces souffrances injustifiées sont consécutives aux hémorragies, aux infections, aux accouchements difficiles, aux kystes vulvaires, aux fistules obstétricales, aux traumatismes psychiques, à des conflits conjugaux, au divorce entre autres ». A travers le PNLE, a insisté Mme Guindo Yachine Gakou, l’ambition du Ministère en charge de la promotion de la femme n’est pas de combattre les us et coutumes mais plutôt de sensibiliser les populations sur les conséquences des pratiques traditionnelles néfastes à la santé reproductive de la femme et de la fille en mettant un accent particulier sur l’information, l’éducation et la communication. Pour le Représentant résident de l’Unicef, cette pratique viole les droits humains de la femme et de la jeune fille. Fran Equiza a déploré l’absence de dispositions légales qui répriment la pratique de l’excision. A en croire Mme Sangaré Oumou Ba, « Les MGF/E constituent des pratiques coutumières dont les conséquences sont néfastes à la santé reproductive de la fille et de la femme et portent atteinte à leurs droits fondamentaux ». Citant l’Enquête Démographique et de Santé (EDSM-V), la ministre Oumou Ba dira que « 69% des filles de 0 à 14 ans et, 91% des femmes âgées de 15 à 49 ans dans les 5 premières régions du Mali et le District de Bamako ont déjà été victimes des MGF/Excision. Ces taux de prévalence indiquent l’ampleur du phénomène au Mali et surtout le risque élevé d’affection et de dégradation de la santé de la fille et de la femme victimes ». Selon elle, la question de l’abandon des MGF/E est une priorité nationale et un problème de santé publique.
Interpellée sur l’adoption d’une loi incriminant la pratique, la Ministre de la Justice estime que c’est une question sensible qui mérite d’être abordée sans passion. Selon elle, il faut continuer à sensibiliser avant d’adopter une loi. Mme Marie Madeleine Togo a rassuré de l’accompagnement de son département pour la prise en charge des victimes de fistules. Répondant à une question des journalistes, l’ancienne Directrice du PNLE, Mme Kéïta Joséphine Traoré, a déclaré que 1211 villages ont abandonné la pratique de l’excision.
Il a été procédé à la projection de films documentaires sur la prise en charge des filles et femmes victimes de l’excision, des témoignages des victimes traitées et de leurs parents. Des attestations ont été remises à plusieurs personnalités dont l’ancienne Directrice du PNLE.
Merci Joséphine !
Un hommage de plus a été rendu à Mme Kéïta Joséphine Traoré qui vient de faire valoir ses droits à la retraite. Mme Guindo Yachine Gakou qui lui a succédé à la tête du PNLE, a salué « ses efforts accomplis avec détermination et le don de soi durant toutes ces années difficiles pour l’abandon de cette pratique néfaste ».
Sangaré Oumou Ba a reconnu la bravoure et la détermination de l’ancienne patronne du PNLE. « Merci Joséphine ! », a-t-elle lancé en espérant compter toujours sur l’expertise et la compétence de cette boîte noire de la lutte contre l’excision au Mali.
Chiaka Doumbia