« Femmes et Drogues » tel était le thème national retenu pour célébrer la journée du 26 juin dédiée à la Journée internationale de lutte contre la drogue. Le Mali l’a célébrée à l’instar de la communauté internationale.
La première journée a été marquée par une conférence-débat animée à l’intention des étudiants, à la Faculté de Droit Privé, en présence du représentant du ministre de la Protection civile et de la sécurité, Ibrahima Sangho, du Directeur général de la Police Nationale, Moussa Ag Infahi, de celui de l’Office Central des Stupéfiants (OCS) le Magistrat militaire le Lieutenant-colonel Adama Tounkara, de la Directrice Nationale de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, Mme Dembélé, Rokia Dembélé, des représentants du Pôle judiciaire spécialisé et de la Direction de lutte contre la drogue etc.
Deux grands exposés étaient également à l’ordre du jour : « Enjeux de la consommation de la drogue » présenté par le psychiatre, Souleymane Papa Coulibaly, du CHU point G. Au cours de sa présentation, M. Coulibaly a fait savoir, d’abord, que le constat se fait dans les boîtes de nuit et dans les sites miniers. Selon lui, les constats ont prouvé que la drogue a plus de conséquences fâcheuses chez la femme que chez l’homme.
Parmi les différents genres de drogues, on peut citer la cocaïne, le cannabis, l’alcool, l’opium, le pavot, le tabac. A titre d’exemple, 40% des consommateurs de drogues sont des femmes aux USA. Au Mali, sur 500 consommateurs 1,2% étaient des femmes. Au CHU point G, il a été découvert que, sur une population de demandeurs de soins pour addiction, 10,8% étaient des femmes, a expliqué le psychiatre.
Le conférencier a, par ailleurs, ajouté que les conséquences de la consommation de la drogue chez la femme provoquent des irrégularités du cycle menstruel, entrainant des grossesses non désirées, l’altération de la fonction productrice. S’y ajoutent anxiété, dépressions, suicide etc.
C’est dans cette optique que le psychiatre Coulibaly a vivement recommandé de revenir à l’éducation traditionnelle dans les familles.
La seconde présentation faite par Diawara Bintou était relative au rôle de la femme dans la lutte contre la drogue. Selon elle, la lutte contre la drogue au Mali est vue sous le seul angle de la répression. Un des principaux rôles des femmes dans ce sens porte sur l’éducation des enfants. Elles doivent contrôler l’éducation de leurs enfants, à l’école, au milieu de leurs amis, car la première victime de ce fléau n’est autre que la femme. Raison pour laquelle elle a appelé les femmes à jouer pleinement leur rôle dans la lutte contre la drogue, à travers des campagnes de sensibilisation et l’éducation des enfants.
Le Directeur de l’OCS, après avoir dégagé les missions assignées à son Office, a fait cas des difficultés dont sa structure souffre. Il s’agit, d’abord, de la coordination des acteurs de lutte contre la drogue menée par les autres services qui concourent à cette lutte. La principale difficulté ici est celle de la fourniture d’informations utiles à OCS. S’y ajoutent le manque d’équipements d’intervention spécifiques et d’outils de communication adaptés, le manque de moyens financiers nécessaires à la mise en place et à l’institution d’un réseau de renseignement efficace. Malgré ces difficultés, l’OCS est parvenu à réaliser des résultats positifs. Entre 2012 et 2015, l’OCS a effectué d’importantes saisies de drogues atteignant les 36,400kg de métaphétamine d’une valeur de plus de 5 milliards de FCFA, 20kg de cocaïne d’une valeur de plus de 900 millions de FCFA, 10 tonnes de cannabis d’une valeur de 1 milliard de FCFA pour ne citer que cela.
Il est à rappeler que la seconde journée a été marquée par une marche pacifique, dont l’initiative était de remettre un mémorandum au ministre de la Protection civile et de la sécurité. Un mémorandum lu par l’Assistante à l’APDF, Fatoumata Siré Diakité.
Elle a demandé aux autorités maliennes de renforcer la prévention contre l’usage et le trafic des stupéfiants à travers des campagnes d’information et de sensibilisation en direction de nos populations, de prendre en compte le genre dans la politique de répression et de prévention contre la drogue, de mettre en place des centres d’accueil, d’écoute, de dialogue et de soutien aux femmes et jeunes filles victimes des drogues, de mettre en place des centres de santé spécialisés à travers tout le pays pour la prise en charge adéquate des toxicodépendants. Sans oublier la mise en place d’un fonds national de lutte contre la consommation et le trafic de la drogue, à l’instar de celui destiné à la lutte contre le VIH/SIDA, a souligné l’Assistante de l’APDF.
La dernière journée sera consacrée à l’incinération des produits de drogues.
Adama Bamba