Journée internationale des droits des femmes : L’Ajsm célèbre les femmes journalistes de sport du Mali

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Les journalistes sportives sont de plus en plus nombreuses au Mali. Et elles sont en train de “mouiller le maillot” comme leurs confrères. Ce qui fait que leurs rôles sont prépondérants dans la promotion du sport au Mali, en Afrique et dans le monde. Ce rôle a été reconnu par l’Association des journalistes sportifs du Mali (Ajsm) qui, dans le cadre de la fête du 8 mars, consacrée “Journée internationale des droits des femmes”, les a célébrées le samedi 16 mars 2019, à travers une conférence-débat animée par Mme Sangaré Aminata Kéita, présidente de la Fédération malienne d’athlétisme et non moins 1ere vice-présidente du Comité national olympique et sportif du Mali (Cnosm) et dont le thème était : “Le Rôle de la femme dans la promotion du sport”. Cette conférence a été rendue possible grâce au soutien du ministre des Sports, Me Jean Claude Sidibé.

Tenue au Palais des sports avec le parrainage du ministre des Sports, Me Jean Claude Sidibé, cette conférence-débat était une façon pour l’Ajsm de rendre hommage aux journalistes sportives du Mali. La cérémonie d’ouverture de l’événement était présidée par Mme Traoré Germaine Dakouo (directrice du Palais des sports), représentant le ministre des Sports. Dans son allocution d’ouverture, le président de l’Ajsm, Oumar Baba Traoré, a tenu à remercier le ministre des Sports pour son accompagnement. Il a pris l’engagement de pérenniser cette célébration des journalistes sportives maliennes.

L’évolution et la participation des femmes dans le sport

Principale animatrice de la conférence-débat, Mme Sangaré Aminata Kéita (présidente de la Fédération malienne d’athlétisme et non moins 1ère vice-présidente du Comité national olympique et sportif du Mali (CNOSM), dans son exposé, a développé le rôle des femmes dans la promotion du sport. Pour cela, elle fait, entre autres, l’état des lieux de l’évolution et la participation des femmes dans les structures administratives du mouvement olympique dans le mouvement sportif national; des propositions de stratégies de développement, de promotion de la femme dans le sport au Mali.

Faisant l’état des lieux de l’évolution et de la participation des femmes dans le sport au Mali, elle a laissé entendre que le sport, qu’il soit compétitif ou récréatif, est devenu une force sociale qui a un impact important sur la condition féminine et la société en générale. “Le sport n’est le domaine réservé de personne. Il est important dans la vie des hommes et des femmes car il offre à tous des occasions de développement personnel et il permet de découvrir les joies du travail d’équipe, de l’excellence et des performances physiques. Actuellement, presque dans tous les pays, les femmes progressent dans le domaine sportif mais cela se fait avec beaucoup de difficulté au niveau des pays en développement, les raisons sont, en grande partie, économiques mais aussi les gouvernements ne perçoivent pas la participation des femmes dans le sport comme une priorité”, a-t-elle dit en introduisant ses propos.

Puis elle continue ainsi : “Il faut dire que dès son accession à l’indépendance en 1960, le Mali a fait de l’éducation une priorité pour offrir à toute sa jeunesse des conditions pour son épanouissement et sa promotion. La création du Haut Commissariat à la Jeunesse et au sport, dès les 1ères années de l’indépendance, montre sa volonté de vulgariser la pratique du sport de masse et de faire la promotion du sport d’élite.

Ainsi l’enseignement de l’éducation physique et sportive offre aux élèves (filles et garçons) les mêmes contenus de programmes, les mêmes épreuves physiques aux examens scolaires. De même dans le cadre de l’association sportive à l’école, des conditions d’une pratique multiforme basée sur le libre choix sont proposées aux sportifs scolaires”, a-t-elle introduit.

Faible représentation des femmes dans les instances sportives

Elle a souligné que l’école est le cadre privilégié de formation pour les filles et les garçons sans discrimination. Mais en 2000, le constat était qu’il y avait  moins de filles au niveau scolaire et universitaire que de garçons. Aux dires de la conférencière, la marginalisation de l’Education physique et sportive (Eps) et du sport à l’école, le peu de motivation des filles pour la pratique des activités physiques et sportives à l’école, ainsi que le phénomène de dispense expliquent en partie ces faiblesses.

D’après elle, dans le sport civil, en 2000, il y avait 20 fédérations sportives nationales. Et dans ce secteur, le constat montrait les faibles niveaux de participation des femmes aux championnats civils organisés par les fédérations nationales où elles sont présentes. Par exemple, au hand-ball, il y avait 12 clubs au niveau national pour 3 équipes permanentes de filles. Au volley-ball, il n’y avait pas de filles. “Force est de reconnaitre que les filles avaient commencé à faire une percée dans certaines disciplines comme les sports de combat (judo, karaté, aïkido), le cyclisme et une véritable prolifération des équipes au niveau du football féminin. Aussi, on retrouvait des filles dans les courses de longue distance, au marteau”, a-t-elle dit.

Elle a rappelé la victoire des Supers Lionnes d’Hamdallaye au tournoi des Cinq nations, le titre de championne d’Afrique des juniors filles en basket-ball qui leur a valu une place au championnat du monde en République Tchèque, les bonnes performances des athlètes Kadiatou Camara et Yah S. Koïta. “Ceci pour dire que, toutes les fois qu’une fille est mise dans les bonnes conditions de travail, elle excelle “, a-t-elle avancé.

Elle a signalé que le Mali a pris du retard dans la formation des cadres féminins.  Présentement, il y a, entre autres, 2 Professeurs d’EPS femmes sur une vingtaine et une Inspectrice ; 50 maîtresses d’EPS sur un effectif de 500 à peu près. Au niveau de l’administration du sport, elle a dénombré 6 femmes dans l’administration générale, 2 femmes dans le Comité national olympique, 4 femmes dans les fédérations nationales, 2 femmes en confédérations africaines, 1 femme dans une Fédération internationale.

Au niveau de l’arbitrage, il y a une quinzaine de femmes, toutes disciplines confondues. Au niveau du Ministère de l’Education nationale, une femme est conseillère pédagogique. Il n’y avait pas de femmes reporters sportives.

Evolution de la représentation féminine dans le mouvement

sportif national

Elle s’est réjouie de la progression de la représentation féminine dans le mouvement sportif national. Selon elle, à partir de l’année 2 000, les femmes n’ont cessé de progresser et améliorer leur position dans le mouvement sportif national. En 2014, le Comité national olympique et Sportif du Mali comptait 5 femmes, toutes présidentes de commission plus le poste de 1ère vice-présidente. “Sur les 30 fédérations sportives nationales, il y a au moins une femme dans la grande fédération misogyne de football qui veille sur les destinées du football féminin. Sur le plan de l’Administration, il y a des femmes à tous les niveaux depuis le Cabinet du ministre de la Jeunesse et des Sports. On retrouve de plus en plus sur les terrains des femmes arbitres, entraîneurs, officiels techniques, des femmes qui vous tendent le micro, des femmes avec des cameras sur l’épaule, des femmes avec des trousses de soins. Des compétitions sont organisées dans toutes les disciplines au niveau des minimes, cadettes, juniors et seniors. On peut dire sans modestie que les grandes satisfactions sur le plan sportif pour le Mali sont venues du coté des femmes”, a-t-elle reconnu.

Parmi les titres engrangés par les femmes, elle a cité les titres de championnes d’Afrique seniors, juniors, cadettes des équipes nationales de Basket-ball et le titre de championne d’Afrique d’équipe pour le Djoliba dame en Basket-ball, le titre de vice-championnes d’Afrique et Médaillées d’argent et de Bronze en athlétisme, respectivement pour Kadiatou Camara et Yah Koïta, championne d’Afrique pour les Aminata en Taekwondo, le titre de championne d’Afrique des clubs de volleyball par l’équipe de la commune V du district de Bamako, les bonnes prestations des athlètes filles en handisport au championnat d’Afrique Handisport.

Les problèmes qui assaillent la pratique du sport par les femmes

La conférencière n’a pas occulté les difficultés qui assaillent la pratique du sport par les femmes. Elle a indiqué que l’arbre ne doit pas cacher la forêt car d’énormes problèmes existent dans le milieu de la pratique du sport par les femmes. Et, selon elle, ces problèmes peuvent entraver le développement du sport féminin. Parmi ces difficultés, elle a parlé, entre autres, du mode de gestion des associations sportives et des structures fédérales qui constitue un frein qui rend difficile l’accès des femmes aux postes de responsabilités et de décisions ; du poids des traditions, les préjugés sociaux et les mythes qui ont toujours constitué des barrières à l’intégration et à la promotion de la femme par le sport ; le manque de moyens financiers des femmes qui constituent une frange pauvre de la population et aux postes de décision et responsabilité exigeant des moyens financiers qu’elles n’ont pas toujours (tenues de sport, transport, cotisations) ; le manque de collaboration et de solidarité entre les femmes qui ne s’entraident pas souvent dans les combats qu’elles mènent ; le harcèlement des femmes pratiquantes et des responsables sportives.

Stratégie d’émancipation, de promotion et d’affirmation  des femmes

Comme stratégies d’émancipation, de promotion et d’affirmation des femmes pour qu’elles deviennent actrices et partenaires du développement du sport, la conférencière a proposé, entre autres, une plus grande solidarité entre les femmes ; la création des postes au niveau des associations, spécialement réservés aux femmes ; la multiplication des séminaires pour le renforcement des capacités des femmes dans tous les domaines ; faire accompagner les délégations de filles par des femmes responsables.

Après son exposé, la conférencière s’est prêtée aux questions des participants.

                             Siaka DOUMBIA

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